Une décision qui s’explique par une croissance robuste et une inflation en forte décrue
Le Comité de politique monétaire de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), réuni le 3 décembre 2025, a décidé de reconduire l’orientation actuelle de sa politique monétaire. Le principal taux directeur auquel la Banque centrale refinance les établissements bancaires reste fixé à 3,25 %, tandis que le taux d’intérêt du guichet des prêts marginaux demeure à 5,25 %, niveau en vigueur depuis le 16 juin 2025. Le coefficient des réserves obligatoires applicables aux banques de l’Union est également maintenu à 3 %. Ces décisions s’appuient sur l’analyse de la conjoncture récente : évolution de l’activité économique, niveau des prix, situation extérieure de l’Union et perspectives à court terme.
Selon le comité, la dynamique économique reste solide. Le PIB réel a progressé de 6,6 % au troisième trimestre 2025, après 6,5 % au trimestre précédent. Cette performance est portée par la vigueur de la consommation des ménages et la poursuite des investissements, notamment dans les infrastructures socio-économiques. L’activité bénéficie également d’une bonne campagne agricole, de la résilience du secteur des services et du dynamisme des industries extractives et manufacturières.
Cette expansion est soutenue par un financement satisfaisant de l’économie : les crédits bancaires au secteur privé ont augmenté de 6 % en glissement annuel à fin septembre 2025. Pour l’ensemble de l’année, la croissance de l’Union est attendue autour de 6,7 %, après 6,2 % en 2024.
L’inflation a reculé pour atteindre –1,3 % au troisième trimestre 2025, contre 0,3 % au trimestre précédent. Cette baisse s’explique par la diminution des prix des produits alimentaires et énergétiques importés, mais aussi par l’amélioration de l’offre locale de céréales. En moyenne annuelle, le taux d’inflation devrait ressortir à 0,2 % en 2025, contre 3,5 % en 2024.
Cependant, le comité signale que le scénario d’inflation reste exposé à plusieurs risques haussiers : tensions géopolitiques et commerciales susceptibles d’affecter les prix mondiaux des produits alimentaires et énergétiques, ainsi que persistance des défis sécuritaires dans la sous-région.
Parallèlement, les échanges extérieurs de l’Union se sont renforcés grâce à l’augmentation des exportations de plusieurs produits, à la hausse des cours de l’or et du cacao, et à la baisse des coûts des importations alimentaires et énergétiques. La mobilisation accrue de ressources extérieures par les États membres a également contribué à cette amélioration.
Au vu de ces éléments, le Comité de politique monétaire réaffirme sa vigilance quant aux risques pouvant peser sur la stabilité des prix et sur la balance extérieure. Il se tient prêt à ajuster, si nécessaire, ses instruments afin de préserver la stabilité monétaire et financière au sein de l’Union.

