Lomé, 12 juin 2025 – C’est dans un contexte de résilience économique, d’instabilité sécuritaire et de transition énergétique que se sont ouverts les premiers BOAD Développement Days, à l’Hôtel 2 Février, en présence de nombreuses délégations ministérielles, diplomatiques, d’institutions financières et du secteur privé. L’événement se veut un carrefour stratégique pour repenser le financement du développement dans l’espace UEMOA.
En ouverture des travaux, le ministre togolais de l’Économie et des Finances, Essowe Georges Barcola, a rappelé que « notre région ne pourra atteindre ses ambitions qu’au prix d’une coopération renforcée, d’un financement innovant et d’une réponse commune aux menaces sécuritaires qui freinent l’investissement et désorganisent nos chaînes de valeur ».
Ce message a trouvé un écho dans les propos de Serge Ekué, président de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD), pour qui « renforcer notre socle économique passe nécessairement par un appui coordonné aux États et une solidarité régionale face aux multiples chocs externes et climatiques ».
Des chiffres qui tracent la voie d’une transformation régionale
Selon les données partagées lors de la conférence, la région UEMOA présente encore des fragilités structurelles, mais aussi des opportunités claires :
- 3310 milliards FCFA de financement de la BOAD aux économies de l’UEMOA sur la période 2021 -2025 correspondante au plan Djoliba.
- 5,4 % de taux de croissance moyen projeté pour 2025 ;
- 13,2 milliards de dollars requis pour combler le déficit énergétique régional ;
- 39 % des unités économiques encore informelles ou en voie de régularisation ;
- 17 % de la population touchée par une insécurité alimentaire modérée à sévère ;
- Inflation contenue à 3,5 % en 2024, contre 6,29 % en 2023.
Avec 66 % de la population âgée de moins de 25 ans, l’UEMOA doit aussi faire face au défi du plein emploi des jeunes, tout en adaptant ses politiques à l’impératif climatique, qui expose déjà 130 millions de personnes à des vulnérabilités environnementales.
L’énergie, vecteur de transformation
L’un des enjeux centraux de cette édition est le financement de la transition énergétique. Selon Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Bénin et économiste, présent aux travaux :
« Le déficit énergétique ne peut être résorbé que par une réponse concertée des acteurs financiers, en particulier des banques de développement, qui doivent jouer un rôle catalyseur. »
Ce message intervient alors que la BOAD positionne l’énergie non plus comme un secteur vertical, mais comme un levier transversal de développement, de transformation agricole, de compétitivité industrielle et d’intégration régionale.
Une plateforme pour penser collectif
Sous l’impulsion de la BOAD et du gouvernement togolais, ces journées entendent redéfinir les paradigmes du financement du développement. « La meilleure façon de penser le développement, c’est de le construire ensemble », a conclu Serge Ekué, appelant à une plus grande implication des acteurs privés et des partenaires techniques dans la structuration des projets stratégiques de la région.
En affirmant sa volonté d’instaurer ce rendez-vous comme un temps fort annuel, la BOAD ambitionne de faire des Développement Days un moteur de réflexion, mais aussi d’action, pour une Afrique de l’Ouest plus résiliente, connectée et solidaire.