Du 21 au 22 Novembre 2019, les chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), se sont retrouvés dans la capitale camerounaise au cours d’un sommet extraordinaire. Occasion pour analyser les perspectives économiques, financières et monétaires de la Communauté dans «un contexte mondial fortement marqué par des tensions géopolitiques, des incertitudes et une conjoncture économique encore difficile».
Autour de l’hôte du Sommet, Paul Biya, par ailleurs président en exercice de la CEMAC, les présidents Faustin Archange Touadera de la République Centrafricaine ; Denis Sassou Nguesso de la République du Congo ; Teodoro Biang Nguema Mbasogo de la Guinée Equatoriale ; Idriss Deby Itono du Tchad tandis que Julien Nkoghe Bekale, Premier Ministre du Gabon, représentait Ali Bongo Ondimba, empêché pour cause de maladie. Indépendamment des problèmes communautaires liés aussi bien aux enjeux économiques dans un environnement difficile, les problèmes politiques avec des vents contraires au sujet de l’intégration communautaire où le Gabon et la Guinée continuent d’exiger le passeport aux ressortissants de la zone sans oublier des problèmes sécuritaires marqués par des attaques terroristes de Boko Haram au Cameroun et au Tchad, ce Sommet « s’est déroulé dans une atmosphère de sérénité, de compréhension réciproque et d’entente cordiale ».
Examinant spécifiquement la question monétaire, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont «réaffirmé leur volonté de disposer d’une monnaie stable et forte», non sans évacuer, la création d’une monnaie comme l’ont récemment indiqué les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) avec qui, ils sont membres de la Zone Franc. Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le Franc CFA, les dirigeants de la sous-région ont décidé «d’encourager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération».
Bien qu’aucune indication n’a filtré sur les conditions de cette nouvelle coopération monétaire envisagée avec la France, les Chefs d’Etat ont chargé la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) sous la supervision de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC) de proposer, dans des délais raisonnables, «un schéma approprié, conduisant à l’évolution de la monnaie commune». Le communiqué final rapporte que les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont, entre autres, salué « le redressement global de la situation macro-économique de la zone CEMAC marqué par le retour à une croissance économique positive, la maîtrise de l’inflation, une forte réduction des déficits budgétaires et courants ; relevé avec satisfaction la reconstitution des réserves de change communautaire permettant ainsi de préserver le régime de change à parité fixe de la monnaie commune et d’éviter un ajustement monétaire ».
En outre, ils ont salué les contributions financières et techniques du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque Mondiale (BM), de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Union Européenne (UE), de la France ayant participé à « la réussite du programme de redressement économique de la CEMAC ». Dans son discours de clôture du Sommet, le Président Paul Biya a rappelé que « l’intégration est, à n’en point douter, le principal vecteur de notre stratégie communautaire. Plus que par le passé, nous devons veiller à son accélération par une libre circulation intégrale des personnes et des biens».
Dans le même ordre d’idées, a-t-il insisté, « nous devons assurer la réalisation dans les meilleurs délais de nos projets intégrateurs avec l’appui financier de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux. Je n’oublie pas le nécessaire renforcement de la diversification de notre économie et l’amélioration véritable du climat des affaires pour accroître le niveau d’investissement privé ». Reste à implémenter ce programme qui, pour de nombreux observateurs et une majorité des ressortissants communautaires, constituent une catalogue de bonnes intentions, dans un contexte sous-régional marqué par un faible taux d’échanges commerciaux se situant en deçà de 3% alors que la circulation des personnes et des biens est loin d’être fluide, du fait des entraves institutionnelles et communautaires.