L’Office chérifien des phosphates (OCP) s’est vu attribué la note BBB- avec perspective négative par l’agence Standard & Poor’s. C »est la première entreprise notée par S&P au Maroc et au Maghreb. C’est également, la première entreprise notée en catégorie investissement en Afrique (hors Afrique du Sud).
Premier exportateur mondial de produits phosphatés, utilisés principalement comme engrais, l’OCP est la première entreprise marocaine par le chiffre d’affaires, estimé à 5,5 milliards de dollars en 2103. Le groupe constitue également la première source de devises et d’export du royaume, ainsi qu’un employeur et un contribuable important.
L’OCP est détenu à près de 95% par l’Etat, qui lui a attribué un monopole sur les phosphates dès sa création en 1920. En outre, du fait des liens très étroits entretenus avec l’Etat, l’OCP est influencé par la notation du royaume (BBBN-/négative/A-3). La perspective négative rattachée à la note du conglomérat phosphatier reflète celle du Maroc.
Principaux points forts
- · Une rentabilité importante, en raison de la faiblesse des coûts de production et de transport de la roche phosphorique aux usines de transformation
- · Des réserves considérables : l’OCP est considéré comme détenant plus de 75 % des réserves mondiales de phosphate, soit plusieurs siècles de production
- · Une fiscalité attractive : le taux d’imposition des bénéfices sur les ventes à l’export n’est que de 17,5 %. L’OCP ne paie ni taxes à l’export, ni royalties
- · La demande d’engrais devrait fortement augmenter à long terme, poussée notamment par la croissance démographique mondiale et la diminution des terres arables
- · Une structure bilancielle favorable, avec beaucoup de liquidités et un endettement modéré.
- · Une politique financière prudente, avec un ratio dette nette sur EBITDA limité à 2,5x
- · Des dividendes modérés et aucune acquisition en prévision
Principaux points faibles :
- · La forte fluctuation des profits traduisant la cyclicité du secteur. En 2013 par exemple, l’EBITDA de l’OCP a chuté de 45 %, tandis que sa marge a baissé de 33 % à 23 %. Elle demeure toutefois l’une des plus élevées du secteur
- · Pas d’accès à prix compétitifs à deux matières premières essentielles : l’ammoniaque et le souffre, dont l’OCP est considéré comme le second importateur mondial
- · L’augmentation des capacités de production nécessite des investissements importants et longs. L’OCP prévoit plusieurs milliards de dollar de telles dépenses entre 2013 et 2015 au moins. Cela entraine une augmentation de la dette –déjà constatée en 2013– et donc un affaiblissement des ratios de crédit
- · A l’exception des investissements en efficacité, les rendements, et donc l’amélioration des ratios de crédit, est quelque peu incertaine, car elle dépend des prix de marché
- · Selon nous, l’OCP est exposé au risque pays du Maroc, quasiment tous ses actifs étant situés dans le pays. Nous considérons que le Maroc a un risque pays moyennement élevé (note de 4 sur une échelle de 6)
- · Des engagements de retraites importants (0,8 milliard de dollar à fin 2013)
Une entreprise étroitement liée à l’Etat
Le Maroc détenant près de 95% du groupe, S&P analyse l’OCP selon une méthodologie spécifique (Government-Related Entity).Du fait des liens très étroits entre le L’Etat et l’OCP, l’agence S&P qu’il existe une très forte probabilité que l’Etat fournisse un soutien extraordinaire à l’OCP si le groupe devait connaître des difficultés. L’agence estime également que la société ne peut être notée au-dessus du souverain.
Actuellement, la note « intrinsèque » de l’OCP est au même niveau que celle du souverain.
Si la qualité de crédit de l’OCP devait se détériorer sans que celle de l’Etat ne se détériore, la notation du groupe bénéficierait d’un rehaussement en raison du soutien attendu de l’Etat. Si la notation du Maroc était modifiée, cela aurait un impact sur celle de l’OCP.