L’étude de l’agence FinAfrique (Voir ici) intitulée « comment valoriser une banque en Afrique » a rencontré beaucoup d’échos positifs dans la profession. L’un des auteurs de la recherche répond à nos questions.
Dans votre rapport, vous mettez l’accent sur la spécificité des banques en Afrique subsaharienne. Qu’est ce qui les différencient de leurs consoeurs Sud-africaines, de celles du Maghreb et de celles de l’Europe en général ?
Dans l’esprit et l’application des méthodes de valorisation, il n’y a pas de différence entre les banques SS, du Magreb ou de l’Europe. Mais nous avons voulu mettre l’accent sur le calcul du coût du capital, paramètre très important dans la valorisation d’une société. En Europe le coût du capital du secteur bancaire évolue entre 9 et 11%, alors qu’en Afrique SS il évolue dans une fourchette de 16% à 18% selon nos estimations. Ce fort niveau prend intègre notamment le risque politique et de défaut et nous voulons à travers ce document partager avec nos clients nos réflexions sur la manière de prendre en compte ces risques.
Des différentes méthodes dans valorisation usitées, quelles sont celles qui sont les plus adaptées pour déterminer les valeurs des banques africaines ?
Les trois méthodes que nous mettons en avant nous semblent adaptées, mais nous avons une préférence pour l’actualisation des dividendes car cette dernière permet de mieux prendre en compte la forte croissance du secteur bancaire africain tout en intégrant le volet réglementaire. Le Warranted equity model à l’avantage de la simplicité dans son implémentation, mais il me semble plus adapté pour valoriser des banques évoluant dans des marché mature avec une faible volatilité de la rentabilité. Enfin la somme des parties est particulièrement intéressante car elle permet de valoriser chaque ligne métiers (banque de détail, banque de financement et d’investissement, ….). Elément très important quand les banques voudront céder une activité ou en acheter une d’une autre banque. Mais à ce jour les informations communiqués par l’essentiel des banques africains ne permettent pas une implémentation rapide de ce modèle de valorisations. A titre indicatif elles ne fournissent pas les encours de risque pondérés par ligne métier.
Au vu de leurs résultats 2012 et 3013, pensez -vous que les banques africaines profitent des dynamiques de croissance des pays africains?
Nous n’avons pas une vision assez large pour nous prononcer, mais nous pensons que le potentiel d’amélioration est encore important. L’Afrique reste sous bancarisée, les banques sont en situation de surliquidité et cet excès de liquidité sera réorienté vers le financement de l’économie à mesure que la confiance s’installera dans le système, la croissance économique devrait rester dynamique et la population continuer de croître à un rythme supérieur à la moyenne des pays développés.
Certaines privatisations des banques publiques (cas du Togo) se sont faites par processus d’appel d’offres public. Pensez-vous que ce procédé permet de céder les actifs à leurs valeurs réelles ?
Oui, puisque la confrontation entre l’offre et la demande débouche sur un prix. Dans ce type de processus, les acquéreurs font des offres fermes après avoir eu accès aux comptes et valorisé la banques sur la base notamment des modèles présentés dans notre document. Généralement la meilleure offre financière l’emporte.
La Côte d’Ivoire va céder quelques banques publiques par la voie de la Bourse. Un tel chemin permet-il d’obtenir une valeur de cession proche de la valeur mathématique déterminée par une agence comme FinAfrique?
Le principal avantage de cette procédure de cession est qu’elle vous donne accès à une plus large gamme d’investisseurs que dans le cas d’un appel d’offre. Mais il n’est pas garanti que dans le cas d’une cotation boursière la valorisation de la banque soit plus élevée que dans le cadre d’une privatisation par appel d’offre. En revanche, les modes de valorisation utilisées sont globalement les mêmes.