Après le contrôle de la SAAR Benin devenue Nobila Assurance, le nouvel acteur du marché des assurances du Bénin rêve grand. Malgré l’étroitesse historique du marché faiblement pénétré, ses dirigeants veulent en faire une compagnie de référence qui répond aux défis de l’heure, avec perspectives prometteuses. Entretien exclusif.
Propos recueillis par Daniel Djagoué
Quelle est aujourd’hui la vision de Nobila Assurance et comment l’entreprise entend-elle renforcer sa position sur le marché béninois ?
Avec la prise de participation majoritaire dans le capital de la SAAR Benin devenue de ce fait Nobila Assurances, l’homme d’affaires Salif Ouédraogo a pour vision d’en faire une entreprise citoyenne performante à repositionner sur le marché béninois. Nobila Assurances est actuellement en phase de modernisation et de renforcement de son cadre de gouvernance, dans un souci de conformité et d’amélioration de son efficacité opérationnelle.
Nous pouvons noter avec satisfaction que sur le segment de l’assurance non vie, Nobila est leader des services additionnels et classée deuxième compagnie selon la compétence des agents (Enquête de satisfaction des bénéficiaires des prestations des sociétés d’assurances au Bénin 2025). Nobila Assurances, pour renforcer ce positionnement, entend axer ses activités notamment sur le développement des produits, le développement du réseau d’agences, du réseau direct et du réseau courtage, ainsi que le développement du capital humain.
Le marché béninois de l’assurance reste encore faiblement pénétré. Selon vous, quels sont les principaux défis qui freinent l’expansion du secteur, et comment Nobila Assurance y répond concrètement ?
Ce marché, qui est caractérisé par son étroitesse, connait cependant une relative croissance ces dernières années impulsée par une relance économique nationale dont l’épine dorsale est le développement des infrastructures et la forte digitalisation des services administratifs.
Les défis qui ralentissent l’expansion de l’assurance au Bénin sont le lot de l’ensemble des marchés d’assurances africains en général. On peut noter, entre autres :
- Le faible niveau de sensibilisation et de confiance des populations. De nombreux Béninois ne font pas encore confiance aux compagnies d’assurances et hésitent à souscrire des contrats, notamment pour des raisons liées aux délais d’indemnisation jugés trop longs et d’un manque de sensibilisation sur les avantages de l’assurance.
- La non assurance ou le refus de s’assurer non assortis de sanctions pour les assurances obligatoires notoirement les deux et trois roues en assurance automobile.
- La fraude en assurance non jugulée en matière de santé dont la couverture est vue comme un produit de consommation et la gestion assimilée à une action RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) des sociétés d’assurances.
- La sous tarification induite par une concurrence qui ne devrait pas avoir cours dans une matière aussi règlementée et contrôlée. Même si je dois avouer que la mise en concurrence des compagnies à travers les appels d’offres n’y est pas étrangère.
Pour notre part, Nobila Assurances met un point d’honneur à régulariser sa situation avec les prestataires santé, à passer à une gestion automatisée de son portefeuille santé, à appliquer strictement les règles de tarification et surtout à innover.
La digitalisation transforme en profondeur les services financiers. Quelles innovations technologiques ou solutions digitales Nobila Assurance a-t-elle mises en place pour améliorer l’expérience client et toucher une clientèle plus large ?
Nous sommes aujourd’hui en totale gestion digitale de l’assurance santé et l’assurance voyage (de la cotation au paiement par virement bancaire ou Mobile money des primes et prestations). Nous innovons avec des produits de Mobile-Insurance dans les mois à venir.
En tant qu’acteur majeur du secteur, quelle contribution Nobila Assurance apporte-t-elle au financement de l’économie nationale et à la protection des ménages ainsi que des entreprises béninoises ?
Sur le financement de l’économie, la structure financière de Nobila assurances est solide et s’est considérablement renforcée, présentant une santé financière robuste et une trajectoire de croissance observable auprès des institutions bancaires et financières de la place.
Relativement à la protection des ménages et des entreprises, il est à noter avec satisfaction que Nobila Assurances, aujourd’hui, offre une palette complète de couverture des risques :
- Outre l’assurance automobile et la santé, nous pratiquons la caution qui permet aux PME de participer à tout type de marchés.
- Notre portefeuille de Risques divers comporte en proportion importante, la Globale Dommages; le Terrorisme et Sabotage; les Corps de Navire ; le Risque de guerre sur Corps de Navire; les Risques spéciaux de piraterie maritime et la RC Chef d’entreprise.
Nous sommes l’assureur tenant des pipelines au Bénin.
Les compagnies d’assurance de la zone CIMA doivent se conformer à des règles de plus en plus strictes, notamment en matière de solvabilité et de gouvernance. Comment Nobila Assurances s’adapte-t-elle à ces exigences et quelles opportunités voyez-vous dans cette harmonisation réglementaire ?
Nous nous soumettons volontiers aux règles et contrôles ainsi qu’aux injonctions aussi bien de la tutelle locale que du régulateur régional CIMA. Nobila Assurances est de ce fait assez confortable en matière de solvabilité et dotée d’un conseil d’administration dont une majorité des membres sont des personnalités de référence en finance et assurances. La direction générale étant tenue par un assureur d’expérience.
La sous-région ouest-africaine est confrontée à une instabilité sécuritaire qui affecte directement les populations et les entreprises. Comment cette situation influence-t-elle le secteur de l’assurance et quelle est la stratégie de Nobila Assurance face à ces nouveaux risques ?
En principe, en notre qualité de gestionnaires de risques, cette situation bien que malheureuse devrait plutôt être une opportunité pour les assureurs d’intensifier les actions de sensibilisation et d’éducation à la souscription des couvertures d’assurances.
Nobila Assurances a pour ce fait renforcé sa présence dans toutes les zones du pays à travers ses agents généraux. Nous sommes en train de tisser des partenariats solides avec les opérateurs de téléphonie en appui à ceux que nous avons déjà avec les courtiers et institutions de micro finances. Nous avons renforcé nos capacités de souscription à l’occasion du renouvellement de nos traités de réassurances pour tenir compte de ces nouvelles réalités d’insécurité.
Vous avez relevé la méfiance de la population vis-à-vis des compagnies d’assurance. Quelles initiatives prenez-vous pour inverser la tendance et assurer une proximité réelle avec vos assurés ?
Dans le plan d’action de Nobila Assurances, nous priorisons la réduction des délais de traitement des indemnisations, le développement des services en ligne accessibles (portails clients, applications mobiles etc.), la formation en continu du personnel d’accueil et des agents à la qualité de service, à l’écoute active et à la résolution rapide des réclamations.
A l’endroit de notre réseau d’intermédiaires, nous organisons des rencontres périodiques en vue de renforcer leur rôle de conseil, d’accompagnement pédagogique et de suivi dans le parcours de souscription et d’indemnisation.
Quels sont les projets prioritaires de Nobila Assurance pour les prochaines années, aussi bien en termes de nouveaux produits que d’expansion au-delà du marché béninois ?
Les perspectives s’appuient sur une base financière solide, incluant le renforcement des ressources humaines, la promotion de l’assurance caution, le lancement de deux nouveaux produits de mobile-Insurance, la digitalisation et des investissements immobiliers.
Concernant l’expansion, Nobila Assurances entend d’abord maximiser sa part de marché nationale avant d’envisager une quelconque conquête extra local.
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