Par Pape Ndiamé GUEYE, consultant Finance, Paris.
Sénégalais, Sénégalaise, la situation est grave. La situation est alarmante, à tel point que le monde est à l’arrêt, notre pays est à l’arrêt. L’économie est à l’agonie, les opérateurs économiques et les ménages sont aux abois. La nation Sénégalaise est en guerre face à un ennemi à la fois insaisissable et invisible. Le système économique et social sénégalais est soumis à rude épreuve en raison de la pandémie du Covid-19. Cette crise aussi grave soit elle, ne devrait en aucune manière, dédouaner les dignes fils et les dignes filles du pays. Cette guerre fait appel à du professionnalisme et de la longanimité, comme le démontrent les vaillants soldats de la République qui servent sur les principaux champs de bataille du monde. Ces soldats sont reconnus par les Nations Unies (ONU) comme de véritables guerriers (Jambar en wolof). Comme l’a manifesté le chef de l’État Macky SALL à travers ses audiences, la situation interpelle tous les citoyens, les patriotes et les républicains de ce pays. La nation Sénégalaise a plus que jamais besoin de tous ses fils, unis en un bloc.
Lors de sa dernière déclaration à la nation, le chef de l’État avait annoncé d’importantes mesures économiques permettant d’armer le pays et les corps de métier engagés dans la guerre contre le Covid-19. Parmi ces mesures, il y’a la mise en place d’un fonds de lutte FORCE COVID-19 doté de 1000 milliards FCFA. À cela s’ajoute une enveloppe de 69 milliards de francs CFA destinée à soutenir les populations lésées par la tragédie. Ces importantes mesures de résilience économiques et sociales sont à saluer d’autant plus qu’elles devraient renforcer le système de santé et soutenir les ménages. Dans une contribution antérieure en date du 26 mars et publiée sur seneweb.com et jotnanews.com, plusieurs questions avaient été soulevées par les annonces du chef de l’État. Dans cet article, nous essaierons d’apporter quelques propositions sur la mise en œuvre de ces mesures et leur financement.
L’enveloppe des 69 milliards de francs CFA destinée à l’achat des denrées alimentaires de première nécessité.
Il serait important de mettre en place un mécanisme permettant l’acheminement de l’aide aux ayant droits, c’est-à-dire aux ménages lourdement touchés par la crise sanitaire. L’utilisation du numérique dans la distribution des enveloppes individuelles de cette aide pourrait être envisagée pour pallier ce problème. À cet effet, la mobilisation des opérateurs économiques, l’exploitation des données statistiques et l’expertise des data scientistes serviront à identifier les ménages pouvant bénéficier de cette aide alimentaire. L’achat des vivres devrait concerner plus de de 8 000 000 millions de sénégalais sachant qu’un ménage sénégalais est constitué en moyenne entre sept et neuf personnes. De manière pratique, les canaux courants de transfert d’argent tel que WARI, JONI JONI et ORANGE MONEY faciliteront la distribution électronique de l’assistance alimentaire. Pour les personnes ne disposant pas de téléphone ou de point de retrait à proximité, les données statistiques sur la population sénégalaise devront permettre à les identifier. Les opérateurs téléphoniques devront concourir à ce mécanisme en renonçant aux frais liés aux transferts d’argent. Les autorités devront multiplier les points de retrait et les ravitailler suffisamment en liquidité. La distribution électronique permettra non seulement d’éviter les rassemblements et les longues queues devant les guichets ou devant les distributeurs de billets physiques. En faisant le choix de la distribution physique des denrées alimentaires, l’État devra s’assurer que les vrais ayant droits bénéficient des produits alimentaires dont ils ont besoin. Par exemple éviter de donner de l’huile à celui qui a besoin de riz ou de mil ou d’argent.
– Réquisitionner les stocks des denrées alimentaires de première nécessité disponibles au port autonome de Dakar et dans les grands entrepôts de stockage.
L’impact de la crise pourrait conduire à une rareté des produits de première nécessité et ainsi entraîner une inflation. Le Ministre du commerce, en synergie avec les opérateurs économiques, devra s’assurer de la disposition des stocks et l’approvisionnement des marchés. La conformité aux barrières sanitaires a conduit les autorités à interdire la vente du pain dans les boutiques. Cette décision est très sage. En revanche, cette décision d’interdiction aurait dû être suivie d’actions de substitution afin d’éviter les foules et les bousculades devant les boulangeries. Les boutiques écoulaient, près de 2/3 des 08 millions de baguettes de pains quotidiens selon, le directeur du commerce extérieur. L’installation ponctuelle de points de ventes hygiéniques au niveau de chaque quartier, permettrait d’assurer un approvisionnement quotidien en pain tout en favorisant le respect des mesures barrières.
– Concernant le financement du fonds de ripostes et de solidarités FORCE COVID-19 mis en place par son excellence Macky SALL, nous nous efforcerons d’apporter les propositions suivantes :
Le fonds FORCE COVID-19 qui devra être doté de 1 000 milliards de FCFA devrait être financé par l’État du Sénégal, les partenaires bilatéraux et multilatéraux et les bonnes volontés. Aux sorties des audiences accordées par le chef de l’État, l’opposition est très vite montée au créneau pour exiger une gestion transparente et efficiente du fonds FORCE COVID-19.
Les ressources de ce fonds devront uniquement servir aux financements des actions publiques afin d’endiguer la pandémie du Covid-19. Une gestion sobre et vertueuse des donations, aiderait à consolider l’union nationale, le dialogue national et à assainir la relation entre le pouvoir et l’opposition.
– L’économie des dotations de fonctionnement, et la mise à contribution des caisses noires et des fonds spéciaux de la Présidence de la République, de l’Assemblée nationale, du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT), du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), et du Secrétariat Général du Gouvernement (SGGP) pourraient couvrir une partie conséquente du fonds de ripostes.
La loi de finance 2020 nous renseigne sur les montants alloués à ces hautes institutions du pays. Suivant les tableaux annexes de la loi de finance (LDF) 2020, nous avons le détail suivant : Présidence de la République : 78 499 170 084 FCFA
- Secrétariat Général du Gouvernement (SGG) : 25 169 020 006 FCFA
Assemblée Nationale : 17 801 162 000 FCFA
- Haut Conseils des Collectivités Territoriales (HCCT) : 8 640 000 000 FCFA
- Conseil Economique, Social, et Environnemental CESE) : 6 603 100 000 FCFA
Ces dotations de fonctionnement de la République sont financées par les contribuables sénégalais.
Pour cette année 2020, marquée par la pandémie du Covid-19, nous interpellons le Chef de l’État son Excellence Macky SALL, à suspendre les milliards de FCFA devant servir à l’achat et au renouvellement des biens et services des plus hautes institutions du pays. À titre d’exemple, plus de huit (8) milliards de FCFA des dotations de la présidence de la République sont destinés aux dépenses relatives aux biens et services tout au long de l’année.
Les maigres ressources du pays devront être mobilisées et servir à financer la guerre sanitaire contre le Covid-19, dans lequel l’État est engagé. Excellence Macky SALL, rappelez-vous de vos promesses de gestion sobre et vertueuse à tous les sommets de la République. La rationalisation des deniers publics, notamment les dotations allouées aux fonds spéciaux et aux caisses noires, permettront de faire d’importantes économies. Ces économies seront de véritables valeurs ajoutées au bon fonctionnement des secteurs prioritaires et régaliens : la santé, l’éducation, la justice et la sécurité.
– Mise à contribution des champions de l’économie Sénégalaise notamment les entreprises du secteur privé et les firmes multinationales.
Les grandes sociétés privées et les firmes multinationales exerçant au Sénégal sont les piliers des secteurs de l’économie nationale, notamment dans le secteur tertiaire. Au top 10 des entreprises les plus performantes du pays dressé par Doing Business, nous retrouvons : SONATEL, SAR – SA, TOTAL SENEGAL, SENELEC – SA, ITOC – SA, GROUPE MIMRAN (GMD + CSS), SHELL SENEGAL – SA, SOCOCIM INDUSTRIES – SA, INDUSTRIES CHIMIQUES DU SENEGAL, OILIBYA etc.
Les sociétés privées se portent très bien et se distinguent par une solidité financière marquée par les milliards de bénéfices réalisés ces dernières années. La SONATEL, le géant des télécoms au Sénégal, a réalisé un bénéfice de 202,3 milliards FCFA en 2018. D’ailleurs, la bonne santé des grandes sociétés privées est à l’origine de la performance du Sénégal en matière de compétitivité du secteur privé. En effet, le Sénégal est passé de la 141ème à la 123ème au niveau mondial sur 190 pays, d’après le dernier rapport de la Banque Mondiale (BM). Le climat des affaires s’est fortement amélioré ces dernières années en raison des investissements du pays dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (PSE), entré dans sa deuxième phase après la réélection du président Macky SALL.
Les grands établissements privés doivent ainsi contribuer massivement à hauteur de leurs moyens, au financement du fonds FORCE COVID-19, destiné à atténuer l’impact de la crise sanitaire engendré par le Covid-19. À cet effet, l’État devrait encourager cette action, en leur accordant en retour une suspension et un report des charges sociales et fiscales. Les champions de l’économie Sénégalaise doivent mettre la main à la poche et apporter des contributions plus que symboliques. Monsieur le président, le Sénégal ne peut se permettre d’accorder de gros cadeaux aux sociétés privées du pays. En effet, les recettes fiscales constituent l’essentiel des ressources du Sénégal soit 65 % du budget national, d’après la loi de finance 2020 (LDF).
Par conséquent, la remise fiscale de 200 milliards FCFA aurait également pu contribuer au financement de FORCE COVID-19. Cette remise risquerait de creuser encore plus le déficit budgétaire.
Pour finir nous suggérons :
- La hausse du budget du ministère de la santé et de l’action de sociale
- Le renforcement des mesures de contrôles et de vérifications des autorisations d’exercice accordées aux professionnels privés de santé.
- D’accroitre la vigilance sur les établissements de formation coranique, en lien avec les chefs religieux.
Les hôpitaux et les centres hospitaliers du pays manquent cruellement d’équipements ou de personnels qualifiés. Les populations à l’intérieur du pays sont les plus impactées par le faible niveau du plateau médical. Au Sénégal, près de trois à cinq femmes meurent tous les jours en donnant naissance à un enfant, soit plus de 1 500 morts par année d’après la division de la planification familiale du ministère de la santé.
Dans la loi de finance (LDF) 2020 le budget alloué au ministère de la santé et de l’action sociale s’est arrêté à 191 714 747 FCFA. L’augmentation des dotations allouées au ministère de la santé permettra d’élever le niveau du plateau médical, avec des équipements indispensables comme l’appareil de radiothérapie, les appareils de dialyse pour les malades atteints d’insuffisance rénale chronique (IRC) etc.
L’augmentation des ressources financières, permettra également de garantir la qualité de l’offre de formation pour le personnel médical et ainsi éviter la perte des talents au profit des hôpitaux occidentaux. Concernant le ministère de tutelle, il serait judicieux de porter le choix sur les hommes et les femmes qualifiés dans le domaine de la santé.
Par cet exposé, je viens en qualité de citoyen apporter ma modeste contribution au débat intellectuel face à l’urgence de la situation politique, économique et sociale du Sénégal, notre cher pays. L’alliance des forces vives de la nation en un bloc derrière son excellence monsieur Macky SALL, démontre à nouveau l’avantage d’une collaboration collégiale. La consolidation de l’union nationale dans la durée, serait très bénéfique au pays et permettrait de booster le développement du Sénégal dans l’intérêt suprême des populations. En ce sens, je vous invite à vous inspirer de la grande bataille de BADR et la stratégie victorieuse de ce combat.
Ensemble soyons unis et solidaires.
Vive le Sénégal.
Un commentaire
Je vois que du concret dans cette contribution. Macky ou du moins ses conseiller ou ministre devraient vous lire.
Merci