Bralirwa, le premier brasseur rwandais, et longtemps la coqueluche de la jeune bourse de Kigali (le titre a progressé de 525 % depuis son introduction en bourse en janvier 2011),aurait-il perdu la main ?
Par Jacques Leroueil, Kigali
Après des années de forte croissance, l’entreprise, filiale à 75 % du géant néerlandais Heineken, a dévoilé des performances en berne lors de la publication de ses résultats annuels de 2013 cette semaine et concédé “des conditions difficiles” : recul de 0,6 % du volume des ventes (1,65 millions d’hectolitres contre 1,66 millions en 2012) et profit net en baisse de 18,8 % (de 19 milliards [27,5 millions de$] à 15,46 milliards de francs rwandais [22,4 millions de $]) pour un chiffre d’affaires quasiment inchangé (+2% à 78,5 milliards de francs rwandais [113,8 millions de $] en 2013).
La hausse des taxes imposées sur les produits importés enRépublique Démocratique du Congo depuis l’année dernière, principal marché à l’export de l’industriel rwandais, explique en grande partie cette conjoncture plus délicate : sur une année, la production exportée s’est contractée de 29 %. De quoi susciter nombre d’interrogations parmi les investisseurs et obliger la direction à clarifier sa stratégie.
Cité ce vendredi dans les médias locaux, Jonathan Hall, le Directeur général de la Bralirwa (photo), a ainsi confirmė que le brasseur allait renforcer sa stratégie d’expansion sur les nouveaux marchés est-africains, tout en reconnaissant que le maintien de taxes d’importations élevées au Congo continuerait à poser des difficultés sur le court terme.“Comme le marché de RDC devrait demeurer difficile, nous allons explorer de nouveaux marchés chez nos voisins de la Communauté est-africaine. Nous devrions à ce titre acccroître significativement nos investissements afin de tenir compte de la croissance future anticipée”, a précisé Jonathan Hall.
Un renforcement de l’outil de production qui a d’ores et déjà commencé : la Bralirwa a récemment mis 42,25 milliards de francs (61,2 millions de $) sur la table pour acheter de nouveaux équipements dans la région de Rubavu (Nord-Ouest du pays), où se trouve sa principale unité de production.
Reste à voir si cela suffira pour s’imposer sur ces nouveaux marchés hautement compétitifs, solidement tenus aujourd’hui par une poignée de grands brasseurs (East African Breweries, Nile Breweries, Uganda Breweries, SAB Miller).