A quelques jours du 31 décembre 2019 date qui correspond à quinze ans d’activité Groupement dans la rénovation, la modernisation, l’exploitation et la maintenance du Terminal à conteneurs (TAC) du port de Douala par le Groupement APM/Bolloré à travers Douala International Terminal (DIT), une entité du Groupe Bolloré, les responsables de ce consortium estiment que le bilan a été largement positif.
Au cours de la période considérée, malgré les contraintes naturelles et structurelles étant donné qu’il s’agit d’un port fluvial à faible tirant d’eau, une capacité de stockage limitée et une longueur de quai insuffisante, etc, la gestion rigoureuse reposant sur «une vision manageriale efficace » a permis de développer ledit terminal à conteneurs, désormais au centre de toutes les convoitises.
151 % de croissance de volume en quatorze ans
Toujours est-il que ce regain d’activité a permis aux plus grands armateurs au monde d’opérer dans la place portuaire de Douala alors que les trafics ont plus que doublé, soit 378.758 TEUS en 2018 contre 151.205 TEUS en 2005, ce qui représente plus de 151 % de croissance de volume en quatorze ans. En outre, près de 50 milliards de FCFA d’investissements réalisés, largement supérieurs aux engagements initiaux fixés dans la Convention de concession qui sont de 33 milliards de FCFA, le chiffre d’affaire est passé de 22,5 milliards de FCFA en 2005 à près de 50 milliards FCFA en 2018.
Pendant cette période, l’équipement du terminal a été considérablement renforcé avec la mise en service d’un portique de quai, quatre portiques de parc et deux grues venues renforcer les deux portiques de quai d’origine, sans oublier que les investissements dans les RTG (Portiques de parc) ont permis de gagner +20% de capacité de stockage.
Le développement et la modernisation des infrastructures a également eu une incidence sur les effectifs du terminal qui sont passés de 210 employés en 2005 à 440 emplois directs en 2019, 1360 indirects, 1542 induits dont 99% d’employés constitués de Camerounais dans un contexte socioéconomique où DIT revendique de conduire une politique sociale exemplaire.
En tout état de cause, ce redéploiement a permis que les performances économiques et financières ont largement bénéficié à l’Etat, au Port autonome de Douala (PAD) et aux acteurs nationaux dans la mesure où ces acteurs ont perçu plus de 45% des résultats bruts dégagés par DIT.
Dans le même sillage, « un programme de formation continue du personnel à l’étranger était en vigueur, avec une moyenne de 5000 heures de formation par an représentant une cinquantaine de millions de francs CFA, sans oublier la mise en place d’une cantine sur le terminal, l’octroi de repas gratuits ainsi que des «paquets minimum», lors des événements spéciaux tels que la rentrée scolaire et les fêtes de fin d’année », ont précisé les délégués du personnel.
5 000 collaborateurs
Le consortium APM/BOLLORÉ qui sont les actionnaires de référence de DIT a investi plus de 300 milliards au cours de ces dernières années et emploie plus de 5000 collaborateurs au Cameroun dont 1% d’expatriés.
Ce bilan présenté par le Groupement AMP/Bolloré le 08 décembre 2019 intervient dans un contexte où les responsables du Port autonome de Douala (PAD) après avoir « injustement » écarté Bolloré dans le processus de désignation d’un nouveau concessionnaire qui devrait prendre le relais le 1er janvier 2020 ont annoncé le 06 décembre 2019, la création d’une Régie du terminal à conteneurs (RTC) avec pour mission de gérerune période transitoire en attendant la désignation de nouveau concessionnaire.
Et pourtant, une double décision de la justice, d’abord, celle du Tribunal administratif de Douala au mois d’août, suivie de celle de la Cour suprême courant décembre ont donné gain de cause à Bolloré pour poursuivre l’activité, étant donné que le Gouvernement avait déjà demandé au PAD en octobre dernier de sursoir la procédure de désignation de nouvel opérateur, en l’occurrence, le consortium italo-suisse Terminal Investments Limited (TIL) adjugé provisoirement le 16 septembre 2019.
Des lendemains incertains
Selon des sources, le PAD n’a jamais pu mener à bien les projets qu’il gère d’où les privatisations en 2004 imposées par les institutions de Bretton Woods, le Fonds monétaire international (FMI et la Banque mondiale (BM).
« Pendant que le PAD consacre ses énergies pour imposer un nouvel opérateur, force est de constater que la mise en régie du dragage depuis plus d’un an reste encore au point mort, que le PAD a acquis NAVIS TOS un logiciel américain à plus de 2 milliards FCFA dont « la mise en place compliquée est de nature à fragiliser les recettes fiscalo-douanières » a-t-on indiqué.
Le PAD compte lancer la formation du personnel d’ici cette semaine pour qu’il soit prêt à être implémenté le 1er janvier 2020 alors que les experts estiment qu’il faudrait entre six et huit mois pour huiler la machine.
Par ailleurs, « le sort réservé aux employés de DIT dont le personnel a eu beaucoup d’avantages pendant quinze ans est source d’inquiétudes, puisque le PAD ne dit pas sous quelles conditions il reprendra le personnel. D’après de fiables informations, la régie du PAD prévoit que tous ceux qui seront repris auront des contrats à durée déterminée d’un an alors qu’à DIT ils avaient des contrats à durée indéterminée ».
Au regard des multiples rebondissements de ce dossier, difficile de savoir jusqu’où ira le bras de fer entre le PAD et le Groupement APM/Bolloré, alors que selon des sources dignes de foi, il faudrait s’attendre à une décision de Gouvernement d’ici la fin de l’année, les autorités camerounaises ne pouvant selon toute vraisemblance confier « la gestion de cette infrastructure à des mains inexpertes ».