La conférence risque -pays Côte d’Ivoire de l’agence de notation Bloomfield, en partenariat avec Financial Afrik, a réuni du beau monde. Pour sa troisième édition, tenue le 18 avril 2018 à Abidjan, capitale économique de l’UEMOA, cette grand messe a réuni stratèges et financiers, securicorates et assureurs crédit, gestionnaires sde fortune et diplomates.
Tout ce monde s’intéresse au risque-pays vu comme soubassement de toute évaluation des perspectives d’un pays. A quelques encablures des présidentielles ivoiriennes de 2020, le rapport Bloomfield a rendu les conclusions suivantes, faisant ressortir un risque socio-politique légèrement dégradé et un climat des affaires en hausse. Deux tendances qui se neutralisent comme le montre le schéma ci-dessus
Climat des affaires : la Côte d’Ivoire récolte la note de 6,5 points actuelle et à long terme contre 6 points l’année dernière. Le pays fait à nouveau partie des 10 pays les plus réformateurs dans l’édition 2019 du Doing Business. Cette position résulte de la poursuite des réformes dans le cadre de l’amélioration de l’environnement des affaires. Le climat des affaires a été également renforcé par l’élaboration du nouveau code des investissements dont les retombées devraient contribuer au développement des régions, de secteurs clés et à la mise en valeur du contenu local.
Performances macroéconomiques : l’économie ivoirienne demeure dynamique avec un taux de croissance estimé à 7,4% en 2018. Cette croissance a été tirée par l’ensemble des secteurs d’activité. Toutefois, le changement structurel voulu par le gouvernement ivoirien n’est pas encore perceptible, malgré de nombreuses initiatives.
Gestion des finances publiques : le Gouvernement a fait preuve de flexibilité à la suite des critiques du secteur privé relativement à l’annexe fiscale 2018. Cette flexibilité s’est également traduite par une annexe fiscale 2019 plus consensuelle. L’exercice budgétaire 2018 a été marqué par un déficit en baisse qui confirme la volonté de l’Etat ivoirien de se conformer aux critères de convergence de l’UEMOA.
Solidité du système financier : le taux d’inflation est demeuré faible en 2018, en dessous de la norme communautaire de 3 %. Le secteur bancaire a poursuivi son dynamisme, avec une hausse significative des nouveaux crédits octroyés. Par ailleurs, la tendance généralisée à la baisse des cours des actions sur la BRVM s’est maintenue en 2018. Toutefois, les actions en vue de son attractivité se sont poursuivies.
Risque socio-politique : La faible redistribution de la richesse créée reste une problématique majeure en Côte d’Ivoire. Les solutions proposées par l’Etat n’ont pas pour le moment eu d’effet significatif pour dissiper le mécontentement des ivoiriens, vu que le taux de pauvreté reste à un niveau important (46%). De nombreux événements ont contribué à la mutation de la scène politique ivoirienne. L’environnement socio-politique demeure fragile à l’approche de l’élection présidentielle de 2020.
Facteurs de risque
Avec 47,3% des exportations (de biens) de l’UEMOA en 2017, la Côte d’Ivoire s’impose comme la principale animatrice de échanges commerciaux extérieurs de la sous-région. Disposant de deux ports maritimes, la Côte d’Ivoire s’érige également en plateforme de transit en faveur de plusieurs pays enclavés de la sous-région, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Parmi les facteurs de risques relevés par Bloomfield, l’excédent de la balance commerciale de la Côte d’Ivoire qui s’est fortement effrité en 2018, reculant de 74% par rapport à 2017, reflétant une augmentation des importations (+9,2%) conjuguée à une contraction des exportations (-10,3%).
Depuis l’année 2012, les autorités ivoiriennes mettent un point d’honneur sur la transformation des matières premières locales pour le changement structurel de l’économie, à travers la mise en œuvre des Plans Nationaux de Développement 2012-2015 et 2016-2020. Mais la réalisation de cette ambition est contrainte dans certaines filières par des difficultés liées, entre autres, à l’approvisionnement.
La croissance de l’économie ivoirienne devrait se situer au-dessus de 6% en 2019 et en 2020. Même si cette croissance pourrait s’afficher en ralentissement par rapport aux niveaux observés antérieurement depuis 2012, elle demeure vigoureuse. Parmi les indicateurs à surveiller à l’avenir, figure la dette .
La dette et le risque de change , à surveiller
A fin septembre 2018, le stock de la dette publique s’élève à 11 149,81 milliards FCFA, soit 43,4% du PIB. Ce niveau est significativement en dessous du seuil communautaire de 70%. La dette intérieure représente 35,78% du stock à fin septembre 2018. Elle est constituée à 73,68% de titres publics sur les marchés monétaire et financier de la sous- région.
La dette extérieure représente 64,22% de la dette publique totale à fin septembre 2018. Pour rappel, l’Eurobond a été le principal instrument de financement extérieur (51,6% des ressources extérieures) au cours de l’année 2018.
A fin mars 2018, la dette extérieure était principalement libellée en dollar US, notamment à 47,1%. Un niveau qui fait peser un risque de change significatif sur la dette extérieure, dans un contexte marqué par la remontée des taux d’intérêt aux Etats-Unis. La part du dollar US est toutefois en baisse par rapport à fin décembre 2017 où elle s’affichait à 58,5%. Cela est dû à l’Eurobond émis en mars 2018 et intégralement libellé en euro, qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de réduction de l’exposition au taux de change. Ainsi, la part de l’euro dans la dette extérieure est passée de 16% à fin décembre 2017 à 29,5% à fin mars 2018.
A fin décembre 2018, le service de la dette totale représente 44,8% des recettes totales, en hausse de 1,3 point de pourcentage par rapport à 2017. Un niveau estimé bien au delà de la cote d’alerte .