« Nous nous attendons à ce que la qualité des actifs des banques nord-africaines et jordaniennes se détériore en 2021 une fois que les mesures de suspension réglementaires seront levées », estime l’agence Standard and Poor’s dans une note parue mardi 2 février, sur l’évolution des banques au Maroc, en Tunisie, en Egypte et en Jordanie. De l’avis de l’agence, la crise actuelle continue à être rentable pour les banques de ces pays, sauf en Tunisie, où les banques présentent un profil plus fragile à cause de la mauvaise qualité des actifs et du taux élevé des créances en souffrance (NPL).
Les banques tunisiennes, qui sont à la traîne en termes de réglementation et qui appliquent toujours les principes comptables locaux, constateront progressivement la détérioration de la qualité des actifs, les régulateurs ayant récemment étendu leurs mesures d’abstention. « La Banque centrale de Tunisie (BCT) a demandé aux banques de constituer des provisions sur les expositions affectées par la pandémie, mais à notre avis, celles-ci s’avéreront insuffisantes pour couvrir toute l’étendue des risques. Nous prévoyons que le ratio des NPL dépassera 20% d’ici 2022 et que les provisions augmenteront progressivement au cours des prochaines années, atteignant le niveau maximal d’environ 350 points de base (pb) en 2022, érodant le coussin de fonds propres déjà petit des banques », indique S&P.
Par contre, au Maroc et en Jordanie, les risques sont accrus par une forte concentration, compte tenu de la structure de leurs économies. Pour les banques marocaines, l’exposition au reste de l’Afrique est une autre source de risque qui entraînera des dépréciations supplémentaires, en particulier dans les pays à faibles mesures de stimulation, relève S&P. Certaines banques marocaines et jordaniennes, soumises aux normes internationales d’information financière (IFRS) 9, ont déjà commencé à constituer des provisions en 2020 en prévision d’une détérioration de la qualité des actifs. « Pour ces banques, nous prévoyons que les pertes de crédit resteront élevées en 2021, à un niveau similaire à 2020 ».
Pour les banques égyptiennes, l’agence de notation prévoit que les pertes proviendront principalement de leur exposition aux PME, qui a augmenté ces dernières années en raison de la recommandation de la Banque centrale d’Égypte d’étendre les prêts aux PME à 20% du total des financements. Dans le même temps, une exposition limitée aux industries sensibles au COVID-19 par rapport à leurs pairs, une faible dette du secteur privé et une faible pénétration du secteur bancaire soutiendront les mesures de la qualité des actifs. « Nous prévoyons que les pertes sur créances continueront d’augmenter en Égypte en 2021, puisque le pays absorbera une grande partie de l’effet économique de la pandémie (les données de l’Égypte sont présentées sur une base d’exercice [FY] se terminant le 30 juin, étalant ainsi l’impact sur FY2020-FY2021) ».
Dans l’ensemble,l’exposition croissante des banques à la dette souveraine au risque de retards de réforme pourrait affecter leur solvabilité.