Après l’expiration de l’ultimatum de 72 heures adressé aux autorités turques pour organiser le retour en Guinée d’Alpha Condé, sous peine de voir gelées les activités d’Albayrak qui détient pour 20 ans la concession d’exploitation de la partie conventionnelle du port autonome de Conakry, les autorités militaires à la tête de la transition sont passées à la vitesse supérieure.
Dans la nuit du mercredi 7 septembre 2022, les responsables d’Albayrak ont été sommés d’arrêter toutes les activités. Après des tractations, le groupe reprend du service; mais pas pour longtemps. Ce lundi 12 septembre, Mustafa Levent Adali, directeur général d’Alport Conakry et le personnel de son bureau ont été sommés de quitter les lieux. Histoire de mettre une pression supplémentaire sur les autorités turques pour un retour de l’ancien président officiellement en séjour médical en Turquie. Les activités du port, elles, ne sont pas affectées pour le moment.
La Turquie ne semble pas emballée
Contrairement aux Émirats Arabes Unis, destination vers laquelle Alpha Condé était allé effectuer ses premiers soins après la chute de son régime, pays dont les intérêts sont représentés en Guinée par Guinea Alumina Corporation (GAC), filiale d’EGA, qui s’est impliquée pour son retour, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan qui compte parmi les amis de l’ancien président, traine à respecter les garanties de retour de l’ancien président déchu.
Une situation qui risque de crisper les relations entre Conakry et Ankara d’autant plus qu’Alpha Condé est sous le coup d’une procédure judiciaire pour crime de sang. Pire, la discrétion médiatique qu’il était sensé adopter a volé en éclat. Les récentes déclarations sur ses relations avec l’homme fort de Conakry dans la presse africaine et surtout la vidéo devenue virale montrant Alpha Condé en train de dialoguer avec son grand ami Denis Sassou Nguesso du Congo à Istanbul ne sont pas pour arranger les choses. Une connexion qui n’est pas du goût de Conakry.
Toutefois, un arrêt total des activités du port par les militaires risque d’avoir des répercussions économiques sérieuses dans un contexte de crises induites par la guerre en Ukraine qui impacte considérablement les chaînes d’approvisionnement. Un retrait de la concession d’Albayrak obtenue de gré à gré sous Alpha Condé n’est cependant pas exclu même si cela n’intervient pas dans l’immédiat. Les militaires au pouvoir pourraient également cibler d’autres intérêts turcs dans le pays.
La grosse interrogation, c’est de savoir si le président turc Recep Tayyip Erdogan serait prêt à sacrifier les intérêts de la Turquie pour couvrir son ami Alpha Condé alors qu’ Albayrak a investi des millions de dollars dans les infrastructures portuaires ? Wait and see.