De passage à Paris dans le cadre d’une mission de promotion de la place financière de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), Edoh Kossi AMENOUNVE s’est entretenu avec Financial Afrik. Le DG de la BRVM est confiant quant au potentiel de croissance économique de la la région et de celui des entreprises cotées.
Monsieur le Directeur Général, comment se porte la BRVM en ce dernier trimestre 2019?
La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) de l’UEMOA connaît une tendance baissière depuis 2016. Ce cycle se poursuit. Les investisseurs sont toujours dans une phase de vente. Cette évolution a eu pour conséquence de rendre le marché plus attractif. Notre niveau de PER qui frôlait 20, il y a quelques années, a retrouvé des niveaux plus attractifs pour les investisseurs, entre 7 et 8 aujourd’hui pour certaines valeurs. D’un point de vue purement financier, le marché devient plus attractif pour ceux qui veulent investir. Nous avons l’espoir d’un prochain retournement de la tendance actuelle. D’autant plus que, toutes choses étant égales par ailleurs, les fondamentaux des économies concernées sont solides et que les entreprises cotées offrent des niveaux de rendement et de dividendes très intéressants.
Le Troisième Compartiment avait été mis en place pour faciliter l’introduction des PME en Bourse. Quel bilan à mi-parcours peut-on faire de cette innovation?
Le Troisième Compartiment dédié aux PME a été lancé en décembre 2017. Nous n’avons pas encore de société cotée pour le moment. La bonne nouvelle, c’est que nous avons sélectionné 30 PME dans l’Union pour les préparer à entrer en Bourse à travers le Programme Elite BRVM Lounge. Ces entreprises proviennent de différents pays et secteurs d’activités notamment du BTP, de l’hôtellerie, des NTIC, de la Finance pour ne citer que ceux-là. C’est un échantillon de PME représentatif de nos économies. Le processus que nous avons commencé en 2018 prend au moins deux ans. Nous travaillons avec ces PME sur l’amélioration de leur gouvernance ainsi que leur organisation, la préparation de leur business plan sur le long terme, la préparation à la publication des résultats financiers fiables, et à la construction d’un « equity story ».
Nous pensons que cela va permettre aux PME d’être prêtes à intégrer le Troisième Compartiment dans les années à venir. Nous travaillons aussi avec les fonds d’investissement actifs dans notre sous-région pour une sortie par la bourse.
En dehors de ce Compartiment, y a-t-il des introductions en vue pour le reste de 2019 et 2020?
Nous avons bon espoir d’en avoir. Comme toute Bourse, nous avons des phases de développement du pipeline des entreprises à coter et suivie de celle des introductions. Nous avons eu une phase d’accélération des IPO de 2014 à 2019 avec deux introductions en moyenne par année à la BRVM au-dessus de la moyenne africaine. En effet, nous avons attiré neuf sociétés à la BRVM depuis 2014. Mais ce rythme ne peut pas être continu. Il y a des phases de préparation suivies de celles des IPO.
Financial Afrik organise le 19 décembre prochain à Abidjan une journée sur l’inclusion financière. Quid du projet de la Bourse en ligne sensé faciliter davantage l’accès à la Bourse ?
Le projet de Bourse en ligne avance bien. Le cadre règlementaire est en place. La mise en œuvre rapide de cette évolution opérationnelle de notre marché va suivre. Nous travaillons depuis quelques mois avec les courtiers (SGI) qui doivent mettre en place les plateformes pour la réception des ordres et leur transmission vers notre système de cotation. Nous avons déjà conduit plusieurs missions auprès de certaines SGI pour voir si elles ont mis en place les moyens techniques et technologiques pour pouvoir faire de la Bourse en ligne. Il y en a quelques-unes qui sont prêtes. Nous pensons qu’elles pourront démarrer dans un premier temps avec une montée en charge progressive avec l’arrivée des autres.