Une centaine d’acteurs de la filière des céréales provenant de dix Etats d’Afrique de l’ouest sont réunis depuis ce matin à Abidjan, pour deux jours de négociations commerciales à la faveur de la quatrième édition de la Bourse céréalière régionale.
L’initiative portée par le gouvernement américain, via le projet West Africa Trade and Investment de l’USAID (Trade Hub), vise à faciliter le commerce des céréales dans une région où elles constituent la base de l’alimentation et contribuent à la sécurité alimentaire.
« L’agriculture représente plus de 30% du PIB en Afrique et plus de 15% des recettes d’exportation » a indiqué à la cérémonie d’ouverture Sanou Somaïla, président du ROAC, le Réseau Ouest Africain des Céréaliers (ROAC). Des chiffres qui montrent si besoin en était toute l’importance du secteur pour les États de la région qui peuvent pourtant en tirer davantage.
Mais les obstacles restent trop nombreux à l’intégration des marchés dans cette filière, pourtant vitale pour les populations, en termes d’alimentation et de revenus, a-t-il déploré.
Le fait est que la commercialisation des produits agricoles, d’un pays à un autre, fait l’objet de multiples entraves et tracasseries qui empêchent d’ordinaire les acteurs, acheteurs ou vendeurs, d’effectuer des transactions transfrontalières. Alors que, pour les pays du Sahel par exemple, « où la production est imprévisible en raison des aléas climatiques », il serait opportun de « s’approvisionner à partir des excédents d’un autre pays en surproduction » a commenté Terence Mc Culley, l’ambassadeur des États-Unis à Abidjan.
D’où l’intérêt d’un cadre formel de transaction qui devrait permettre aux populations, en toute saison, d’avoir « accès à une grande variété de céréales, ce qui favorisera, a fait remarquer l’ambassadeur américain, la résilience de la région face aux chocs environnementaux ».
En Côte d’Ivoire, pays hôte et important producteur agricole, le gouvernement qui ambitionne de « passer du stade de l’agriculture de subsistance à l’agro-business d’ici 2020 » a en projet de mettre en place une « Bourse nationale des produits vivriers », a indique Kébé Kanté, le représentant du ministre ivoirien du Commerce. Et le schéma de cette bourse régionale pourrait y contribuer a-t-il fait savoir.
La bourse céréalière régionale devrait donc contribuer à l’essor du commerce des produits agricoles et influencer les politiques connexes au niveau des organisations sous régionales, la CEDEAO et l’UEMOA en l’occurrence, et est un facteur de l’intégration régional, conviennent les organisateurs.
Une bourse atypique
La bourse céréalière présente des particularités qui la différencie de la BRVM d’Abidjan ou de la London Stock Ecxhange, a expliqué à Financial Afrik Sanou Somaïla, le président du ROAC.
L’ensemble des offres et des demandes des différents participants ont été au préalable centralisé par la commission d’organisation qui invite acheteurs (commerçants, industriels, etc.) et vendeurs (organisations agricoles, grands producteurs, etc.) à des rencontres B to B à l’occasion de ce marché.
« Des échanges directs, chacun pourra négocier directement un prix ainsi que les conditions de livraison » selon M. Sanou. Et en cas d’accord, des contrats sont signés avec les délais de livraison précisés, lesquels contrats formalisés faciliteront la circulation de la marchandise d’un pays à un autre avec l’accord des autorités étatiques.
Lors des trois derniers marchés boursiers, 200 contrats ont été signés pour un volume de 225 000 tonnes de céréales échangés. Une quantité qui a servi à l’alimentation « d’un million de personnes durant toute une année », a indiqué Terence Mc Culley. La Côte d’Ivoire qui présente au nombre de ses participants trois industriels, dont PKL qui produits des aliments pour bébé à partir de maïs notamment, espère faire bien plus.