«Poursuivre une égalité totale homme/femme non limitative aux fonctions électives»
A l’occasion de ce 8 mars 2021, nous avons rencontré madame Dieh Mandiaye Ba, première présidente de la Commission de l’Economie générale, des Finances, du Plan et de la Coopération Economique de l’Assemblée Nationale du Sénégal et, présentement, première présidente de la Commission des Lois, de la Décentralisation, du Travail et des Droits humains. «C’est un grand honneur et un privilège d’avoir été la pionnière pour ces deux niveaux de responsabilité au sein de l’institution parlementaire», déclare d’emblée la native de Saint Louis, une femme dont le parcours scolaire et universitaire est passé par l’école des filles de Nioro du Rip (Région de Kaolack) dans les années 70, le Lycée John Fitzgerald Kennedy dans les années 80 et l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Bien entendu, la première question à poser à cette femme leader, lauréate de l’ Ecole nationale d’administration et magistrature (ENAM) en 1990 et, par ailleurs, économiste en gestion des entreprises et administrateur civil, est de nous faire le constat de la représentativité de la femme au sein de l’institution parlementaire sénégalaise. « Avec l’instauration de la parité, 71 sur les 165 députés sont des femmes soit un taux de 43%. La parité est respectée au niveau du bureau avec 4 femmes vice- présidentes sur les 8, 3 sécrétaires élues sur les 6 et le poste de 2ème questeur occupé par une femme ».
Mais loin de s’arrêter à ce constat positif, celle qui fut aussi directrice du Centre national d’état civil du Sénégal, de 2005 à 2017, estime qu’il y a encore du chemin à parcourir. Il convient de relever que seules 2 commissions sur les 14 commissions permanentes sont présidées par des femmes. «S’il faut se réjouir de l’évolution de la forte représentativité des femmes au sein de l’institution parlementaire, force est de reconnaître que des efforts doivent être faits en terme de qualité de la représentation pour permettre aux femmes parlementaires d’avoir un minimum de niveau requis pour assurer le travail parlementaire », explique-t-elle en détaillant l’exigence de la fonction parlementaire dans sa technicité. Ce travail parlementaire est à trois niveaux, explique madame Ba : « la procédure législative de vote des lois, le contrôle de l’action gouvernementale et l’évaluation des politiques publiques».
A l’avenir, les réformes à mener sont nombreuses, poursuit madame Bâ en rappelant d’abord la déclaration universelle des Droits de l’homme et la Constitution du Sénégal qui stipulent que tous les hommes et les femmes naissent et demeurent libres et égaux en droits. « La loi n°2010-11 du 28 mai 2010 a institué la parité absolue homme-femme au Sénégal dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives ».
Par conséquent, suggère celle qui est Chevalier et Officier dans l’Ordre national du Lion et Officier dans l’Ordre du mérite, « il faut renforcer les politiques et les législations en faveur d’une plus grande égalité des sexes et poursuivre une égalité totale non limitative aux fonctions électives » ; De même, il faudrait, poursuit-elle, mettre en place des conditions pour que les femmes aient les mêmes opportunités que les hommes sur le plan professionnel. Le socle de la parité restant, à la base, la garantie à un accès égalitaire à l’éducation et à la formation. «Nous devons assurer une autonomisation des femmes et une égalité d’accès aux emplois, veiller à une répartition égale des tâches domestiques non rémunérées, assurer une discrimination positive dans l’exercice des fonctions publiques et donner aux femmes des droits égaux sur les ressources économiques telles que la terre et la propriété », conclue Dieh Mandiaye Ba, une féministe engagée qui invite la jeunesse sénégalaise et particulièrement les jeunes filles à l’appropriation du savoir.