Les débats sur la finance verte lors de la 5e édition des FAA, tenue ce jeudi 8 décembre à Lomé, ont été intenses et riches d’enseignements.
Les panélistes ont abordé deux questions fondamentales à savoir comment développer la finance verte en Afrique et articuler les urgences à court moyen et long terme pour assurer un développement durable.
Parmi les urgences, l’on cite l’urgence climatique, l’urgence démographique et l’urgence agricole et alimentaire.
Pour la première, elle s’explique du fait que l’Afrique est gravement menacée par les effets du changement climatiques avec une baisse du rendement de la productivité agricole.
Si l’on se fie aux statistiques officielles, sur les 20 dernières années, on estime que 40% de la variation de la productivité dans le domaine agricole en Afrique, sont liés au changement climatique. Une contre performance qui impacte (du fait que l’agriculture est le moteur du développement) significativement le PIB des pays africains avec une perte comprise entre 3,7% et 11,7%.
Pour la deuxième, l’enjeu est de taille car la population africaine relativement jeune double chaque 25 ans. Ce qui nécessite une demande forte en énergie et d’éducation, entre autres.
Pour la troisième, elle est devenue une nécessité car la population africaine souffre d’insécurité alimentaire notamment en Afrique de l’ouest où près de 40 millions de personnes sont concernées (10% de la population).
Résoudre « l’injustice climatique »
Dans son intervention, l’économiste togolais, Kako Nubukpo, a insisté sur le fait que les pays industrialisés qui polluent le plus, doivent résoudre cette « injustice climatique ».
« L’Afrique ne produit que 4% des gaz à effet de serre alors qu’elle représente 17% de la population mondiale. C’est pour ça qu’il y a une injustice. Mais elle n’est pas due que nous ne produisons que 4% de gaz à effet de serre, c’est parce que nous représentons 17% de la population mondiale et si on devait faire une sorte de lien tout à fait linéaire, nous devrions produire 17% des gaz à effet de serre », a déclaré le professeur, ajoutant que « cet écart nous doit être redonné. C’est en cela qu’il faut travailler sur la justice climatique ; mais pire encore, nous rendons des services écosystémiques majeurs au reste du monde, qui ne sont pas rétribués ».
La forêt du bassin du Congo, souligne-t-il, c’est l’un des deux poumons de la planète avec l’Amazonie. Si on devait faire de la déforestation comme on fait en Amazonie, bientôt la planète ne serait plus vivable. Mais le fait qu’on ne fait de la déforestation au Congo est un service que l’on rend au reste du monde parce que si tel était le cas comme dans le reste du monde depuis des siècles, c’est toute la planète qui périrait.
Donc il y a fondamentalement, se résume Kako Nubukpo, une justice climatique dans l’impératif de demande de réparation et de rétribution de la part du reste du monde.
Par ailleurs, l’universitaire à préconiser des solutions à long terme pour préserver les biens communs des pays africains. Il s’agit d’identifier les ressources, les parties prenantes, et l’édiction de règles claires de gouvernance. De sorte que l’Afrique puisse préserver pour les générations futures ses biens communs.