Dans un monde où l’information circule à la vitesse de la lumière, une nouvelle cruciale est presque passée sous silence, laissant dans l’ombre un scandale financier d’une ampleur inimaginable. Dr Boris Houenou, économiste de renom et Partenaire à Goldbricks Capital, a mis en lumière une réalité stupéfiante dans ces modestes colonnes : l’Afrique se voit chaque année siphonner la somme astronomique de 74,5 milliards de dollars à cause d’une perception démesurée du risque. Oui, vous avez bien lu, 74,5 milliards de dollars s’évaporent annuellement, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Cette somme colossale, confirmée par un rapport accablant de la Banque Mondiale, n’est pas le fruit d’une calamité naturelle ni d’une épidémie ravageuse, mais résulte d’une évaluation biaisée et injuste du risque lié à l’investissement en Afrique. Mais d’où vient donc cette perception?
Le portefeuille d’investissements d’IFC, braquant les projecteurs sur le secteur privé, révèle un taux de défaut de remboursement ridiculement bas de 4,1 % de 1986 à 2023, démontrant une résilience et un potentiel inexploité phénoménaux sur ces marchés émergents.
Pourtant, contre toute logique, le continent est encore perçu comme un gouffre financier. Les emprunteurs souverains, souvent stigmatisés, affichent un taux de défaut dérisoire de 0,7 % par an, et la Banque mondiale récupère la majorité de ses créances. Malgré ces chiffres, le spectre du risque hante toujours l’Afrique, détournant injustement des capitaux essentiels à son développement.
L’initiative de transparence de la Banque mondiale, sous l’égide d’Ajay Banga, et les efforts du Consortium des banques multilatérales sont louables, mais ils posent une question fondamentale : quand la perception du risque en Afrique sera-t-elle enfin alignée sur la réalité, le juste prix ? Quand cessera-t-on de voler à ce continent ses perspectives de développement sous prétexte d’un risque fantasmé ?
Il est temps de réévaluer, de comprendre et d’investir dans ce continent avec l’objectivité qui hélas ne peut prospérer que si les pays africains, leurs Trésors publics et leurs institutions financières arriveront à mettre un place des marchés de capitaux profonds à défaut d’UN marché des capitaux.
La révision profonde de la perception du risque ne viendra pas de la générosité des créanciers mais de la crédibilité des pays africains à proposer une alternative régionale compétitive aux marchés des capitaux.
En attendant, il convient de le souligner à quelques jours des réunions de printemps des institutions de Bretton Woods, pour l’Afrique, et pour la justice économique mondiale, il convient que le président actuel de la Banque Mondiale, arrête de s’indigner.
« Nous disposons de données jusqu’ici exclusives et confidentielles, dont nous pensons qu’elles devraient être considérées comme un bien public : leur publication sera source de transparence et donnera confiance aux investisseurs” expliquait Ajay Banga, en émettant le vœu, pieux, que le partage de ces données puisse encourager l’investissement de capitaux du secteur privé dans les économies en développement, “de manière à produire un impact et à créer des emplois”. Après l’œil larmoyant, le plan d’action suivra sans doute. Amen. Mais, de grâce, président, faites le immédiatement car à long terme comme le disait Keynes nous serons tous morts.