La vengeance est un plat qui se mange froid
Dans le jugement rendu hier par le tribunal de commerce d’Abidjan, un chiffre affole les compteurs: 7 milliards de FCFA (12,3 millions de dollars) soit plus que le capital minimum effectif (les 10 milliards sont encore théoriques) d’une banque en zone UEMOA.
C’est le montant de la réparation des prejudices subis par Thierry Tanoh limogé en mars 2014 suite à une longue crise interne. Ecobank et le fonds PIC (qui avait levé le lièvre en dénonçant par lettre des prêts accordés par la banque à son ancien PCA,Kolapso Lawson) sont solidaires de la condamnation.
De même, une astreinte journalière de 400 000 dollars menace la banque et son actionnaire pour tout retard de publication du jugement dans les medias qui avaient publié ladite lettre sensée être adressée aux actionnaires.
En réaction à ce jugement, Ecobank va faire appel tout en estimant d’ores et déjà que le tribunal de commerce d’Abidjan n’était pas celui indiqué dans le contrat de Tanoh (recruté depuis en tant qu’économiste à la presidence ivoirienne) pour trancher en cas d’éventuels litiges.
Ce montant représente environ 3% des bénéfices de la banque en 2014. En cas d’application, les coûts du risque vont s’envoler de 10 points de base soutient Adesoji Alanki, vice-président de Renaissane Capital (département de recherche). L’amende de 7 milliards de FCFA devra par ailleurs dégrader la rentabilité des actifs (le fameux ROA) de 4% et déterorier le ROE de 32 points de base.
En clair, d’après Renaissance Capital, en 2015 la banque devra voir, sur la base de ses prévisions et en cas de triomphe du jugement d’Abidjan, son coût de risque bondir de 9%, son ROA et son ROE baisser respectivement de 3 et de 25 points de base.
Plus que la douloureuse facture, cette affaire risque de relancer la controverse et installer Ecobank dans les unes des medias. Selon des confidences, d’autres plaintes sont en cours en vue d’entendre tous ceux qui ont eu à diriger la banque de 2007 à nos jours. Pour sûr, Albert Essien, qui a déjà atteint l’âge de la retraite risque de provisionner, ce qui affectera ses performances en tant que CEO. Les assemblées générales de 2015 seront explosives. Ecobank n’est pas encore sortie de l’auberge.