Ecobank Côte d’Ivoire est dans la tourmente à cause de sa filiale Asset management. Dirigée jusqu’à il y a peu par Mike Coffi, Ecobank Asset Management est épinglée sur près de 60 milliards de FCFA (90 millions d’euros) de placements non conformes aux règles régissant la gestion des Fonds Communs de Placement (FCP).
L’affaire a été tranchée par le gendarme du marché, le CREPMF, qui a été sévère dans la sanction. Ainsi, Mike Coffi est interdit d’exercice pour dix ans alors que le PCA, qui n’est autre que Paul Harry Aithnard, Directeur général d’Ecobank Côte d’Ivoire, a été forcé de rendre le tablier en tant que PCA, après une année 2020 tumultueuse sur le plan social.
Si à priori sa fonction de DG d’Ecobank Côte d’Ivoire avec un statut de patron des filiales UEMOA d’ETI n’entre pas dans le périmètre de la sanction prononcée par le CREPMF, rien n’indique que la Commission bancaire de l’UEMOA abondera dans le même sens. De folles rumeurs vite démenties évoquent une possible affectation de Paul-Harry Aithnard à Paris en remplacement de Ibrahima Diouf, débauché par la BOAD. Au siège d’Ecobank Transnational Incorporated (ETI), l’affaire est suivie de près par le CEO Ade Ayeyemi, qui a toujours considéré Paul Harry Aithnard comme un potentiel rival. Les deux hommes avaient postulé pour le poste de CEO d’ETI au détriment du Togolais disqualifié en raison de son expérience modeste dans l’exploitation bancaire.
Si pour l’instant, le volet pénal du dossier de la gestion de la filiale d’asset management ne peut être écarté, il ne demeure pas moins que cette affaire qui secoue le secteur financier de l’UEMOA aura le mérite de poser sur la table la question de l’encadrement et la régulation du secteur financier et la responsabilité du Conseil d’administration dans la gouvernance des entreprises et des institutions financières en particulier.
Dans un contexte de crise Covid où les banques risquent de voir leurs résultats dégradés en raison de la défaillance de nombreuses entreprises, le régulateur et la commission bancaire seront-ils plus stricts dans la supervision du fonctionnement des Conseils d’administration ?
Au début 2020, Ecobank Asset Management gérait 180 milliards de FCFA à travers une palette de fonds commun de placement action et obligataire avec près de 27% de part de marché.
“Notre succès provient de la qualité de nos gérants et commerciaux ainsi que notre esprit ouvert à l’innovation”, déclamait Mike Coffi à Financial Afrik. La société avait attiré Proparco, Saham, Allianz et, entre autres, Sunu. Grande est la désillusion.