[private] Le groupe Ecobank a convoqué une assemblée générale extraordinaire le 16 juin à Lomé (Togo). Au delà de l’approbation des comptes de l’année 2016 dont une perte de 80 millions de dollars, du renouvellement du mandat des administrateurs et des auditeurs, l’enjeu est tout autre lors de cette AGO doublée d’une AGE.
En proie à des problèmes de liquidité, le groupe bancaire panafricain basé à Lomé compte lever 400 millions de dollars sous formes d’obligations convertibles. Selon le mode de répartition proposé, 300 millions de dollars seront proposés aux actionnaires existants et 100 millions ouverts à une palette de divers investisseurs. La moitié du produit de la souscription est destinée à couvrir les créances douteuses cumulées sur la filiale Nigeria, conséquence d’un processus d’acquisition précipité. Le reliquat servira au refinancement des échéances à court terme.
Les enjeux de cette souscription sont multiples. A commencer par un nouveau risque de dilution retardée pour les petits actionnaires et ceux qui ne seront pas en disposition de souscrire à l’obligation. La banque détenue par Nedbank (21%), Qatar National Bank (20%), l’IFC (14,1%), le fonds de pension sud-africain PIC (14%) et un agrégat de minoritaires cumulant 30%, soit nettement en dessous de la minorité de blocage, présente mathématiquement les conditions d’une OPA. Pour cause, le groupe est valorisé sur le marché nettement en dessous de sa valeur mathématique. Les actifs de l’institution atteignent 20,4 milliards de dollars quand sa capitalisation boursière est de 830 millions de dollars. A titre de comparaison, Attijariwafa Bank qui présente des caractéristiques simulaires, présente des actifs de 43 milliards de dollars et une capitalisation boursière de 8,8 milliards de dollars.
Qui donc de la Nedbank ou de la QNB profitera de l’opportunité pour prendre le contrôle d’une banque qui souffre avant tout de l’absence d’un actionnaire prépondérant? La filiale de la banque mondiale, IFC, devrait, dans le cas d’une OPA, jouer un rôle d’arbitre. Quant aux actionnaires historiques, d’obédience francophone et nigériane, ils devront peut être se résoudre à sacrifier le « caractère panafricain de la banque » au profit d’un dividende sonnant et trébuchant (et non sous forme d’actions nouvelles) qu’ils attendent depuis 7 ans. [/private]