Une nouvelle usine, Pharmalagasy a été inaugurée par le président Andry Rajoelina ce vendredi 02 octobre à Tanjobato. Bâtie sur le site de l’ancienne usine de l’OFAFA, l’inauguration de Pharmalagasy est présentée par le gouvernement comme le socle de la nouvelle filière pharmaceutique nationale.
Pharmalagasy fait partie du volet sanitaire du Plan Emergence Madagascar (PEM) voulut par le président Malgache afin de faire rentrer la Grand-Ile dans la catégorie des pays en développement. Nonobstant l’autonomie sanitaire qu’elle facilite, la maitrise de la chaine de valeurs dans la production de médicaments comporte d’autres enjeux pour le pays. C’est le cas de la branche des médicaments à base de plantes, et la médecine traditionnelle en général, sur lesquelles se positionne Madagascar. Les perspectives sont t prometteuses car le marché pharmaceutique africain est valorisé dans les $65 milliards et compte encore peu d’acteurs. De la même façon le marché mondial des médicaments à base de plantes devrait atteindre $129 milliards d’ici 2023. Adossée à sa flore endémique et son expérience en développement médicamentaire, Madagascar veut s’afficher comme un nouvel entrant africain aussi bien concurrentiel qu’éthique.
Bâtir une filière d’export
Madagascar semble ambitionner de faire partie du club très fermé des pays africains autosuffisants dans leur production médicamenteuse (Maroc et Afrique du Sud). L’usine Pharmalagasy, dispose de matériels higth tech et se présente conforme aux normes internationales GMP/FDA. Elle aura la capacité de produire 15 milles Gélules et 240 flacons par minutes soit 32 millions de gélules par jour. Si à terme l’usine sera en mesure produire une douzaine de médicaments (diabète, l’asthme, le paludisme), son principal chantier est pour le moment la production du remède/complément alimentaire CVO+ , à base d’Artemisia, développé par l’Institut Malgache de Recherches Appliquées (IMRA). C’est le troisième remède à base d’Artemisia développé et produit par Madagascar en six mois : le Tambavy CVO, l’injection à base d’Arsunate (dérivé de l’Artemisia) et maintenant le CVO+ (Artémisia et de Ravintsara) qui est un complément alimentaire préventif.
L’usine qui sera adossée pour sa R&D à l’IMRA comptera également comme partenaire le Centre National d’Application de Recherche Pharmaceutique (CNARP). Le savoir-faire de ce centre sera mis à contribution dans les tests in vivo et in vitro des médicaments, nécessaires à l’évaluation de leur conformité.
Il semble clair que le pays cherche à se montrer compétitif et crédible à l’export, notamment sur le marché africain, dont les acteurs continentaux sont encore. L’annonce du partenariat avec le français Bionexx, fournisseur de nombreux pays africains et qui sera chargé de faciliter la commercialisation des médicaments à base d’Artemisia, plaide en ce sens. Via l’AGOA et l’APE, l’usine disposera également de débouchés en Amérique et en Europe. Au total c’est un marché de 900 millions d’individu auquel aura virtuellement accès la production de l’usine Pharmalagasy.
Développement des marchés locaux et du pouvoir d’achat
Outre ses perspectives d’export, la nouvelle usine a été explicitement présenté comme un vecteur de croissance interne par le Président Malgache lors de son discours d’investiture. L’usine embauchera environ 80 personnes, ce qui pourrait alors générer au moins le double d’emplois indirects. La direction de l’usine à par ailleurs annoncé vouloir privilégier une production s’appuyant sur des fournisseurs locaux (plantes médicinales). La production locale ne concerne pas uniquement des impératifs de traçabilité et de qualité.
L’un des buts affichés de l’usine Pharmalagasy est de faciliter l’accès aux médicaments des foyers malgaches, et cela à un prix abordable. Les dépenses de soins représentent 60% des revenus individuels en Afrique, notamment du fait du déficit de la production continentale qui implique une surenchère de la tarification via les dépenses logistiques (jusqu’à 90% du prix). A ce titre les autorités malgaches considèrent que la création, puis la consolidation, d’une filière industrielle pharmaceutique serait en mesure de baisser de 30% la tarification (via une production en médicaments génériques) tout en réduisant la balance commerciale négative du pays dans la circulation des médicaments (-$146,200 millions). Un modèle économique qui intéresse d’ores et déjà l’ONU, qui était présente lors de l’inauguration de l’usine via la représentante de l’OMS à Madagascar, Charlotte Ndiaye.