L’opérateur de télécoms Telkom Kenya pourrait causer bien des soucis au président de la Commission nationale des privatisations, Solomon Kitungu, et représenter une perte sèche potentielle de plusieurs centaines de millions de dollars pour les contribuables kényans. Tous les ingrédients pour justifier un possible scandale à venir.
Jacques Leroueil, Kigali
Interrogé mardi par une commission d’enquête parlementaire qui s’étonnait de la réduction sensible des parts détenues par l’Etat kényan (de 49 % à 30 %) dans l’opérateur au profit de l’actionnaire France Telecom, Kitungu a soulevé l’ire des parlementaires quand il a déclaré ne pas être au courant de la nouvelle structure actionnariale. « S’il y a eu transfert de titres entre l’Etat kényan et France Télécom, alors il s’agit d’une nouvelle pour moi et cela a été fait à l’encontre des lois », a déclaré le dirigeant de la Commission nationale des privatisations.
Ce à quoi, il s’est vu rétorqué que « quatre ans après que la Commission qu’il préside ait été créée, comment se fait-il qu’il n’ait pas été impliqué dans ce transfert à grande échelle d’actions ?». Ambiance. L’affaire est trouble. Six ans après avoir privatisé l’opérateur Telkom, l’Etat kényan a vu sa participation réduite dans l’indifférence générale de 19 points depuis décembre 2012.
Le transfert de titres aurait été fait en deux temps (décembre 2012 et juin 2013), après le bouclement de deux opérations financières : une restructuration du bilan et une augmentation de capital pour lesquelles la Commission nationale des privatisations ne semble pas avoir été informée. Une ignorance fâcheuse. Une seule certitude, l’Etat kényan apparaît aujourd’hui comme le grand perdant de cette sombre histoire. Quand au gagnant présumé, France Telecom, il n’a pour l’heure pas communiqué à ce sujet. Affaire à suivre…