La première édition du Salon Monétique National s’est ouverte ce mercredi 5 décembre à Dakar, autour du thème : « Paiements numériques et inclusion financière : Enjeu de souveraineté monétaire en Afrique de l’Ouest ». Organisé conjointement par le Comité Monétique National (CMN), l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Sénégal (APBEF) et le Groupement Interbancaire Monétique de l’UMOA (GIM-UMOA), cet événement constitue un cadre de réflexion stratégique sur l’avenir des transactions financières, tant pour le continent que pour le Sénégal.
Dans ce cadre collaboratif, les banques, fintechs, opérateurs de paiement, régulateurs, institutions publiques et grand public se sont réunis pour aborder les défis majeurs de la digitalisation. Ainsi, les discussions portent simultanément sur les transformations profondes du secteur financier, l’essor des infrastructures de paiement, l’innovation technologique et les enjeux liés à la souveraineté monétaire dans une région en pleine intégration.
Par ailleurs, la monétique apparaît de plus en plus comme le moteur central de l’inclusion financière. L’accélération de l’adoption des services numériques, la multiplication des innovations et la démocratisation des services financiers grâce aux cartes, aux terminaux et au mobile témoignent d’une mutation irréversible.
Cependant, cette croissance rapide soulève un enjeu crucial : la confiance des usagers. Sans elle, aucune innovation ne peut s’ancrer durablement. La sécurité, la qualité de service et la transparence deviennent donc des exigences incontournables. C’est dans cette perspective que le rôle de l’Observatoire de la Qualité des Services Financiers (OQSF) et du Médiateur des banques s’avère déterminant, notamment pour garantir la protection des consommateurs dans un marché en pleine expansion, a souligné Banda Diop, Médiateur des Banques, des institutions de microfinance et de la Poste au sein du Ministère des Finances et du Budget du Sénégal.
Les intervenants : un dialogue cohérent pour un écosystème renforcé
François SENE, Directeur national de la BCEAO, ouvre la réflexion en soulignant que l’essor rapide des technologies de paiement cartes, transactions en ligne ou portefeuilles électroniques représente une opportunité majeure pour renforcer l’inclusion financière, réduire la pauvreté et soutenir l’émergence économique. Toutefois, il rappelle que cette dynamique exige une vigilance accrue, notamment en matière de sécurité, de cadre réglementaire et d’éducation financière.
Dans le prolongement de cette analyse institutionnelle, Minayegnan COULIBALY, Directeur général du GIM-UEMOA, met en lumière une réalité frappante : malgré une croissance supérieure à 20 % par an des paiements digitaux, plus de 80 % des transactions restent effectuées en espèces. Selon lui, chaque transaction numérique constitue pourtant un indicateur économique précieux, donnant aux États, à la Banque centrale et aux institutions financières une visibilité en temps réel sur les tendances de consommation, d’épargne et d’investissement.
Prenant le relais, Ndéye Aminata DIALLO, Présidente du CMN Sénégal, insiste sur l’impact structurel des paiements numériques. Pour elle, ils ne sont pas une simple commodité, mais un levier puissant de transformation économique, capable d’atteindre même les zones rurales les plus reculées grâce au mobile money, aux fintechs et aux plateformes de paiement. Elle rappelle également que la réduction des risques liés au transport d’espèces favorise la formalisation de l’économie, ouvrant l’accès au crédit, à l’épargne et à l’historique financier pour des millions d’individus. Toutefois, elle souligne que cet essor soulève un défi majeur : la souveraineté monétaire, désormais au cœur des préoccupations régionales.

