La capitale économique ivoirienne accueille cette semaine les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), une édition placée sous le signe de la transition et de la réflexion stratégique. C’est dans l’enceinte prestigieuse du Sofitel Hôtel Ivoire qu’Akinwumi Adesina, président sortant de la BAD, a présenté le bilan de ses dix années à la tête de l’institution panafricaine.
Devant un auditoire composé de chefs d’État, de ministres, de dirigeants d’institutions financières et de partenaires au développement, le Nigérian a mis en avant les résultats de son programme emblématique, les « High 5 » : électrifier, nourrir, industrialiser, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains. Selon M. Adesina, ces initiatives ont permis d’impacter plus de 565 millions de personnes sur le continent. « Notre vision était simple : faire de la BAD une banque plus efficace, plus proche de ses États membres, plus agile et plus ambitieuse pour l’Afrique », a-t-il affirmé.
Sous le thème « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », ces assemblées interviennent dans un contexte de rareté des financements internationaux, de retrait progressif de certains partenaires historiques comme les États-Unis, et d’instabilité géopolitique croissante. Pour Nialé Kaba, ministre ivoirienne du Plan, le message est clair : il faut désormais miser sur les ressources propres du continent – son capital humain, naturel et culturel.
Le président Alassane Ouattara a salué l’action d’Adesina, qu’il a qualifié d’architecte de la transformation de la BAD, tout en appelant à une continuité stratégique. « Le prochain président devra poursuivre et accélérer la dynamique insufflée afin de maintenir la BAD au cœur du développement socio-économique du continent », a-t-il déclaré.
Cinq candidats sont en lice pour succéder à Akinwumi Adesina : Amadou Hott (Sénégal), Sidi Ould Tah (Mauritanie), Samuel Munzele Maimbo (Zambie), Mahamat Abbas Tolli (Tchad), et Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud). Le nom du nouveau président devrait être dévoilé à l’issue des assemblées, mais il ne prendra ses fonctions qu’en septembre 2025.
Défis
A noter que la BAD, depuis 2015, a connu une transformation profonde sous la houlette d’Adesina, renforçant son rôle de moteur du développement africain et sa capacité de réaction face aux crises sanitaires et géopolitiques. Il a plaidé pour une réforme de l’architecture financière mondiale et une mobilisation accrue des ressources pour le continent.
Néanmoins, les défis demeurent : une pauvreté persistante (près de 700 millions d’Africains touchés), les impacts du changement climatique, la nécessité d’une diversification économique et d’un renforcement de la résilience financière.
Plus que jamais, la BAD est appelée à jouer un rôle de catalyseur d’innovation et de souveraineté. Dans un monde marqué par la fragmentation économique et la montée des tensions protectionnistes, le futur président devra accroître l’influence de l’institution dans les forums internationaux, développer sa capacité à mobiliser des ressources, et faire preuve d’agilité face aux urgences climatiques et économiques.