Par François Conradie, NKC African Economics.
Pendant les deux décennies qui ont suivi la fin de l’apartheid en 1994, les banques sud-africaines ont, tout comme les autres entreprises sud-africaines, cherché à s’étendre au nord du fleuve Limpopo, pensant pouvoir profiter de l’avantage que leur donnerait sur les marchés africains le savoir-faire acquis sur le marché sudafricain, plus concurrentiel et sophistiqué.
Ainsi Standard Bank a établi le réseau Stanbic sur le continent, ABSA (en tant que Barclays Africa depuis sa reprise par la vielle banque britannique en 2005) a commencé à faire partie d’un réseau étendu en Afrique anglophone, et First National Bank s’est offert des filiales dans huit pays. Nedbank, filiale de la compagnie d’assurance Old Mutual, a fait de même, mais a préféré s’implanter dans les pays limitrophes plutôt que de s’aventurer dans des pays potentiellement plus rentables mais plus distants et plus risqués – dans ceux-ci, la banque profite de sa part de 20% dans Ecobank.
Si cette vague d’acquisitions s’est ralentie, c’est avant tout à cause d’un changement de stratégie de la part des partenaires (ou propriétaires) étrangères des banques sud-africaines, devenus plus frileux dans un contexte économique plus compliqué, et face à des règles prudentielles plus contraignantes. Barclays, par exemple, a réduit ses parts dans ses filiales africaines – mais là où, en Egypte, elle a pu vendre sa succursale égyptienne à Attijariwafa Bank, la sud-africaine ABSA continuera son chemin toute seule. Ce qui n’empêche pas la directrice du groupe, Maria Ramos, d’afficher son ambition de doubler la part de marché des revenus bancaires du groupe en Afrique à 12%.
Tout comme Attijariwafa Bank, ABSA envisage de cibler le business du détail, pour servir les africains sur les crédits et les services de paiement. Standard Bank, la grande concurrente de ABSA, privilégie, elle aussi, le volet Afrique de son business dans sa communication : la banque a la vision, selon elle, d’être «l’organisation de services financiers leader dans, pour et à travers l’Afrique.» En 2018, Standard a pris un pas inhabituel pour une banque sud-africaine en établissant une filiale en Afrique francophone : Stanbic Bank Côte d’Ivoire. Voilà pour les ‘big four’, mais en cette année 2018, il devient peut-être plus intéressant de se demander ce que font les banques moins grandes, surtout deux des plus dynamiques : Capitec et Investec.
La première, qui a cartonné sur le marché sud-africain en offrant des taux d’épargne alléchants et des crédits à des foyers modestes, est peu explicite sur ses ambitions à l’étranger, considérant plutôt qu’il lui reste toujours des parts de marché à gagner sur son marché domestique. Quant à Investec, qui a préféré cibler les revenus confortables, elle s’est étendue au Royaume-Uni et en Australie plutôt que sur le continent africain.