Les chantiers d’infrastructures qui sortent de terre ici et là en Afrique ne correspondent pas toujours à un accroissement des primes d’assurance. Au sein de la Conférence Interafricaine des Marchés de l’Assurance (CIMA) l’on assiste même à une certaine décorrélation entre la croissance de la courbe des primes de la branche IARDT et celle du PIB. Alors que de nouvelles réglementations exigent une multiplication du capital minimum par cinq, ne serait-il pas judicieux d’obliger les promoteurs des grands chantiers BTP à intégrer les compagnies d’assurance locale dans leur système de couverture? Ce sont là autant de thèmes qui constituent le menu des Assemblées générales de la Fédération des sociétés d’assurance de droit national africaines (FANAF) qui s’ouvrent le 13 février à Marrakech. Une première pour l’Afrique du Nord. Les 1000 délégués attendus dans cette terre de convergence et de confluence entre les différentes Afriques évoqueront les questions des convergences réglementaires, relationnelles et capitalistiques entre leurs différents marchés. Deux acteurs de renom, en l’occurrence Pathé Dione, président du groupe Sunu et Mehdi Tazi, PDG partant du groupe Saham, ont accepté le temps de ce numéro de se transformer en éditorialistes pour exprimer leurs arguments avec la hauteur de vue que leurs conférent leurs expériences. Si tous les acteurs sont d’avis que la coopération Sud-Sud est une nécessité, la plupart souhaitent que les convergences capitalistiques qui ont rythmé l’actualité du secteur ces dernières années s’accompagnent de la prise en compte des spécificités propres à chaque marché. Entre une République Centrafricaine qui brasse à peine 5 milliards de FCFA de primes et un Maroc qui réalise deux fois et demi la collecte de l’ensemble des pays de la zone CIMA, le point d’équilibre est malaisé. Reste que, du Nord au Sud de l’Afrique, il y a un constat fédérateur. C’est la faible pénétration des produits d’assurance. Le continent qui pèse 15% de la population de la planète ne génère pas plus de 1% des primes d’assurance. Est-ce la faute à un réseau classique qui sort rarement des sentiers battus et s’écarte rarement de la clientèle des 10% de bancarisés? A moins que cette aversion des populations africaines à l’assurance ne soit due à la réticence des acteurs à régler les sinistres? Entre 2004 et 2015, le taux de règlement des sinistres n’a pas dépassé la barre des 35%. Heureusement que des changements se profilent à l’horizon. Les 800 millions de téléphones mobiles qui circulent en Afrique offrent des raccourcis à la chaîne de distribution classique. L’internet permet de toucher un plus grand nombre pour des coûts moindres, de dématérialiser les actes, les contrats et les constats. Le potentiel inclusif de l’assurance mobile est en soi l’une des belles perspectives du secteur. Pourvu que la réglementation suive très vite et mette en place les dispositions nécessaires au développement de l’assurance mobile. Gageons que le grand marché africain de l’assurance saura, grâce à la FANAF, réussir l’harmonisation des différentes réglementations en vigueur dans ses sous zones. Cela passe forcément par des marchés financiers justifiant d’une certaine profondeur et de produits de placements attractifs. Ce n’est qu’avec de grands acteurs, disposant de fonds propres suffisants, que l’Afrique pourra retenir le maximum de primes et assurer son émergence.

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