Au Cameroun, grâce à l’amélioration de l’exécution des décisions de justice, 15,7 milliards de FCFA (environ 27,2 millions USD) ont été reversés au Trésor public à fin septembre 2025. L’information a été révélée le 26 novembre 2025 par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, lors de la présentation aux députés du Programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2026.
Dans le détail, le Trésor public a enregistré le dépôt de 10,2 milliards de FCFA (17,7 millions USD) au titre du remboursement du corps du délit (valeurs confisquées ou saisies dans le cadre des affaires pénales). À cela s’ajoutent 5,5 milliards de FCFA (9,5 millions USD) issus des condamnations pécuniaires, comprenant les amendes, frais judiciaires et réparations financières imposées aux contrevenants.
« Ce niveau de performance constitue l’un des plus élevés enregistrés ces dernières années et traduit, selon plusieurs sources du ministère de la Justice, un renforcement des mécanismes de recouvrement », analyse un responsable au ministère des Finances. Pour qui, « les améliorations observées s’expliquent notamment par une meilleure coordination entre les greffes, les huissiers de justice et les comptables publics, ainsi que par l’usage croissant des outils numériques pour le suivi des décisions ». L’on se souvient à cet effet que, ces dernières années, le gouvernement avait fait de l’exécution des jugements un axe central de sa stratégie d’assainissement du climat des affaires, souvent critiqué pour ses lenteurs et son manque de fiabilité.
Ce qui pousse les acteurs économiques à considérer cette évolution comme « un enjeu majeur ». Estimant qu’« une justice capable de faire respecter ses décisions renforce la sécurité juridique, rassure les investisseurs et améliore la prévisibilité des transactions ». Dans un contexte où le pays cherche à attirer davantage de capitaux privés, ces avancées sont perçues comme un signal positif, notamment dans les secteurs exposés aux litiges commerciaux, comme la finance, les infrastructures ou les industries extractives.
A l’analyse, sur le plan budgétaire, la mobilisation du montant décliné par le Premier ministre camerounais devant les députés constitue également « une ressource appréciable pour l’État, à un moment où les autorités intensifient leurs efforts de financement interne », soutient Dr Biada, un économiste camerounais. Comme lui, des experts appellent toutefois « à consolider ces progrès en réduisant davantage les délais d’exécution et en modernisant l’ensemble du processus judiciaire ».
Si ces résultats traduisent une justice devenue au fil des ans un levier économique, et non plus un frein, dans la dynamique nationale de compétitivité, il n’en demeure pas moins qu’elle est régulièrement classée par la Commission nationale anti-corruption (CONAC) et l’Institut national de la statistique (INS) parmi les cinq institutions les plus perçues comme corrompues au Cameroun. Juste derrière les transports routiers, les affaires foncières, les forces de l’ordre et les finances.

