Les réalisations financières du groupe Maroc Telecom à fin septembre 2013 montrent que la stratégie de développement à l’international de l’opérateur s’avère payante. Les filiales africaines jouent aujourd’hui un véritable rôle de relai de croissance pour un groupe de plus en plus malmené sur son marché domestique par une concurrence très vive de la part des deux autres opérateurs du marché –Méditel et Inwi-, particulièrement d’Inwi qui lui grignote annuellement des parts de marché.
La situation est d’autant plus difficile que le marché marocain commence à montrer des signes de maturité et de saturation avec un taux de pénétration dépassant 110 % au niveau du mobile, principal segment du marché, et que la conjoncture économique est moins favorable qu’auparavant.
Dans ce contexte, si l’opérateur peut se targuer d’afficher encore les meilleurs marges du marché (marge Ebitda et Ebita) avec des niveaux que lui envient les opérateurs du secteur, il n’en demeure pas moins que ses indicateurs d’activité et de résultats ne cessent de s’étioler au cours de ces dernières années sur le marché local. Les baisses de prix causées par l’intensification de la concurrence et les décisions des autorités à réduire les tarifs des communications jugés élevés ont impacté négativement sur les performances financières de l’opérateur au Maroc.
L’activité Maroc en baisse
Ainsi, sur le marché marocain, en dépit de la hausse du parc mobile de l’opérateur de 1,6 % du parc mobile à 18,3 millions de clients, à fin septembre 2013, comparativement à la même période de l’année dernière, le chiffre d’affaires a reculé de 8,4 % à 16,12 milliards de dirhams. Le recul des prix lié à l’adoption de la tarification à la seconde dans le mobile prépayé et les baisses des tarifs de terminaison d’appels depuis janvier 2013 expliquent en grande partie cette contraction du chiffre d’affaires. Parallèlement, l’Ebitda (résultat opérationnel avant amortissement) a reculé de 6,9 % à 9,47 milliards de dirhams et l’Ebita (résultat opérationnel) a légèrement progressé de 0,1 % à 6,87 milliards de dirhams. Du coup, la marge opérationnelle des activités Maroc s’est améliorée pour atteindre 42,6 %. Toutefois, cette situation est à relativiser car se justifiant uniquement par la non récurrence de la charge de restructuration enregistrée en 2012 dans le cadre du programme de départs volontaires initié par le Groupe. Pour preuve, en retraitant cet élément exceptionnel, l’Ebita enregistre une forte baisse de 10,3 %.
Les contreperformances enregistrées au niveau du marché marocain on été largement compensées par les bonnes performances des filiales africaines du Groupe –Mauritel (Mauritanie), Sotelma (Mali), Onatel (Burkina Faso) et Gabon Telecom (Gabon). Celles-ci ont vu leurs parcs mobile croître de 19 % grâce notamment aux importants investissements consentis par le groupe pour étendre et améliorer la qualité de leurs réseaux. Et grâce à une conjoncture économique plus favorable dans ces pays et des marchés encore sous équipés, ces filiales ont enregistré un chiffre d’affaires global en hausse de 9,5 % à 5,71 milliards de dirhams, pesant ainsi 26,6 % du volume d’affaires du Groupe. Grâce à l’optimisation des charges et l’effet du programme des départs volontaires, l’Ebitda des filiales a évolué de 23 % à 2,91 milliards de dirhams améliorant la marge Ebitda des filiales de 5,8 points à 51 %. Mieux, l’Ebita a progressé de 44,4 % pour s’établir à 1,78 milliard de dirhams avec à la clé une amélioration de la marge Ebita de 7,5 points.
Marge d’Ebitda de 57,7 %
Ainsi, grâce à ces performances, les filiales africaines jouent un rôle important au sein du groupe Maroc Telecom en tant que relais de croissance. Elles ont ainsi permis d’atténuer la baisse des principaux indicateurs du groupe consécutive à l’activité Maroc. Grâce à leur apport, le chiffre d’affaires consolidé du groupe n’a affiché qu’un recul de 4,7 % à 21,47 milliards de dirhams à fin septembre 2013. L’Ebitda du groupe s’est contracté de 1,1 % à 12,38 milliards de dirhams grâce à la bonne performance des filiales. Avec une baisse moins importante que celle du chiffre d’affaires, la marge d’Ebitda s’est améliorée de 2,1 % à 57,7 %. Mieux, l’Ebita du groupe a affiché une hausse de 6,9 % à 8,65 milliards de dirhams et ce malgré la hausse des charges d’amortissement consécutives à l’effort d’investissement du groupe de 3,6 %. Toutefois, cette performances est un peu à relativiser sachant que l’exercice 2012 comptabilisait une provision de restructuration de 800 MDH. Hors cet élément exceptionnel, l’Ebita du groupe recule de 2,7 %.
Par ailleurs, le groupe continue à dégager du cash avec des flux nets de trésorerie opérationnels en recul de 1,9 % à 7,61 milliards de dirhams grâce à une hausse du cash des filiales de 68,8 % atténuant la baisse de 11,2 % enregistrée au niveau du Maroc.
En tout cas, le marché boursier est resté de marbre face à la publication des résultats au terme du troisième trimestre de l’année en cours. Les investisseurs et les actionnaires sont plus préoccupés par les discussions relatives à la cession de la participation de Vivendi dans Maroc Telecom à l’émirati Etissalat qui perdurent, selon certaines sources, à cause d’un différentiel concernant la valorisation de l’opérateur télécom marocain. Une valorisation qui a d’ailleurs porté préjudice au cours boursier de Maroc Télécom en recul de 6,7 % depuis le début de l’année à 98,8 dirhams alors que le marché n’affiche qu’une légère baisse de -0,40 %.