Par Maria Nadolu
Dans ce moment, juste le temps de survoler cet article, approximativement en 4 minutes, 4million de bouteilles à usage-unique vont être achetées autour du monde, selon Euromonitor International.
Prenons, par exemple, l’année 2016, juste en utilisation de bouteilles plastique : environ 480 milliards de bouteilles ont été achetées globalement , mais moins de la moitié est recyclé, ce qui signifie que la plupart de ces déchets se retrouve déjà dans nos océans, une partie cassés, en morceaux, déjà avalée par des poissons et des oiseaux qui meurent souffrant, une autre transformée en micro-plastique, imbibée en déchets toxiques industries et servie sur nos table dans le sel marin ou produits de mer, et finalement, le reste toujours flottant dans l’eau.
Par la suite, on doit compter aussi les sacs en plastique, les résidus ménagers et industriels, tout ce qu’on jette sans trop réfléchir, pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène…Une étude publiée par le Forum économique mondial et la Fondation Ellen MacArthur a révélé que d’ici 2050 l’océan contiendrait plus de plastique que de poisson.
La survivance, aussi bien que le développement de notre planète sont intimement liés aux sources d’eau ; qu’on le veuille ou pas, les rivières, les mers et les océans sont tous connectés et nous en dépendons.
Et ça nous concerne tous. Une bouteille jetée du port de Casablanca pourrait arriver jusqu’en Antarctique, et un sac en plastique largué de Boston se posera sans problème au fond sous-marine de Sénégal, étant portés par les courants. À l’échelle mondiale, la pollution par les plastiques, en particulier celle de l’océan, attire de plus en plus l’attention. Où en est-on exactement, entre réduction du plastique, recyclage, «plastique neutre» et «zéro plastique» ?
Le quoi et comment de la problématique, vus à travers les yeux de ceux qui vivent et agissent de dedans.
Entretien I
De Philippines, l’archipel de plus de 7 600 îles, considéré edepuis 2015 comme le troisième pollueur de plastique océanique au monde, après la Chine et l’Indonésie, Financial Afrik a rencontré ROBERT SUNTAY, président de Studio H20, Président de SEA-VIP Institute, membre de WWF Philippines, Nde ational Geographic Explorers ; environnementaliste, plongeur et producteur des films documentaires. Voici ce que ce personnage particulier et rare nous dit des signes de la crise et de ses perspectives sous-marines.
Comment vous vous êtes embarqué dans la mission environnement ?
Mon intérêt dans la conservation marine et environnementale a commencé il y a 25 ans quand j’ai commencé la plongée sous-marine. Plus récemment, mes expériences de plongée libre et natation open water ont amplifié ma préoccupation à propos de la situation critique de nos récifs et océans. Ce qui a défini mon implication a été le début des films underwater, et par conséquence, la production des documentaires environnementalistes.
Quel est votre vision?
Je crois fortement que si plus de gens peuvent apercevoir l’incroyable beauté de ce fabuleux monde sous-marin, ils pourront comprendre son importance critique et apprécier sa délicate fragilité. Dans ce cas-là, on sera de plus en plus motivés à protéger et à sauver l’Océan.
Quels sont les signes les plus alarmants que vous avez remarqués au cours des trois dernières années?
La hausse exponentielle des déchets dans nos océans (surtout plastiques), le blanchiment des coraux à cause des températures plus hautes de l’eau ; la surpêche et l’enlèvement de nageoires de 100 million de requins par année.
Comment peut-on transformer les comportements?
J’estime que les gens ont le droit et l’obligation de savoir ce qui nous arrive, et comment cela va les impacter, et impacter la planète. Quand les gens comprendront que si les océans meurent, la vie humaine va mourir aussi – la, peut-être, ils auront plus de motivation pour changer les comportements qui causent la mort de la flore et de la faune marine. La recherche scientifique, l’éducation environnementale, l’action de conservation et le lobbying sont stratégiques afin d’avoir un changement positif.
A votre avis, quelles sont les deux solutions les plus accessibles, au niveau individuel et au niveau de l’entreprise?
Les solutions au niveau de l’entreprise, même si très importantes, prennent du temps et demande des efforts. Donc, le temps qu’on attende les solutions institutionnelles, ces solutions à l’échèle des gouvernements, des organisations internationales et des groupes de conservations globales, j’estime qu’on doit travailler constamment et passionnément au niveau personnel. Après tout, plus on est nombreux , plus nous serions capables d’influencer ; rapidement, l’action personnelle se proliférera, en affectant des communautés, des villes, des pays, des continents, et espérons – le, le monde entier.
Un message pour le lectorat de la Financière Afrik?
Chacun d’entre nous peut contribuer, à notre propre petite manière. Répandre les nouvelles que notre océan meurt, et en faire quelque chose. Si on n’arrive pas à faire quelque chose maintenant, tous ensemble, malheureusement l’histoire va enregistrer que les humains sont la seule espèce de notre évolution planétaire qui a causé sa propre extinction, même si elle aurait eu la chance de se sauver, à condition de faire le bon choix.
Lire aussi: Proplast, une usine sénégalaise de transformation des déchets plastiques.
Entretien 2
ISABEL ALVAREZ CASUSO, Coordinatrice Soutenabilité et Professeur d’Espagnol à International School Manila nous explique comment intégrer la biosphère en tant que préoccupation fondamentale de l’humain.
D’où vient votre préoccupation pour l’environnement ?
Depuis que je suis arrivée à Manille, en 2015, j’ai réalisé l’ampleur des problèmes environnementaux. Philippines est le pays avec le plus grand niveau de pollution plastique au monde ; et j’ai commencé à chercher comment s’impliquer d’un point de vue éducatif, comment soutenir la communauté. Ainsi, ensemble avec l’équipe « Durabilité » du collège, on a commencé le travail. Dans ce collège on a une technique pédagogique qui encourage les enfants à réfléchir d’une manière holistique. Cette technique qui s’appelle «Sustainability Compass Education» est basée sur une pensée systématique, prenant en considération la nature, l’économie, la société, le bien être individuel. Les enfants peuvent comprendre ainsi la responsabilité de leur geste et s’impliquer là où ils peuvent le faire. Grace à ces projets, on a pu diminuer l’utilisation des sacs en plastique, la ségrégation des déchets, le recyclage.
Quelles solutions immédiates se présentent de votre point de vue ?
Je pense que l’individu doit être conscient de son impact au niveau global. Réfléchir sur les modèles mentaux qu’on a, par le billet de notre éducation et nos habitudes sociétales ; on devrait être capable de se demander : quel est le problème ? Et par la suite, soutenir les enfants dans cette réflexion et créer des alternatives pour leur comportement. Par exemple, au lieu d’acheter une bouteille d’eau, les encourager à amener leur propre bouteille réutilisable ; qu’ils diminuent l’utilisation de sac en plastique, en disant « no » au plastique à usage unique, en utilisant leur propre petite caisse en métal ; des petits pas ; mais en fait, pour l’enfant, aussi bien que pour l’adulte, il est crucial de comprendre que ces petits actions, ainsi que le mode de consommation, ont des conséquences.
Donc, comment peut-on minimaliser les conséquences ?
Au niveau corporatif et institutionnel, les entreprises sont déjà conscientes de l’ampleur de la problématique. L’objectif doit être d’encourager les entreprises dans la création de produits durables. Ce sont les entreprises qui devront être les leaders du mouvement non plastique, avec leur propre marchandise. Les gouvernements pourront réglementer plus sévèrement les entreprises qui produisent du plastique non recyclable ; on pourra rechercher et investir plus dans la recherche dédiée au recyclage du plastique. Pour le moment, malheureusement, on continue de se concentrer trop sur la consommation et le bénéficie à court terme.
En même temps, De Naga aux Philippines, DAVID KATZ, co-fondateur de Plastic Bank note sur Facebook: « Les jours les plus remarquables de ce voyage sont les ouvertures officielles des centres (de recyclage). En seulement 30 jours d’existence, nous avons collecté 500 000 bouteilles, doublé les revenus de 80 familles et attribué 30 téléphones intelligents à des collecteurs de gros volumes. (Beaucoup d’entre eux, à des gens qui n’ont jamais eu de téléphone!) ».
Son entreprise Plastic Bank est reconnue déjà pour sa valeur novatrice ; Jim Leape, codirecteur du Center for Ocean Solutions de l’Université de Stanford, félicite l’initiative de lutte contre la pauvreté et l’invasion du plastique. « Cela fait partie de cette équation que nous devons résoudre de toute urgence », a-t-il déclaré.
De Vancouver en Colombie-Britannique, David et son partenaire, Shaun Frankson, ont pensé un projet avec l’objectif d’impliquer approximativement 1 milliard de personnes autour du monde dans le processus de transformation de nettoyage de l’océan et d’évolution de la conscience ; leurs centres se trouvent en Haïti, aux Philippines, en Indonésie, au Brésil, en Colombie et peut être bientôt en Angola aussi. Leur concept : encourager le recyclage du plastique dans les pays en développement – contribuant de manière disproportionnée au problème du plastique océanique – via un système basé sur la blockchain qui permet aux locaux de commercialiser du plastique collecté pour générer des revenus, payer des soins de santé, des frais de scolarité, de l’huile de cuisson et autres biens et services.
Grace à cette plate-forme blockchain, développée en partenariat avec IBM, toutes les transactions sont enregistrées dans un grand livre numérique crypté, les jetons numériques étant placés sur un compte via une application de téléphonie mobile, et par la suite utilisés pour effectuer des achats. On prévoit bientôt générer une alternative à la micro-finance aussi.
Depuis l’ouverture du premier centre en Haïti en 2015, Plastic Bank a absorbé l’équivalent de plus de 100 millions de bouteilles en plastique. Le plastique est transformé en flocons ou en pellets, puis exporté vers d’autres pays, où il est utilisé pour fabriquer de nouveaux produits – avec le brevet «plastic social» par des grands producteurs comme Henkel, ou Shell. Ces entreprises, et leurs consommateurs, soutiennent p le combat de la pauvreté et participent au nettoyage du plastique de l’océan.
Entretien 3
Nous avons le plaisir d’échanger quelques idées avec David, avant qu’il commence son tour en Asie.
Plastic Bank
Quel est l’esprit qui se cache derrière votre initiative ?
Des changements profonds pour le monde ; créer un système de transformation perpétuelle qui permettra au monde entier d’être le changement qu’il souhaite être. Ma croyance est la suivante: «je suis le créateur de la possibilité ; je peux avancer dans cette possibilité. Et cette conscience, soutien l’avancement dans sa création. »
Nous rassemblons nos clients, les marques, et leurs clients et nous générons un canal qui permet de participer à la transformation nécessaire globalement au présent. Lorsque le consommateur achète le plastique social du commerce, il est connecté au monde le plus défavorisé; il participe ainsi au développement. Promouvoir et créer cela, voici notre mission.
Comment construisez-vous votre business plan ? Quels sont les Pays, les collectionneurs, les marques, les clients et les océan?
Laissez-nous transférer la valeur du compte bancaire sur un terrain réel, avec notre système. Cela devient encore plus puissant lorsque vous achetez la bouteille de shampoing d’un supermarché dans le monde; vous la remettez à une machine de recyclage et transférez sa valeur pour allumer des lampes de l’autre côté de l’Océan, dans un endroit défavorisé. C’est donc une opportunité circulaire. Non seulement on se débrouille bien dans notre communauté, mais on appuie également le développement dans le monde. C’est une opportunité pour l’homme d’être au service de son frère.
Les clients, les entreprises ont-ils réussi à les convaincre ?
Henkel, par exemple, est heureux de payer. Ils ont découvert le pouvoir de l’histoire, ils ont découvert le pouvoir de l’activation. Quand ils ont commencé à parler publiquement de notre collaboration, ils ont eu une réponse extrêmement positive.
Développer des opportunités ? Comment détectez- vous vos partenaires ?
C’est l’action; lorsque nous pouvons trouver un partenariat pour rassembler le monde, nous y fonçons; nos partenaires sont sur le terrain, essayant déjà de changer les choses.
Du côté des collecteurs, comment voit –on l’histoire ?
J’essaie d’avoir une relation à long terme avec nos collecteurs. Dans l’expression de l’amour pour les gens, il y a une énergie unique. Cet homme qui était collecteur depuis très tôt en Haïti, il était si fier ; quand je lui ai demandé comment allait la famille, il a répondu « David, c’est la première fois que je peux penser au futur, comment je vais envoyer mes enfants à l’université. » Il avait des enfants au primaire et il était dans son champ de possibilités, capable de se projeter dans les décennies à venir.
Ensemble, on a mis fin à la pauvreté pour cette personne. La collecte est une possibilité de revenu illimité, plus vous travaillez, plus vous gagnez ; créer un système, aller de magasin en magasin, plus vous êtes intelligent, plus vous pouvez collecter de volume, plus vous collectez de volume, plus vous gagnez d’argent; Il n’y a pas d’heures de bureau, c’est l’esprit d’entreprise, la créativité, c’est la maîtrise de votre propre destin.
Vous traitez le plastique comme l’argent. Est-il un autre « bitcoin » ?
C’est une entreprise durable. Au centre de tout cela, c’est l’application bancaire; en fin de compte, nous avons créé une application qui permet l’échange de valeur matérielle, papier, épinglette, aluminium, acier, plastique, etc., tout en apportant une authenticité à la production de valeur. N’importe qui dans le monde peut créer son propre matériel social et son propre écosystème. Je ne veux pas construire de magasins, nous créons une chaîne d’approvisionnement, nous orientons les clients, les consommateurs déplacent tout; et nous continuerons éventuellement à construire des plates-formes avec l’application, ce qui permet aux utilisateurs de créer des profils pour le compte bancaire.
Ce compte bancaire est créé en tenant compte du fait qu’un enfant sur trois qui est né a un acte de naissance, ou un compte bancaire. La collecte est créé en sorte que plus vous apportez le matériel fréquemment, plus la qualité de votre interaction au centre accroit; ainsi que la qualité de votre cercle social; nous pouvons donner un taux de crédit, car au fil du temps, vous avez prouvé votre cohérence et nous savons également combien vous gagnez. Nous savons donc quels sont les montants, quels sont les ratios, pour que vous ayez accès à des crédits à faible taux d’intérêt. Pas que l’option bancaire de 30% + taux d’intérêt, comme dans des certains pays. Donc, une fois que vous avez prouvé votre valeur, ce n’est plus qu’une transition, vous êtes peut-être devenu un pisciculteur, ou quelque chose d’autre, mais vous avez fait vos preuves en phase de collection, nettoyant l’environnement.
Où vous voyez-vous avec Plastic Bank dans 5 ans?
Le milliard devient très réalisable. Donc, pour le plaisir de la conversation, je resterai attaché au milliard de personnes rassemblées de façon monétisée, mais je sais que c’est beaucoup plus grand, et je sais que pour chaque morceau de plastique que nous retirons de l’océan, nous restaurons un peu d’humanité. Que les gens le sachent ou non, cela concerne tout le monde.
Message pour les lecteurs de Fiancial Afrik?
Pour ceux qui peuvent réellement faire un changement sociétal, la question est la suivante : si vous avez la possibilité de choisir qui seront les parents de nos enfants, que choisirez-vous? Nous avons tous la possibilité de choisir. Sentez l’authenticité, c’est crucial pour le leadership. Devenir la personne qui peut faire le changement, ça me passionne! Et la récompense la plus gratifiante est que je devienne la personne que je pourrais être.
Un commentaire
Dommage que cette affaire soit celle d’autres continents.
Mon Afrique n’a pas encore reçu cette sensibilité émotionnelle qui la pousserait à se préoccuper des générations à venir. Elle s’intéresse qu’à elle et à ses intestins continentaux.
Un retour aux valeurs ancestrales est plus que nécessaire.