Le premier Sommet africain sur le climat a lieu à Nairobi du 4 au 6 septembre 2023 sur le thème, « Favoriser la croissance verte et les solutions de financement climatique pour l’Afrique et le monde ». En prévision de l’événement, la capitale kenyane a abrité le 1er septembre, la 11ème Conférence sur le changement climatique et le développement en Afrique (CCDA-XI) . L’occasion pour Antonio Pedro, le Secrétaire exécutif par intérim, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), de marteler cette évidence : « l’Afrique est riche de solutions pour sauver le climat ». Pour M. Pedro, l’Afrique dispose d’abondantes ressources en énergies renouvelables, dont 40 % du potentiel mondial d’irradiation solaire, ce qui en fait d’elle un endroit idéal pour faire progresser l’hydrogène vert.
Plusieurs projets d’hydrogène à faible émission de carbone sont déjà en développement en Égypte, en Mauritanie, au Maroc, en Namibie et en Afrique du Sud. L’Afrique est également riche en cobalt, manganèse, platine, lithium et cuivre – des minéraux essentiels à la production de batteries et d’autres produits de transition verte.
Les efforts visant à atteindre zéro émission nette devraient permettre une multiplication par 40 de la demande de lithium et une multiplication par 25 de la demande de cobalt. En outre, l’Afrique abrite un riche capital naturel, comme le Bassin du Congo qui contient certaines des plus grandes forêts tropicales humides du monde.
M. Pedro affirme qu’en utilisant uniquement la séquestration naturelle, les pays africains pourraient fournir jusqu’à 30 % des besoins mondiaux en matière de séquestration. L’un des principaux défis consiste toutefois à « exploiter de manière efficace et durable les abondantes ressources de l’Afrique au profit de sa population ».
« Pour mobiliser les financements nécessaires, un changement de paradigme est nécessaire », indique M. Pedro, soulignant que les ressources renouvelables et non renouvelables de l’Afrique sont des atouts pour mobiliser le financement et les investissements climatiques.
« Les services écologiques fournis par l’Afrique au monde doivent être monétisés par le biais des marchés du carbone et d’autres instruments innovants, notamment les échanges de dette contre le climat », ajoute-t-il.
Des études montrent que les pays africains pourraient mobiliser jusqu’à 82 milliards de dollars par an en participant à des marchés du carbone qui fonctionnent bien. En outre, davantage de revenus pourraient être générés par les chaînes de valeur autour de ressources non renouvelables telles que les minéraux essentiels à la production de batteries.
« Nos ressources renouvelables et non renouvelables doivent être exploitées pour garantir la sécurité humaine, énergétique, alimentaire, minérale, environnementale et climatique du continent, en répondant aux besoins fondamentaux et en favorisant une transformation structurelle durable », exhorte M. Pedro
Pour sa part, Soipan Tuya, la Ministre kenyane de l’environnement et des forêts, souligne que le développement durable de l’Afrique dépend de la réussite de l’adaptation et de l’atténuation des effets du changement climatique, car la croissance du continent dépend fortement des secteurs et des ressources naturelles sensibles au climat.
Elle souligne, dans son allocution d’ouverture, que l’Afrique est capable de surmonter les défis du changement climatique et de transformer ces défis en opportunités de développement grâce à l’innovation, aux technologies propres et à un changement de paradigme qui libère les énormes ressources naturelles et le potentiel humain de l’Afrique.
« L’exploitation de ces énormes ressources nécessite cependant la mobilisation de ressources financières provenant de sources nationales et internationales pour permettre au continent de lutter contre le changement climatique et de faciliter le choix de voies de développement propres et à faibles émissions de carbone », déclare-t-elle.
L’Afrique subit davantage le poids du changement climatique, même si elle y contribue le moins. L’augmentation des sécheresses, les cyclones tropicaux intenses, les températures élevées et les inondations importantes ont affecté les vies et les moyens de subsistance sur l’ensemble du continent, limitant la capacité du continent à parvenir à un développement durable.
Un énorme déficit de financement
Les estimations indiquent que, d’ici 2030, l’Afrique pourrait consacrer 5 % de son PIB annuel aux crises climatiques sur la base d’un scénario de réchauffement de 2 degrés pour la région du Sahel payant jusqu’à 15 %.
Le Groupe africain des négociateurs sur le changement climatique estime que l’Afrique aura besoin entre 65 et 86,5 milliards de dollars par an pour la seule adaptation jus’en 2030. Actuellement, le continent ne reçoit que 11,4 milliards de dollars par an pour le financement de l’adaptation.
Étaient présents à l’ouverture, des représentants de haut niveau d’institutions clés, notamment Josefa Correia Sacko, Commissaire à l’agriculture, au développement rural, à l’économie bleue et à l’environnement durable (ARBE), à la Commission de l’Union africaine ; Anthony Nyong, Directeur du changement climatique et de la croissance verte, à la Banque africaine de développement ; et Mwenda Mithika, Directrice exécutive de l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), qui ont prononcé des allocutions.
Organisé chaque année depuis 2011, CCDA est un évènement phare de l’Initiative Climat pour le développement en Afrique (Clim-Dev), une collaboration conjointe de la Commission de l’Union africaine, de la Banque africaine de développement et de la Commission économique pour l’Afrique. La conférence est organisée en partenariat avec le Gouvernement de tout État membre de l’Union africaine qui accueille la Conférence, avant la Conférence des Parties à la CCNUCC (COP).
La conférence annuelle rassemble différents groupes de parties prenantes africaines sur le changement climatique pour discuter des principaux défis liés au changement climatique et au développement auxquels le continent est confronté ainsi que pour identifier les opportunités et les solutions. Ladite conférence promeut des contributions factuelles et des analyses qui alimentent les réunions de position commune africaine dans le discours international sur le changement climatique.
Organisé en tant que segment technique en collaboration avec le Ministère de l’environnement, du changement climatique et des forêts du Gouvernement du Kenya et l’Alliance panafricaine pour la justice climatique, la 11ème édition de CCDA constitue le segment technique du Sommet africain sur le climat.
À propos de la CEA
Créée en 1958 par le Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies, la CEA est l’une des cinq commissions régionales de l’Institution et a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses États membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.
Composée de 54 États membres, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) joue un double rôle en tant qu’organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et en tant que partie intégrante du paysage institutionnel régional en Afrique.