Par Cabral LIBII LI NGUE NGUE, député camerounais.
Les élections présidentielles se suivent en Afrique avec leur lot de surprises souvent positives, parfois moins. Il y a peu, le Sénégal poursuivait sur sa lancée révolutionnaire. Le peuple et l’opposition s’opposaient fermement aux manipulations, aux intimidations et à la brutale répression du président sortant qui hélas a laissé une trentaine de citoyens sur le carreau. Ancien candidat à la présidence camerounaise en 2018 et futur candidat pour les élections de 2025, je me fais observateur officieux des scrutins présidentiels qui se déroulent dans les pays frères du continent.
J’ai eu l’occasion de dire ma satisfaction par rapport au processus électoral de grande qualité réussi par le Sénégal. Le comportement de celui qui est aujourd’hui le premier ministre pour avoir laissé sa place de candidat à la présidence à un cadre de son parti parce qu’il était frappé plus ou moins légalement d’inéligibilité, est, lui aussi, à marquer d’une pierre blanche dans le processus de maturité politique des nations africaines. Les élections en Afrique se suivent et ici ou là, on note de réels progrès dans le processus démocratique. La Mauritanie, pays voisin du Sénégal, a élu son président le 29 juin 2024. L’élection de Mohamed Cheikh Ould Ghazouani le président sortant a été validée par le Conseil constitutionnel avec 56,12 % des voix dès le premier tour. Un président africain disait que l’on n’organise pas les élections pour les perdre. Ceci se vérifie d’ailleurs souvent sous d’autres hémisphères.
Mais les nombreux observateurs et la presse étrangère ont aussi globalement reconnu la transparence de ce processus, la qualité du travail de la Commission Électorale indépendante (CENI) qui a publié en ligne les résultats successifs en temps réel avec copie des procès-verbaux du vote. Aucun candidat parmi les perdants n’a contesté ces résultats et beaucoup de pays dont les États-Unis ont félicité le président élu. Il est intéressant de noter que dans ce vaste pays de plus d’un million de kilomètres carrés, avec des villages disséminés dans le vaste désert, la CENI est capable de publier les résultats bureau par bureau en temps réel et de donner le résultat final moins de vingt-quatre heures après la fermeture des bureaux de vote. L’élu de la nation camerounaise que je suis, ne peut que féliciter ce pays frère pour cette performance. En espérant que ceci serve d’exemple à d’autres. Je ne saurai clore ce point de vue sans m’incliner devant les trois décès qui ont suivi les résultats et que l’on attribuerait à une bavure policière. Je compte sur les pouvoirs publics et les forces de l’ordre à faire la clarté sur cette triste affaire, comme il a d’ailleurs été annoncé. J’invite la société mauritanienne à poursuivre sur la voie du développement, de la paix sociale et de la sécurité dans laquelle elle s’est résolument engagée et que rien ne doit venir freiner.