Nous assistons à l’effondrement du Droit international sous les coups de boutoir de l’unilatéralisme américain et la propagande des organisations humanitaires et des médias occidentaux. Certes, l’inflation atteint des records au Venezuela mais pas au niveau annoncé par la presse main stream. Le taux de 1,3 million % brandi, un peu fort de café, reflète une réalité (celle de l’effondrement du pouvoir d’achat) augmentée par la propagande de marché. Le seuil de 10 million% est bientôt atteint, dit-on?
La pauvreté est criante s’émeut un journal canadien craignant qu’à ce train, les riches ne manquent de papier-toilette. Mais, ne l’oublions pas, le marasme vénézuélien vient en grande partie des sanctions américaines. La décision de l’Oncle Sam de faire interdire le commerce avec ce pays a abouti à un affaiblissement progressif.
Loin de se contenter d’attendre que le fruit soit mûr, l’Amérique, qui a certainement tiré les conséquences des embargos antérieurs contre le Cuba de Fidel Castro, l’Irak de Saddam Hussein ou encore le Zimbabwe de Robert Mugabe, a accompagné ces mesures de restrictions commerciales par un soutient ouvert à l’opposition démocratique. C’est ainsi la quasi-première fois dans l’histoire des relations internationales de voir un opposant, président du Parlement, s’autoproclamer président, et recueillir aussitôt les soutiens de Washington et de Paris. Une cinquantaine de pays reconnaissent ce président pro-américain. Ceux comme le juriste américain, Alfred de Zaya, cité par Le Grand Soir, qui s’étonnent d’une atteinte grave au droit international sont à peine écoutées: « Nous assistons à une rébellion contre le droit international et contre le principe démocratique. Il est incroyable que les Etats-Unis s’arrogent le droit de dire aux Vénézuéliens qui doit être leur président ! » Et Alfred de Zaya, dernier fonctionnaire de l’ONU en poste au Venezuela, de rappeler cette vérité tue par les confrères: « Depuis qu’Hugo Chávez a été élu, il y a eu 25 scrutins nationaux démocratiques, ouverts et fiables. Le système électoral vénézuélien est bien supérieur à celui de la plupart des pays ! Jimmy Carter, dont la fondation a observé plusieurs scrutins, l’a reconnu, estimant infime le risque de fraude ».
Pendant ce temps, le président Nicolas Maduro, réélu en mai 2018 au terme d’un scrutin boycotté par les principaux partis de l’opposition, avait été mis en demeure de «réorganiser» des présidentielles dans huit jours. Il s’y est opposé, car pourquoi réorganiser des présidentielles contre lesquelles ne pèse pas un soupçon de fraude au delà des seuils de tolérance généralement admis?
De Caracas à Kinshasa, mêmes enjeux
Nos confrères de la presse occidentale tout comme les officines pro-américaines de légitimation des scrutins (fondation Carter par exemple) observent d’ailleurs dans ce cas comme dans tous les autres qui touchent à l’hégémonisme du modèle libéral -mondialiste, un unilateralisme éditorial, caisse de résonance de la vision du président américain, Donald Trump. Alors que les gouvernements américains et français, sous prétexte d’aide humanitaire et de préoccupations démocratiques, tentent de peser sur le cours de ce pays, il est certainement temps aux pays africains et à l’Union Africaine, d’en tirer les leçons et de rappeler ne serait ce que des positions de principe.
L’histoire de l’Afrique la conditionne à appuyer ce pays pour le respect de la volonté populaire. De par ses fabuleuses richesses, le pays de Hugo Chavez n’est pas sans rappeler la RDC, pays qui, dès l’indépendance, s’est retrouvé face à une sécession dans la province du Katanga. Parallélisme des formes pour parallélisme des formes, l’on se rappelle que le président autoproclamé d’alors, Moïse Tshombe, fut aussitôt reconnu par la Belgique qui pensait alors s’offrir un accès perpétuel aux richesses de la RDC.
Hier comme aujourd’hui, c’est sous la bannière de la démocratie qu’intervient l’Occident et ses relais. Pas plus à Kinshasa hier qu’à Caracas aujourd’hui, il s’agit de faire taire toute dissonance et toute critique. Le Bolivarisme vénézuélien est certainement comptable des échecs actuels de ce richissime pays. Mais peut-on lui denier ses courageux et, bien évidemment, perfectibles programmes sociaux ? Sous l’emblématique Chavez , lequel a par deux fois échappé à des coups d’Etat dits démocratiques, le Venezuela a procédé a des politiques de redistribution courageuse des richesses.
Pékin et Moscou, investisseurs ou alliés?
Son successeur, Maduro, armé des mêmes convictions, le bagout hélas en moins, a du mal à poursuivre l’élan socialiste bolivarien, desservi qu’il est par une conjoncture du baril de pétrole plutôt défavorable et un quasi blocus américain, qui le pousse à se jeter dans les bras des chinois (qui ont misé 50 milliards de dollars au Venezuela sous forme d’investissements et de prêts et qui de ce fait, sont alliés objectifs du régime) et des russes. Ces derniers ont investi 6,5 milliards de dollars dans le pétrole vénézuelien. Pekin et Moscou accèdent ainsi à du pétrole au rabais, à des conditions plus favorables que le marché international, mais doivent courir le risque de contentieux en cas de changement brusque du régime.
Pétrole, à la fois force et faiblesse de Caracas
C’est pourquoi , à peine auto-proclamè, Juan Guaido, 35 ans, s’est empressé de rassurer ces alliés encombrants. L’une des premières décisions de ce jeune député admirateur de Donald Trump et du brésilien Bolsonaro est la prise de contrôle de la filiale américaine de Petroleos de Venezuela SA (PDVSA), la compagnie nationale de pétrole nationalisée en 1976. Le pétrole du Venezuela étant lourd, il est raffiné en partie aux États-Unis par Citgo, filiale de Petroleos de Venezuela SA (PDVSA).
La compagnie exporte vers les États-Unis près de la moitié de sa production de brut, représentant 75 % de son cash-flow. Or le pétrole finance 96 % du budget de l’État.
Washington a déjà officiellement donné le contrôle des comptes bancaires vénézuéliens sur le territoire américain au chef de file de l’opposition. C’est certain, l’Union européenne (UE) est invitée à emboîter le pas.
À partir du 28 avril, les États-Unis comptent également imposer un embargo sur les exportations essentielles de brut vénézuélien vers le marché américain. Caracas estime que les dommages causés à l’économie par le « blocus américain » s’élèvent à 30 milliards de dollars.
Nicolas Maduro, soutenu par la Russie, la Turquie, l’Iran et la Chine, accuse Washington de vouloir le renverser pour s’accaparer les réserves pétrolières du pays, les plus importantes du monde.
Les choses seraient allées mieux si les États-Unis n’avaient pas séquestré environ 10 milliards de dollars qui appartiennent au Venezuela, a-t-il déclaré avant de rappeler que cet argent, tout comme l’or d’un montant de 1,2 milliard de dollars gelé par la Banque d’Angleterre, pourrait aider les autorités à acheter de la nourriture et des médicaments pour la population.
Point de départ
La situation au Venezuela s’est aggravée lorsque l’opposant Juan Guaido, renvoyé le 22 janvier de son poste de président de l’Assemblée nationale sur décision de la Cour suprême, s’est autoproclamé dès le lendemain «Président en exercice» du pays puis a prêté serment publiquement. Donald Trump l’a reconnu comme «Président par intérim». 19 pays européens, dont le Royaume-Uni et l’Allemagne, en ont fait de même. La France l’a également reconnu comme «Président en charge». Quelque 50 pays l’ont reconnu.
La Russie, la Chine et plusieurs autres pays ont quant à eux soutenu Nicolas Maduro en tant que Président légitime du Venezuela. Le Kremlin a qualifié la décision de certains pays européens d’«ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela». L’Afrique observe une neutralité qui n’honore pas sa longue marche vers la liberté et la récupération (toujours factice) de ses ressources.