Voici les conclusions de l’épisode 15 de l’enquête de Laurent Mucchielli sur le coronavirus. Cette partie intitulée « Les chiffres de la mortalité liée au Covid-19 : premier bilan« , a été publiée sous la signature de Dominique Andolfatto et Dominique Labbé.
L’épidémie de covid-19 a donc fait en France au moins 38 000 victimes au 31 mai 2020 mais, selon l’INSEE, au 30 avril, le surcroît de mortalité par rapport aux années antérieures est de l’ordre de 22 000 à 26 000 victimes.
Notre analyse statistique montre que, pour la France, aucune des justifications habituellement avancées ne peut expliquer les écarts considérables constatés dans les taux de mortalité à l’hôpital (afflux des patients, débordement des capacités hospitalières, plus ou moins grande gravité des cas hospitalisés)
Il est donc impossible d’affirmer que les hôpitaux français ont tous traité de la même manière les malades, ce qui pose quelques questions dérangeantes.
Comment expliquer que les malades hospitalisés pour covid-19 sont morts 2,5 fois plus à Paris qu’à Toulouse ou qu’en outre-mer ? Pourquoi est-on mort deux fois plus dans les hôpitaux mosellans, ou de Meurthe-et-Moselle, que dans ceux du Var ou des Bouches-du-Rhône ? Ou encore 1,6 fois plus dans la région parisienne que dans les Bouches-du-Rhône ? Pourquoi une différence de près de 50 % de mortalité entre des départements voisins comme le Var et les Alpes-Maritimes ? Voire de 1 à 3 entre la Haute-Corse et la Corse-du-Sud ? Pourquoi la mortalité à Paris est-elle significativement plus élevée que dans le reste de l’Ile-de-France et dans la plupart des départements de province, alors que les hôpitaux parisiens sont richement dotés et que les plus grands spécialistes y travaillent ?
Bien sûr, il serait intéressant d’examiner cette situation au niveau des hôpitaux. Les résultats seraient sans aucun doute encore plus contrastés, mais il n’existe pas à ce niveau de transparence.
Tous ces constats et ces questions, s’agissant d’une même pathologie, touchant des personnes au profil assez comparable, ne peuvent renvoyer qu’au système de soins, aux pratiques mises en œuvre et surtout aux traitements.
A l’heure du bilan définitif, il faudra comprendre pourquoi une partie du système hospitalier français a semblé dépassé – spécialement au cœur même de ce système dans les établissements les plus prestigieux – alors qu’une autre partie a fait face à l’épidémie avec plus de succès.
Enfin, le questionnement de l’action gouvernementale ne pourra pas être esquivé. En effet, en mars 2020, les autorités françaises se sont posées en « chefs de guerre » face à l’épidémie. Elles ont eu recours à un « confinement » général extrêmement dur pour tenter de ralentir la diffusion du virus dans le pays. De plus, les autorités ont mis sur la touche la médecine de ville, interdit aux médecins de prescrire certains médicaments et aux pharmaciens de les délivrer ; elles ont levé le secret médical et obligé les médecins à transmettre à l’administration le nom des patients atteints de covid-19. Elles ont édicté une réglementation « sanitaire » tatillonne. Elles ont mis l’économie quasiment à l’arrêt et obéré pour longtemps l’équilibre de l’assurance maladie et de l’assurance chômage sans parler des coups très durs portés au système scolaire.
Or, comme nous l’avons montré, toutes les données empiriques disponibles suggèrent que cette politique n’a pas eu d’effet sur la dynamique de l’épidémie ni sur la mortalité finale, mortalité très lourde par rapport à la plupart des autres grands pays comparables.
Les pays qui ont obtenu les meilleurs résultats face à l’épidémie, ont adopté une attitude exactement opposée : prévention (spécialement protection spécifique pour les personnes à risques), dépistage systématique (particulièrement du personnel soignant), mise à l’écart des malades et soins précoces (souvent avec des traitements comparables à ceux interdits en France). Ces pays ont fait confiance au corps médical et aux citoyens. Ils se sont bien gardés de mettre entre parenthèse les libertés publiques et ils n’ont pas plongé leur économie et leurs assurances sociales dans une crise sans précédent.
Dominique Andolfatto (professeur de science politique, Credespo, Université de Bourgogne Franche-Comté)
Dominique Labbé (chercheur associé en science politique, Pacte-CNRS, Université de Grenoble-Alpes)
Une précédente version de cet article a été publiée dans Revue Politique et Parlementaire le 5 juin 2020. Toute citation doit se faire à partir de cet article de la Revue Politique et Parlementaire.
Les auteurs n’ont reçu aucun financement public ou privé.
18 commentaires
Comparaisons de bas étages. Les pays que vous considérez avoir bien géré la crise ont quelle exposition internationale ? Flux entrant et sortant. Quel était l’âge moyen de leur population infectée par le Covid-19 ?
Le monde entier sait que la région Parisienne était la région la plus touchée en France donc les hôpitaux plus saturés qu’ailleurs. C’est le même schéma dans tous les pays, la ville la plus exposée a été la plus touchée donc avec une mortalité plus élevée qu’ailleurs. Paris est l’une des villes ayant la plus grande densité de population au monde. Qu’en est il dans les pays avec lesquels vous comparez?
Avant d’écrire des articles apprenez comment le virus fonctionne et faîtes des comparaisons honnêtes la prochaine fois ?
PARIS, LA PLUS GRANDE DENSITÉ DE POPULATION AU MONDE AVEC SES 10 MILLIONS D’HABITANTS ?
C’EST UNE BLAGUE ?
MEXICO ?
SHANGHAI ?
LAGOS ?
ET CÆTERA.
CERTES IL Y A PLUS DE MONDE À PARIS QUE MARSEILLE, LYON, LILLE, TOULOUSE ; MAIS TOUT DE MÊME IL NE FAUT PAS EXAGÉRER !
PAM.
JUIN 2020.
Vous feriez mieux de regarder votre Afrique… Ça vous apporte quoi ces dénigrement et desinformations. Les diasporas c’est 10% (insee) de la population française. Pourquoi ? La secu les allocs les aides de toutes sortes… Nos impôts quoi ! Allez plutôt voir ce que cela donne en Angleterre aux Usa au Brésil etc… Et allez voir aussi en Afrique. Ex. Au Sénégal capacité 1635 lits. Le pic en France c’était plus de 30000 hospitalisés pour le seul covid19 !
Chrid t’es le cousin de Macron ? On dirait tu défends l’indefendable. La France a menti et mal gérée la crise, ici les malades rentrés chez avec des dolipranes et contaminés ensuite leurs familles. Il fallait en effet être en insuffisance respiratoire pour être admis à l’hôpital sous respirateur, soit tu guéris, soit tu meurts. Dans les autre pays, on teste, on isole, on soigne… La France n’est plus un grand pays, cette crise à montrer que des pays que la France traite de dictature, ont protégés leurs peuples, alors que la France a préférée les laisser mourir pour causes les lobbies pharmaceutiques et intérêts personnels… Jusqu’à à dire à sa population que porter le masque n’est pas nécessaire et écarté le protocole raoult..
Vive la france, vive la République.
Tout à fait d’accord avec vous au moins vous êtes lucide, et je rajouterai qu’il aurait fallu aller à l’IHU de Marseille pour avoir une bonne prise en charge grâce à la prestigieuse équipe du Professeur Didier Raoult (on teste, on TRAITE, on isole) on ne renvoie pas les gens chez eux sans traitement adéquat.
Voici un magnifique exemple concret de la capacité de personnes évoluant dans le merveilleux monde politique de déformer d’une part les statistiques et d’autre part de considérer que l’analyse du traitement d’une pathologie peut être juste rationalisée par des mathématiques.
Lire un article d’une telle pauvreté scientifique de la part de scientifique est vraiment décevant.
Je suppose que le but et comme d’habitude de faire un buzz, sache que la biologie n’est pas qu’une suite de numéros additionables mais que chaques patients ou établissements sont à analyser indépendamment.
Ou est la répartition par âge des patients dans votre article, leurs antécédents, leurs états de santé pré-covid….
Bref un article avec bien trop de manque de data pour être pris un minimum au sérieux.
Cet article est le constat de ce qui s’est passé. Quel échec, payé au prix fort car de la vie de nos aînés. Vu que nos politiques prennent pour exemple l’Allemagne quand ça les arrange, pourquoi ne pas coordonner l’action médicale de la conduite à tenir en Europe. l’Europe, c’est juste une machine à fric. Je ne me sens pas en sécurité.
Étrange comme article, comparer le pourcentage de décès entre Paris et Toulouse ne veut rien dire par exemple… Pas les mêmes souches de la maladie et le fait d’avoir des hôpitaux surchargés à Paris a évidemment montré qu’ils étaient en surcharge de travail donc moins de temps pour les patients.
N’importe quoi cet article….
Le problème c’est d’écrire un article sur une épidémie sans être statisticien… Diplôme de science po, parlez de politique et pas de sciences merci.
Quant à ces fameuses données empiriques qui font dire que le confinement ne sert à rien… Allons voir du côté de la Suède vous voulez bien ?
Quant aux traitements différents sans les hôpitaux Français, il n’est franchement pas étonnant que les malades n’aient pas été traités de la même façon. Maladie nouvelle ne saurait être traitée de manière efficace du premier coup. Aucun protocole miracle n’a fait ses preuves et de toute façon aucun n’existait au début de l’épidémie…
Votre pertinence semble être entachée d’un parti pris Chrid. L’article en question expose des données probantes et l’analyse semble vous perturber, pourquoi…? Votre contradiction laissant transparaître un soupçon de mépris est à l’image de ce beau pays qui ne cherche qu’à contredire, entre démagogie complaisante et affabulation artificielle… Le temps à compter nos morts, analyser et commenter les articles est finalement perdu et il y a des morts. Sont ils vraiment morts du covid ? Qui a la réponse ? Vous êtes à l’image de nos politiques et d’une partie du consortium médiatico médical. Comment peux on aisément les soutenir ? Votre seule raison valable est finalement de vous en affranchir…
« Il est donc impossible d’affirmer que les hôpitaux français ont tous traité de la même manière les malades, ce qui pose quelques questions dérangeantes. »
ça tombe bien, personne n’a jamais prétendu ça !
Les médecins s’évertuent à dire depuis des mois que lorsque qu’un patient est conduit trop vieux ou trop faible à l’hopital avec un syndrome de détresse respiratoire et une défaille des organes vitaux il est conduit en soins palliatifs et non en réanimation, pour la simple et bonne raison que ça ne servirait à rien à part offrir une mort atroce à ladite personne. La réanimation, c’est pas un cachet et au lit !
Ce qui explique les écarts de mortalité entre hôpitaux, qui sont très banals et qui sont simplement le résultat de l’inégale mortalité entre les hopitaux qui est simplement le reflet de l’inégal développement de l’épidémie en France. Plus l’épidémie est développée, plus il y a risque de voir venir des malades très graves, plus la mortalité augmente.
Il faut arrêter d’écouter Raoult, ce n’est pas parce qu’il se prétend grand scientifique que c’est le cas, tout le monde se moque de lui à présent.
La différence de morts tient surtout en compte le nombre de tests pour trouver des personnes positives covid19.
Plus tu en trouves, plus tu as des personnes asymptomatiques donc qui ne seront pas malades.
Donc le rapport morts/personnes contaminées sera plus faible.
Ensuite l’épidémie n’est pas terminée dans ces fameux pays qui n’ont pas confiné ( genre la Suède que tout le monde aime montrer comme exemple) sauf que depuis en morts par millions d’habitants ils nous sont passé devant.
Et autant chez nous l’épidémie semble toucher à sa fin autant la bas elle continue.
De plus son économie se casse la gueule également malgré un non confinement. Étant dépendante à 50% d’exportation vers l’UE ( qui elle était confinée) donc ils ont produit en masse des choses qui ne se sont pas vendues. Vont ils donc continuer de produire malgré le stock?
Bref un bon parti pris pro-Raoult pour ce texte sans prendre la peine de prendre du recul.
Les meilleurs hôpitaux ont un taux de mortalité supérieur pour une raison très simple. Les malades, déjà en réanimation dans les autres hôpitaux moins équipés, mais qui s’aggravent, sont adressés aux hôpitaux référents qui disposent de moyens supérieurs (comme l’ECMO ou oxygénation membraneuse par circulation extracorporelle… c’est très technique,… et ne n’est qu’un exemple). Donc, dans notre cas, Paris prenait en charge nos malades les plus graves.
Rien que chez nous, la réanimation qui s’était dédoublée en multipliant ses lits par 2.5, distinguait 2 secteurs : malades en réanimation très lourds, et malades en réanimation un peu moins lourds. Et ceux qui étaient encore plus lourds… étaient envoyés dans les grands CHU parisiens. D’où un taux de mortalité supérieur.
L’article comprend d’autres raccourcis et, disons, incorrections (essayons d’être urbains) mais, après tout, il est écrit par des spécialistes es « Sciences politiques »….
Amusant de lire de la part de certains que tout c’est passé au mieux dans notre beau pays… Plus de partialité semble difficile à envisager….
Le sujet n’est pas de se flageller en place publique, mais d’arrêter les mensonges et la langue de bois !!
Ce n’est pas en se voilant la face que l’on fera mieux la prochaine fois, car prochaines fois il y aura !!
Une chose est certaine on est plus prêt des chiffres cités ici en matière de décès que ceux annoncés d le début on ne nous a annoncé que ceux dans les hôpitaux puis on a intégré ceux des ephad et la reprise économique oblige on ne nous annonce à nouveau que ceux des hôpitaux mais il y a eu aussi beaucoup de décès dans les milieux ruraux qui n’ont pas été répertoriés .Des pays de l’est comme la Roumanie la Pologne l’Ukraine on mieux géré le virus et où il y a eu peu de décès
MONSIEUR ANDOLFATTO, MONSIEUR LABBÉ,
JE LIS AU BAS DE L’ARTICLE :
Les auteurs n’ont reçu aucun financement public ou privé
CERTES PAS DE FINANCEMENTS PERSONNELS,
MAIS LES UNIVERSITÉS ET LE CNRS, IL ME SEMBLE, REÇOIVENT UN FINANCEMENT PUBLIC.
N’EST-CE PAS VRAI ?
PAM.
JUIN 2020.
A quoi sert une telle analyse, à se poser des questions? Mais on se les posent déjà tous.
Par contre, une véritable étude permettant la compréhension réelle de la situation et de ses raisons (sans chasse aux sorcières), serait intéressante et constructive, pour l’avenir.
Dire que des erreurs ont été commises, ne fera pas avancer la science (c’est une lapalissade).
Même si ts les cbiffres publiés actuellement de surmortalité liés au Covid, de l’ordre de 10 à 20 000 morts, ne sont pas encore certains, on peut qd même se demander, au regard de la facture économique salée laissée par le confinement sévère : tout ça pour ça ? Est ce que ça en valait vraiment le coup ? N y avait il pas d’autres solutions que de paralyser la France ? Mettre à genoux des secteurs entiers de l’économie ? Et ainsi créer une récession sans précédent et de manière artificielle, sur simple décision politique ? Alors qu’il eût suffi de tester, protéger, isoler les malades, personnes vulnérable, âgées et malades, ou simplement suspectes de propager le virus par des mesures préventives appropriées et reposant sur la responsabilité du citoyen correctement informé ?