Par Ciku Kimeria .
Cela fait quelques années que le gourou Kenyan de la technologie, Ory Okolloh, s’est interrogé pourquoi Afrique n’utilise-t-elle pas l’entrepreneuriat pour résoudre ses problèmes fondamentaux. Encore aujourd’hui, son message sonne vrai. Beaucoup reste à faire pour aider à la réussite des entrepreneurs sur le continent. Cette prise en charge dépend des acteurs gouvernementaux et privés.
Il y a quelques semaines en voyageant à travers le Togo, le Bénin et au Ghana, j’ai été heureux de trouver différents produits «Made In Togo», «Made In Ghana», «Made In Bénin» tout au long de mon parcours. Que ce soit du chocolat, des fruits séchés, du jus de fruits ou de farine de tubercules, il y en avait de toute nature. Cette floraison était pour moi le le signe que différentes entreprises agroalimentaires de petite échelle traitent, font le branding et commercialisent des produits d’exportation locale, régionale et mondiale.
Dans ce contexte, je me suis demandé quel rôle les gouvernements et les acteurs du secteur privé jouent pour soutenir certaines de ces entreprises à petite échelle. Ce soutient du gouvernement aux petites entreprises a permis au Rwanda d’enregistrer une baisse de 36 % de déficit commercial depuis 2015. Ce qui au départ s’apparentait à une campagne de sensibilisation de l’opinion publique sur les avantages à acheter des produits fabriqués au Rwanda s’est révélé à l’arrivée être un levier de la compétitivité économique.
L’agriculture représentant 35 % du PIB Afrique de l’ouest et 60 % de la main-d’œuvre active est un pivot pour la croissance de la région. Mais les chaines de valeur d’Afrique de l’Ouest sont moins performantes que celles en Afrique de l’Est. Un récent rapport de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a évalué le degré de l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales, en mesurant la part de la valeur importée (semi-produits) dans les exportations.
Pour les économies avancées, cette valeur est d’environ 33 %. Cela veut dire que 33 % de ce qui est importé se retrouve dans les exportations du pays. Il y a en définitive eu création de valeur ajoutée et conversion plutôt que simple importations pour la consommation. Dans les économies de marché émergents et à faible revenu, à l’exclusion des pays subsahariens, le ratio est à 21-22 %. Environ deux tiers des économies de l’Afrique subsaharienne sont sous cette moyenne de la chaîne de valeur pour les pays en développement.
Un exportateur de pétrole comme le Nigeria a une très faible profondeur de l’intégration, soit environ 7 %, sur un produit constituant pourtant la principale exportation. Dans tous les domaines, l’Afrique de l’Est surpasse l’Afrique de l’ouest en termes d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. Il existe pourtant d’énormes opportunités pour accroître la participation de l’Afrique de l’Ouest dans les chaînes de valeurs mondiales et régionales tout en réduisant la facture des importations de la région.
Le rapport de l’OMC sur la profondeur de l’intégration recommande « moins d’intervention de l’Etat, une meilleure efficacité de la douane, une amélioration de l’exécution des contrats, davantage d’accès aux prêts bancaire pour augmenter la possibilité d’insertion des entreprises dans les chaînes de valeur mondiales. »
L’Afrique de l’Ouest a du potentiel. Il y a déjà des signaux positifs comme au Sénégal où le secteur de la transformation des aliments s’est accru de 7,4 % par an entre 2000 et 2010.
Selon les projections, le marché alimentaire africain devrait augmenter à $ 1 000 milliards de dollars d’ici 2030 contre $ 300 milliards actuellement et une facture d’importation alimentaires scandaleusement élevés de $30-50 milliards.
Bref, il y a une grande opportunité pour l’industrie agroalimentaire du continent si les investissements peuvent être faits dans la transformation, la logistique, des infrastructures de marché et des réseaux du commerce de détail.
Avec des gouvernements déjà sous pression pour financer d’autres composants de leurs secteurs agricoles, il faut des partenariats avec non seulement les acteurs du secteur public, mais aussi les acteurs du secteur privé qui investissent le long des différentes parties de la chaîne de valeur. Nous ne pourrons pas utiliser l’entrepreneuriat nous-mêmes pour nos problèmes, mais il existe des façons dans laquelle les gouvernements et le secteur privé peuvent aborder des enjeux de chaîne de valeur en collaboration avec des entrepreneurs au profit de tous.
A propos de l’auteur
Ciku Kimeria qui intervient ici à titre personnel est conseiller en Communication pour le Fonds d’Investissement pour l’Agriculture et le commerce en Afrique (AATIF). AATIF est un fonds d’investissement qui offre les fonds prêtés aux sociétés et aux institutions financières actifs dans le secteur agroalimentaire. AATIF a l’objectif de combler certaines lacunes identifiées dans cet article en investissant dans les petites, moyennes et les grosses entreprises le long de la chaine de valeur agroalimentaire notamment les intrants agricoles, l’équipement de ferme et la machinerie, l’élevage, le transport et la logistique, la transformation, l’exportation et le commerce de gros et de détail. Pour faire une demande de financement pour votre société agroalimentaire, accéder au questionnaire sur https://www.aatif.lu/funding-application.html.