Par Francis Kouakou, économiste.
Parfois je me demande si mes collègues économistes sont en train de perdre la tête ? Je suis toujours choqué quand, selon Bloomberg, 70% d’entre eux voient la possibilité d’une récession en 2023. Bonjour !! Sommes-nous sur la même planète ?
Je suis cependant apaisé par les entreprises américaines qui quand à elles, regardent le train d’une autre fenêtre. Goldman Sachs a déclaré : l’économie américaine évitera une récession et se dirigera plutôt vers un «atterrissage en douceur» où l’inflation sera modérée mais la croissance se poursuivra.
Je voudrais mettre mes arguments sur la table. Pourquoi je pense que 2023 ne verra pas de récession ? Je crois que la principale raison est la suivante: les fondamentaux de notre économie sont vraiment bons.
Un marché du travail solide mais très tendu
- Aux États-Unis, le marché du travail est toujours solide. L’enquête sur les offres d’emploi et la rotation du travail (JOLTS) pour le mois de Novembre montre que l’économie américaine a besoin de 10,46 millions de travailleurs bien au-delà de l’estimation de 10 millions. Certains économistes, « amateurs”, affirment que les entreprises veulent augmenter l’embauche avant que la récession ne frappe. Argumentation pathétique.
La masse salariale non agricole a augmenté de 223 000 pour le mois, au-dessus de l’estimation du Dow Jones de 200 000.
- Le taux de chômage est tombé à 3,5 %, soit une baisse de 0,2 point et également mieux que sa valeur estimée. Une économie avec un taux de chômage aussi bas peut-elle tomber soudainement en récession ? Les menages peuvent-elles commencer à perdre leur emploi? , les entreprises vont-elle fermer et le PIB va t-il fortement diminuer à moins d’un désastre ?
c. Dans ce genre d’écosystème où le marché du travail est tendu, les spécialistes s’attendaient à une augmentation des salaires. Cela ne s’est pas produit ! La croissance des salaires a été inférieure aux attentes, avec un salaire horaire moyen en hausse de 4,6 % par rapport à il y a un an, en dessous de l’estimation de 5 %. En d’autres termes, l’inflation se maintient ! C’est en fait une mauvaise nouvelle pour les partisans de la « croissance salariale comme signe précurseur d’une récession ».
Les loisirs et l’hôtellerie ont mené la croissance de l’emploi, suivis des soins de santé, de la construction et de l’assistance sociale. Quoi ? Les loisirs et l’hôtellerie ont généré des gains d’emplois ? ce sont les mêmes secteurs qui ont beaucoup souffert lors de la pandémie. C’est une nouvelle superbe !!
L’inflation dans l’alimentation et l’énergie en baisse
L’augmentation des prix des produits alimentaires de novembre à Décembre 2022 est en baisse à 0,3 contre 0,5 en Novembre. Le secteur de l’Énergie connaît également la même dynamique, où son indice des prix est en baisse à 4,5% en Décembre après une baisse de 1,6% en Novembre. La plus forte baisse provient du mazout qui a connu une énorme baisse de 16 % par rapport à une augmentation de 1,7 en Novembre. Indirectement, on peut relier ces baisses à la hausse des taux de directeurs de la Banque Centrale: On peut dire que la politique monétaire fonctionne !
L’indice des prix des services est à nouveau en hausse
Il y a un sens de « symphonie inachevée » quand on regarde le côté service de l’équation. La majorité des indices du secteur des services étaient en hausse en Décembre. Le Logement avec une hausse 0,8 %, l’Énergie, une hausse 1,5 %, et le Transport, une hausse de 0,2 contre une baisse de 0,1 en Novembre. La Fed pourrait s’inspirer de la récente baisse des prix et devenir trop zélée pour justifier d’autre hausse de son taux directeur et cela, tout en gardant un œil vigilant sur le secteur des services. En un mot, je crois que l’inflation ne sera pas une menace pour l’économie américaine en 2023.
Croissance du PIB en 2023 : La grande inconnue
Nous n’avons pas encore le PIB du 4e trimestre de 2022, mais au 3e, le PIB a affiché 3,1 %. Selon les prévisions de la Fed d’Atlanta, l’estimation du modèle GDPNow pour la croissance du PIB réel (taux annuel désaisonnalisé) au quatrième trimestre de 2022 serait de 4,1 %. Les perspectives de l’économie américaine semblent plus faibles maintenant qu’il y a trois mois, selon 38 experts interrogés par le Federal.
il y a moins de chances d’avoir une récession en 2023. L’économie peut stagner mais restera hors de la zone critique.
Les prévisionnistes prévoient que l’économie va croître à un taux annuel de 1,0 % ce trimestre, en baisse par rapport à la prévision de 1,2 % dans la dernière enquête. Au cours des trois prochains trimestres, les panélistes prévoient également une croissance de la production plus lente qu’ils ne l’avaient prédit il y a trois mois. Sur une base moyenne annuelle, les prévisionnistes s’attendent à ce que le PIB réel augmente de 0,7 % en 2023 et de 1,8 % en 2024. Selon mes cours économie, le danger en 2023 pourrait provenir :
1 : d’un choc économique (comme celui de 2020 dû au Covid-19)
2 : d’une Inflation rapide (comme en 1973)
3 : d’un surendettement (comme en 2008 connue sous le nom de l’effet des hypothèques a haut risques)
4 : Bulles immobilières (la bulle Internet des années 1990)
5 : Déflation rapide (comme en 2007-2008, chose impensable !)