Les traditionnels 100 jours observés par les médias à l’envers et à l’endroit des personnes nouvellement nommées ou élues dans des fonctions de prestige appartiendraient-ils au passé ?
A voir le communiqué des associations professionnelles de la presse béninoise, appelant le président Patrice Talon, « à corriger le tir », l’on peut craindre que cette tradition médiatique n’ait plus cours dans l’ancien quartier latin d’Afrique.
L’objet du courroux est expliqué dans un communiqué conjoint rendu public le lundi 09 mai 2016 à Cotonou par l’Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB) et le Conseil national du patronat de la presse et de l’audiovisuel.
Ces deux instances réfutent l’absence des acteurs des médias dans la Commission des réformes institutionnelles mise en place par le Président de la république. Voici le communiqué brut de coffrage.
Communiqué conjoint UPMB-CNPA-Bénin
Mise en place de la Commission des réformes institutionnelles
Les associations professionnelles réfutent l’absence des acteurs des médias
Conformément à ses promesses électorales, le Chef de l’Etat a mis en place la commission nationale technique du projet de réformes politiques et institutionnelles. C’est le lieu d’en savoir gré au Président de la République pour ce courage politique exprimé en début de règne, soit juste un mois après son investiture. C’est la preuve qu’il veut rester en phase avec les aspirations profondes du peuple béninois.
Seulement, à la lecture des noms de la trentaine de personnalités composant cette commission, certaines catégories socio-professionnelles sont carrément occultées. Et pourtant cette commission doit pouvoir « …établir, en toute objectivité, un diagnostic approfondi des écueils qui ont jalonné notre histoire récente afin d’envisager les solutions permettant le renforcement de la démocratie et l’instauration durable de la bonne gouvernance ». A terme, les réformes doivent impacter la plupart des institutions de la République.
Mais pour ce qui nous concerne, il est déplorable qu’on ne retrouve dans cette commission aucun professionnel des médias ; même pas un ancien président ou conseiller de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC). Point n’est besoin de rappeler qu’une des institutions qui ont été les plus éprouvées ces dernières années reste la HAAC. Cela a d’ailleurs transparu lors de la campagne pour la présidentielle de 2016. La preuve, le candidat Patrice TALON a d’ailleurs insisté sur la nécessité de faire des réformes à ce niveau. Mais curieusement, une commission qui comprend 30 personnalités souffrent de l’absence d’un averti des questions des médias. Les réformes au niveau de la HAAC ; le mode de désignation des responsables des médias du service public ; le financement des organes du service public ; la régulation de la publicité ; l’assainissement du secteur de la presse. Tous ces débats seront-ils faits sans l’apport d’un expérimenté de ces questions ? Va-t-on nous dire que les missions foraines serviront pour combler ce déficit ?
« Président de la République, j’ai pensé qu’il est de mon devoir d’associer à cette noble tâche toutes les personnalités dont les connaissances, l’expertise et l’expérience permettront d’aboutir assez rapidement à un projet qui synthétise les réponses les plus adéquates aux aspirations politiques actuelles et futures de notre peuple », a déclaré pourtant le Chef de l’Etat le vendredi 6 mai à l’occasion de l’installation de ladite commission.
Cette volonté maintes fois affichées du régime défunt de faire à peine attention aux professionnels des médias ne doit plus avoir droit de cité avec le nouveau départ. L’exemple le plus éloquent reste la mise en place de la Commission Nationale de la Migration de l’Analogique au Numérique où les associations professionnelles des médias sont sous représentées.
Il est encore temps que le tir soit corrigé. Ceci, pour permettre aux professionnels des médias de retrouver leur place au sein de cette commission pour des propositions de qualité sur les réformes dans le secteur des médias.
Sous le nouveau départ, la presse ne sera plus uniquement un instrument de compte de rendu et autres communications.
Ensemble pour le développement du pays !