La première banque panafricaine par le nombre de pays de présence (33) connait une inquiétante chute de son cours dans les trois marchés où elle est cotée. A Lagos, Ecobank Transnational Inc (ETI:Lagos) a terminé la semaine à 5,3 nairas (0,012 dollars), en baisse de 76,7% comparé au pic de 21,5 nairas atteint entre le 8 et le 10 août 2018. A la Ghana Stock Exchange, l’action de l’institution fondée par les Chambres de commerce ouest-africaines a clôturé le 21 mai à 0,07 Cedis (0,012 dollars), faisant presque du surplace sur 52 semaines. A la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), le titre du groupe basé à Lomé (à ne pas confondre avec le papier de la filiale Ecobank Côte d’Ivoire, plutôt apprécié par les boursicoteurs), est quasi gelé depuis un an à 13 franc CFA (0,024 dollars).
Quel avenir pour cette valeur panafricaine ? Que doivent faire les régulateurs en faveur de l’épargne populaire et des placements sur cette valeur ? Faire signer à ETI des programmes de rachat d’actions sachant que ce procédé est doublement limité par la trésorerie du groupe bancaire qui n’en mène pas large et, d’autre part, par l’adage qui dit qu’on ne peut pas avoir raison des tendances du marché ?
Autrement dit, la cotation de ETI dans les trois places financières reflète le sentiment du marché vis-à-vis d’une banque partie, comme l’Union Africaine, d’une belle idée avant d’atterrir sur la rigueur du terrain bancaire africain et l’imprévisibilité des zones monétaires fragiles comme le Soudan Sud et le Zimbabwé, deux pays où l’hyper-inflation a coûté 61 millions de dollars à Ecobank.
Cette triple sanction du marché à Lagos, Accra et Abidjan est à relier avec les performances d’un groupe qui n’a pas versé de dividendes depuis 2017. Tout porte à le croire. Fort d’un total bilan de 25 milliards de dollars, la banque peine à réaliser des bénéfices à la hauteur de ses investissements. Pour y remédier, le management avait deux enjeux : augmenter les recettes et diminuer les charges. Sur le premier point, l’équipe de Ade Ayeyemi, CEO débauché auprès de la Citi (un classique chez Ecobank) et dont le mandat se termine à la fin 2022, fait de son mieux. Sur le deuxième point, un travail colossal est engagé pour la réduction des charges. Concernant ce chapitre, il est à relever que depuis 2015, Ecobank a fermé 578 agences. L’effectif des points de vente est ainsi passé de 1268 agences en 2015 à 690 en 2020.
A côté des efforts commerciaux et de la réduction des charges d’exploitation, il y a aussi le chantier des créances en souffrance. Sous sa gouverne, l’équipe Ayeyemi a récupéré 750 millions de dollars de NPL, Non Performing Loans, qui représentent 7,6% du portefeuille de la banque contre 9,7% en 2019. A l’actif du management, une augmentation du taux de provision des créances en souffrance, passé de 54, 8% à 74,5 % entre 2019 et 2020 et prévu dépasser 91% en 2021. À noter que 57% des créances en souffrance du groupe sont répertoriées au Nigeria et-ce alors que le géant ouest-africain pèse pour à peine 22% du portefeuille de la banque. Les efforts d’apurement du bilan doivent donc être confortés par les performances commerciales. Sur ce point, la tendance est plutôt positive.
En effet, au premier trimestre 2021, le groupe Ecobank annonce un bénéfice avant impôts de 100 millions de dollars, en hausse de 11% d’une année sur l’autre, sur un chiffre d’affaires de 409 millions de dollars. Le BPA a augmenté de 8% à 0,209 cent US et le ROTE* de 15,7%.
En dépit de ces efforts conséquents, il semble que la banque aura besoin d’une injection massive de capitaux de la part de ses actionnaires pour financer son développement dans les années à venir. Cela, sachant qu’ETI fait face à un eurobond de 500 millions de dollars qui arrive à échéance en 2024. La Société néerlandaise de financement du développement (FMO) avait aussi accordé à la société un prêt de 42 millions d’euros et 150 millions de dollars pour une maturité arrivant en janvier 2025. La banque panafricaine avait aussi émis une obligation convertible de 150 millions de dollars en octobre 2017 sur la place londonienne. Le prêt d’une maturité de cinq ans a été entièrement souscrit par Qatar National Bank à hauteur de 148 millions de dollars.
Parmi les créanciers de ETI, il y a aussi Deutsche Bank, qui avait consenti une obligation convertible en actions de 250 millions de dollars sur 5 ans en septembre 2017. Le prêt est aujourd’hui détenu par la sud-africaine Public Investment Corporation (PIC), une entité sous le coup d’une enquête en relation de ses nombreux investissements dont Ecobank. Au fil des ans, Ecobank Transnational Incorporated a vu son actionnariat évoluer. Les principaux actionnaires sont Nedbank (21, 22%), Qatar National Bank (20,1 %), Arise BV (14%) et PIC (13,48%). Si le caractère panafricain de la banque est toujours maintenu, il s’est apparemment dilué au fil des crises, des augmentations de capital et des emprunts.
* Le ROTE est calculé en utilisant le bénéfice attribuable aux actionnaires d’ETI divisé par les capitaux propres corporels moyens en fin de période. Les capitaux propres corporels sont les capitaux propres d’ETI moins les intérêts minoritaires, le goodwill et les actifs incorporels
Un commentaire
Bonjour messieurs.
Pourquoi ecobank eti divise les divendes par 100? Cette année c’est 0.16 cent . Nous avons reçu 0.0016 cent. Merci .