Alors que l’Afrique célèbre, ce 25 mai, sa journée, l’édification d’infrastructures critiques, surtout énergétiques, est la clé du décollage, de ce renouveau que tous lui prédisent. Sur ce front, il faut donc passer à la vitesse supérieure.
Par Mamadou Goumble*
2019. L’Afrique est en train de réinventer l’Electricité dans le monde. Elle a l’occasion unique de faire un saut technologique d’aller directement dans l’Energie Verte. Ces dernières années, cette énergie est devenue plus qu’abordable et elle est actuellement moins chère que les sources d’Energie conventionnelle. Le niveau de prix atteints dans les projets Scaling Solar (Projet Solaire_ IFC) au Senegal en est une preuve. Dans l’Avenir, les ENR (Energies Renouvelables) deviendront l’Energie Primaire de base et les sources conventionnelles en Energie de pointe et d’effacement des pics de consommation. Il s’agira d’un renversement total du système actuel.
2009 avait marqué le début d’une nouvelle ère dans l’Electrification de l’Afrique. En effet depuis cette date, 103 GW ont été installés en Afrique sur les 170 GW de puissance totale installée en Energie Conventionnelle. Ce fut le début de prise de conscience de l’importance de l’Accès à l’Electricité dans le développement économique du continent.
Une vision 100% Energie renouvelable en Afrique n’est pas si utopique que cela puisse paraitre. Selon Bloomberg, en 2040, les énergies renouvelables occuperont 32% du mix énergétique en Afrique, suivies du Gaz (30%) et du Charbon et Hydro (16% chacun). Il s’agirait de prés de 300 GW en Energie solaire ! Cependant, il faudrait pour se faire, trouver des solutions aux différentes perturbations créées par l’introduction massive des ENR en Afrique.
Perturbation technique liée à l’intermittence de cette source d’Energie. Un réseau électrique nécessite toujours une équation parfaite entre l’Energie générée et celle consommée. Toute variation a pour conséquence une détérioration de la qualité de l’Energie, notamment la fréquence, voire même un total black-out du système électrique.
Aujourd’hui, la plupart des réseaux électriques africains auront du mal à absorber plus de 30% d’Energie renouvelable. En effet, le point faible des ENR reste leur intermittence. Une solution technique serait la mise en place de solutions de stockage d’Energie avec des batteries par exemple ou la mise en place de solutions de production les plus flexibles possibles. La Flexibilité est un facteur clé. Les centrales à Charbon étant les sources les moins flexibles en feront en premier les frais.
Une certaine flexibilité serait aussi nécessaire dans les contrats de Fournitures d’Energies des IPP (Producteurs Indépendants d’Energie) qui sont souvent en mode Full Take Or Pay. Il reste évident que ces investisseurs ont besoin de garantir leur bilan financier afin de trouver des organismes bancaires qui les accompagnent. Mais sans doute une vision intermédiaire en Partiel Take or Pay, serait une solution Win Win.
La Ceinture Solaire de l’Afrique, longeant le Sahel jusqu’à la corne de l’Afrique, a un potentiel unique. Les nouvelles technologies en Syn Gas, Power-to-X sont encore une autre source de développement de l’Afrique. En effet, il y aura souvent un excès de production solaire durant la journée et un déficit la nuit. De nouvelles technologies permettent de produire des gaz synthétiques avec l’Excès de production diurne d’Energie. Ce Gas peut être utilisé la nuit sur des centrales conventionnelles.
Dans un avenir très proche, ces solutions seront disponibles à grande échelle et permettront à l’Afrique de pleinement utiliser son extraordinaire exposition solaire. Et le Gaz ! Oui, le Gas Flexible jouera un rôle prépondérant en Afrique. Les récentes grandes découvertes de gisements en Afrique font espérer une disponibilité abondante de cette ressource en Afrique à un prix intéressant. Des centrales d’Energie conventionnelle de taille moyenne seront nécessaires pour le développement des énergies renouvelables. En effet, une vision de 100% d’ENR, ne veut pas forcement dire que seuls des sources ENR seront installées. Cette vision sous-entend la mise en place d’un mix énergique intelligent pouvant garantir la pérennité et la fiabilité des réseaux.
Il est important donc que dès à Présent, qu’une stratégie claire soit menée afin de choisir les meilleurs types de technologie des centrales électriques et le bon cadre règlementaire afin de pouvoir permettre une Afrique a 100% d’Energie Verte dans le Futur !
A propos de l’auteur
Mamadou Goumble, Vice President Afrique de Wärtsilä est diplômé de l’Institut Français du Pétrole et de l’Institut de Management de Laussane (IMD). Wärtsilä a une longue tradition de coopération avec les pays africains. Au cours des 50 dernières années, Wärtsilä a équipé et/ou construit plus de 600 centrales électriques dans lesquelles 1 300 moteurs produisent 7,2 GW d’énergie dans 60 pays uniquement en Afrique. Dans l’ensemble, Wärtsilä dispose de 67 GW de capacité dans des centrales électriques installées dans 177 pays à travers le monde. Wärtsilä est un précurseur dans le domaine de l’intégration des systèmes énergétiques et un chef de file en matière de technologie intelligente pour les marchés de l’énergie.