D’un naturel plutôt réservé, Aziz Akhannouch, le premier ministre marocain, n’a pas été tendre avec le duo Chakib Alj -Mehdi Tazi à la tête de la Confédération patronale (CGEM). Une sorte de réponse du berger à la bergère. Il y a cinq jours, le 15 décembre exactement, le président de la CGEM, Chakib Alj, et son vice-président, Mehdi Tazi, ont estimé que les dispositions contenues dans le projet de Loi de Finance 2024 “renvoient un message mitigé au monde de l’entreprise, et peuvent remettre en question des décisions et intentions d’investissement”. Le président du syndicat patronal cite “à titre d’exemple, l’application d’une forme de solidarité tous azimuts des dirigeants et responsables, en matière de TVA, ou encore les évolutions de taux de TVA ou de droits de douanes applicables à un ensemble de produits, sans concertation préalable avec les secteurs concernés”. Le patronat regrette que la loi relative à l’exercice du droit de grève, qui devait être publiée en janvier 2023, ne l’est pas encore. Idem pour le Code du travail dont dont la dernière mise à jour date d’il y a 20 ans, et qui devait être publiée en juillet 2023. “Le non-respect du calendrier et des engagements, ainsi que les retards cumulés sur ces sujets nous inquiètent fortement et affectent la confiance du tissu économique”, argue Chakib Alj qui pointe par ailleurs la panne de la formation professionnelle.
Autant de critiques qui ont irrité le premier ministre, qui n’a pas fait dans la dentelle, le 19 décembre 2023 devant les parlementaires. «La pandémie a mis un coup d’arrêt violent à l’économie. Malgré un contexte difficile, marqué par une baisse des recettes, une réduction du budget de l’investissement public de 40 à 50%, le gouvernement a alloué plus de 20 milliards de dirhams pour régler les arriérés de crédits TVA aux entreprises. Nous n’avons pas été très lents. Nous avons été réactifs et rapides», a lancé Aziz Akhannouch. Le premier ministre a rappelé les nombreuses mesures prises en faveur des entreprises depuis le déclenchement de la pandémie de la Covid-19. « Le gouvernement a alloué plus de 20 milliards de dirhams pour régler les arriérés de crédits TVA aux entreprises. Nous n’avons pas été très lents. Nous avons été réactifs et rapides« , rétorque le premier ministre. En outre, 40 milliards de dirhams ont été débloqués pour maintenir inchangés les prix de l’électricité et du gaz butane, moins chers au Maroc que dans les pays voisins.«Là où on a tardé peut-être, c’est de ne pas avoir augmenté le prix de l’électricité aux entreprises. Les tarifs appliqués au Maroc sont inférieurs de moitié à ceux proposés par certains pays voisins. L’État a pris en charge la différence pour justement préserver la compétitivité des entreprises», a ironisé le chef du gouvernement. De même, le gouvernement a promulgué une charte d’investissement après 60 ans d’attente et de débat.
Ce débat vif entre le gouvernement et le patronat devrait se poursuivre puisque le 21 décembre la CGEM tient un très attendu conseil d’administration.