Au cours d’une assemblée générale constitutive tenue le 5 juin 2025 à Yaoundé, et que présidait le ministre de l’Environnement, Pierre Hélé, 15 premiers actionnaires, parmi lesquels l’État, des collectivités locales et des entreprises privées, ont consenti à la création officielle de la Bourse nationale des déchets (BND), l’unique dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). A travers ce projet, l’Etat du Cameroun voudrait structurer un marché de la gestion des déchets en proie à une croissance rapide de la production de déchets et à des taux d’enlèvement encore insuffisants.
Dans sa constitution juridique, la BND est conçue sur le modèle d’une société d’économie mixte dont le capital social est de 290 millions de FCFA (493.000 USD). Soit 160 millions de FCFA (272.000 USD) détenus par l’État, représenté par le ministère de tutelle, et les communes d’Ebolowa et de Kumba, et 130 millions de FCFA (221.000 USD) représentant les actions de 12 investisseurs privés opérant dans les filières de collecte, tri, recyclage ou valorisation des déchets, chaque action valant 4 millions de FCFA.
Selon des sources proches de ce dossier, la BND a été bâtie sur un modèle économique permettant à ces investisseurs d’être en même temps actionnaires et potentiels clients ou fournisseurs. Il est prévu que la Bourse fonctionne comme « une place de marché virtuelle, connectant l’offre et la demande de déchets à potentiel économique, avec une ambition déclarée de structurer les flux d’échanges, d’en établir les prix indicatifs, et de faciliter l’accès aux intrants pour les industriels du recyclage », peut-on lire dans le communiqué final de l’assemblée générale constitutive de cette entité prévue pour être opérationnelle dès le mois de juillet 2025.
Pour rappel, la création de la BND intervient alors que le secteur de la gestion des déchets connaît d’énormes difficultés au Cameroun. En effet, la production annuelle urbaine est passée de 3,4 millions en 2007 à plus de 6 millions en 2025 tandis que les capacités d’enlèvement sont respectivement de 45% et 69% à Yaoundé et à Douala, les deux plus grandes villes du pays.
Par ailleurs, la BND est créée à la suite des états généraux sur la gestion des déchets en milieu urbain, tenus à Yaoundé en mai 2025. Des assises au cours desquelles les participants avaient recommandé « une gouvernance renouvelée du secteur et le développement de mécanismes économiques pour améliorer les performances du système ». L’on attend désormais que l’Etat nomme le top management de cette société dont le seuil de rentabilité devrait être atteint dès la troisième année d’exploitation avec la souscription d’un plus grand nombre de collectivités territoriales décentralisées.