C’est connu, quand l’incertitude gagne du terrain, les gestionnaires de portefeuille misent sur l’or avant les fonds monétaires et l’immobilier. Depuis 5000 ans, le métal jaune reste la valeur refuge des grandes périodes de bouleversement de l’humanité, de la chute de l’empire romain à la révolution française et de celle-ci à la révolution bolchevique. Quand le sang coule dans la rue, le cours de l’or monte.
Que le trader Mustapha Belkhayate nous avertisse régulièrement, depuis sa plateforme de Dubaï, que l’or en lui même est à dissocier de sa composante physique et papier (celle-ci explose en ce moment sous différents libellés) ne freine en rien notre opiniâtreté à préférer la valeur symbole de l’empereur Kankan Moussa à une obligation d’Etat de la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara (La plus courue sous les tropiques au vu des 16 milliards de transactions de la BRVM, enregistrées le 12 février ) ou encore à un coupon des Eurobonds Ghana lesquels, soit dit en passant, battent des records de spreads en ce moment.
Course aux abris avant la tempête
Dans les grands marchés, le mouvement vers l’or se fait au détriment du compartiment actions, nous renseigne une note de recherche diffusée par l’agence Reuters. Les fonds investis en actions ont subi une sixième semaine consécutive de rachats nets selon Bank of America-Merrill Lynch.
Les fonds dédiés aux métaux précieux ont quant à eux enregistré 1,6 milliard de dollars de collecte nette, le deuxième montant hebdomadaire le plus important en près de six ans, selon l’étude, qui reprend des données d’EPFR Global, une société de recherches spécialisée dans le suivi des flux de souscription des grandes sociétés de gestion internationales.
Signe de la persistance de l’aversion pour le risque, les fonds monétaires ont enregistré des entrées nettes à hauteur de 24,3 milliards sur la période et ceux investis en obligations gouvernementales ont bénéficié d’une sixième semaine consécutive de collecte nette (+2,7 milliards).
En revanche, les fonds dédiés aux obligations à haut rendement ont subi une sixième semaine consécutive de rachats nets (-2,5 milliards) et ceux spécialisés sur les obligations émergentes ont enregistré des sorties nettes à hauteur de 1,1 milliard.
Avec une décollecte de 6,8 milliards sur la période, les fonds actions enregistrent aussi une sixième semaine consécutive de décollecte, soit la plus longue période de rachats nets depuis 2009. Les dégagements ont atteint 3,0 milliards sur les fonds en actions américaines, 1,8 milliard sur les fonds en actions européennes, 1,3 milliard sur ceux dédiés aux actions émergentes et 700 millions sur les fonds actions japonaises.
Bref, aucun marché n’est épargné. L’aversion au risque pousse les acteurs à courir aux abris avant, comme qui dirait, le grand orage. Une tempête qui viendrait semble-t-il quelque part entre Damas, Riyad et Téhéran.
Source des chiffres: Reuters