A Douala, le 21 février, à l’occasion de l’admission à la cote de la Bourse unifiée des valeurs mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC) de l’emprunt obligataire de l’État Gabonais «EOG 6,25% NET 2019-2024» et celui de la Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun «SAFACAM 6% HT 2019-2022», le président du Conseil d’administration de la place financière, Henri Claude Oyima, a livré un diagnostic lucide des défis de la Bourse de l’Afrique Centrale suite à l’unification réussie des marchés financiers des 5 pays de la CEMAC ».
Rendant un » hommage appuyé et mérité « à tous ceux qui ont œuvré de près ou de loin à l’aboutissement heureux du « long et complexe processus de fusion des marchés financiers de la CEMAC », M. Oyima a nommément exprimé sa gratitude au Président du Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC) ainsi qu’aux hautes autorités de la CEMAC et, particulièrement, au Gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC), « pour son leadership et son accompagnement sans faille dans le démarrage effectif à Douala des activités de la BVMAC, entreprise gestionnaire du marché financier régional ».
Une gouvernance renforcée
Depuis la décision prise par les chefs d’Etat, la BVMAC a mis en place un certain nombre de réformes dont, précise M. Oyima, au titre de la gouvernance, la structuration du Conseil d’Administration qui comprend les actionnaires, les émetteurs, les investisseurs et les sociétés de Bourse, la création au sein du Conseil d’Administration de trois comités spécialisés, à savoir le Comité d’audit et des Risques, le Comité des Nominations et des Rémunérations ainsi que le Comité d’Admissions. Autres décisions prises aussi sur ce chapitre de la gouvernance, la mise en place d’une direction générale intérimaire jusqu’au 31 décembre 2020, le lancement du processus de recrutement d’un Directeur Général qui devrait prendre fonctions à partir 1er janvier 2021, l’élaboration d’un organigramme intégrant les points névralgiques des opérations dont le marché, le développement, le système d’information, la conformité et le contrôle interne.
Modernisation du système d’information
Sur le volet fonctionnement des services, il y a lieu de relever le transfert, de Libreville à Douala, de l’ensemble des données du marché régional et de leur support technique de gestion, du personnel précédemment en service à Libreville ainsi que des archives administratives et financières . L a mise à niveau et la rénovation de l’immeuble abritant le siège de la BVMAC à Douala entre dans ce cadre. La BVMAC a par ailleurs entrepris la modernisation de son système d’information. Dans ce cadre, le logiciel de cotation NSC V900, acquis auprès d’EURONEXT, a été amélioré et mis en production afin d’élargir l’offre de fonctionnalités faite aux sociétés de bourse, qui pourront désormais directement effectuer leurs transactions, dans leurs pays, depuis leurs sièges respectifs. De même, des investissements ont été réalisés pour l’acquisition d’équipements innovants à la pointe des dernières technologies informatiques.
Frémissement au niveau des transactions
Ce processus de transformation s’accompagne d’un certain frémissement en termes de transactions. Ainsi, M. Oyima fait état d’un volume de 1 683 524 titres échangés pour un montant global de 19 996 841 897 FCFA entre juillet 2019 et janvier 2020. La capitalisation boursière globale atteint pour sa part 253 679 559 589 FCFA . L’encours du compartiment obligataire culmine à 763 497 968 384 FCFA. « Dans la même période, les sociétés dénommées Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun (SAFACAM) et Société Camerounaise de Palmeraies (SOCAPALM) ont payé des dividendes à leurs actionnaires, pendant que certains émetteurs publics ont procédé à l’amortissement d’une fraction de leur encours de dette et au paiement des intérêts conformément aux tableaux d’amortissement publiés à l’issue des émissions.
Des limites à repousser
Du reste, le PCA de la BVMAC appelle les acteurs à rester attentifs face aux défis d’un marché qui connaît une offre limitée de titres avec seulement quatre sociétés cotées et dix lignes obligataires. De même, constate M. Oyima, « l’irrégularité des émissions sur le compartiment primaire n’est pas propice à l’animation optimale du marché par les différents acteurs ». Autre handicap, le faible dynamisme du compartiment secondaire qui ne favorise pas la liquidité des actifs émis. « Ce constat nous amène à relever que la réussite de la première phase de redynamisation de notre marché financier, dont les travaux ont été supervisés par la BEAC, est un premier succès vers l’éclosion du potentiel du marché financier de la CEMAC ».
Le second défi à relever passe par la restructuration et l’accompagnement des structures du marché financier unifié. « Il s’agira particulièrement d’identifier et d’activer les principaux leviers de dynamisation du marché financier régional afin de garantir sa réussite », estime M. Oyima.
Le développement du marché passera aussi par la mise en œuvre effective des dispositions de l’article 8 de l’Acte additionnel n° 06-17/CEMAC du 19 février 2018 portant introduction en bourse des participations des États et de leurs démembrements. Ce dont on est pour le moins sûr, est que la BVMAC a réussi sa transformation. Les introductions en Bourse attendues des sociétés étatiques et de grandes structures comme la BGFI devront définitivement mettre cette place en orbite à la mesure des immenses potentialités de la région.
2 commentaires
Bonjour et merci pour cet article très édifiant.
Je voulais savoir comment faire pour investir à la BVMAC.
À la BRVM on passe par des SGI mais sur la Bourse d’Afrique central il y’a pas vraiment d’informations.
Merci d’avance.
Je me pose la même question que Stéphane. Serait-ce les PSI a la place des SGI? Quelles sont les modalités et les conditions d’en devenir acteur?