La chronique bamakoise est alimentée ces derniers jours par des bruits sur une future coopération entre le Mali et une société privée militaire russe dénommée Wagner. L’information révélée par l’agence Reuters indique que «l’accord portait sur l’envoi d’un millier de mercenaires russes» au Mali. Wagner serait payé à 6 milliards de FCFA (environ 9,15 millions d’euros) par mois pour ses services de protection rapprochée des personnalités et de formation des forces maliennes. Des informations ni confirmées ni infirmées par les autorités maliennes.
Selon les informations, la Russie a déjà envoyé des experts spécialisés dans divers domaines sécuritaires à Bamako. Une information confirmée lors d’une conférence de presse animée le 15 septembre 2021 par Adama Ben Diarra, membre du Conseil malien de la transition (CMT). «Depuis un mois, 50 experts séjournent au Mali. Ils sont là pour étudier la situation sécuritaire avec la promesse d’en finir avec la guerre et l’insécurité djihadiste d’ici six mois. Je vous informe que ce combat se fera par une guerre asymétrique et c’est ce que les Russes viendront faire à travers la société privée militaire Wagner».
Suite à la révélation de cette affaire, le gouvernement a d’abord gardé le silence. Puis, 72 heures plus tard, le ministère malien de la Défense, Sadio Camara, a confirmé à certains médias locaux que «des pourparlers sont en cours entre le Mali et la Russie». Le ministre ne confirmant pas toutefois l’arrivée prochaine des mercenaires du groupe Wagner. Au même moment, soit le mardi 15 septembre 2021, Igor Gromyko, ambassadeur de la Russie au Mali, avait été reçu en audience par le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Rien ne filtrera de cette rencontre.
Menaces
A cette même date, la ministre allemande de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, à travers un tweet, s’est indignée et a prévenu que la conclusion éventuelle d’un tel accord «remettrait en cause» le mandat de l’armée allemande au Mali. « Si le gouvernement malien passe un tel accord avec la Russie, cela contredirait tout ce que l’Allemagne, la France, l’Union européenne et l’Onu ont fait au Mali depuis huit ans», a averti la diplomate. A son tour, la France à travers son ministre des Affaires étrangères, Jean Yves-Le Drian, a affirmé que «l’arrivée de mercenaires russes au Mali serait incompatible avec la présence militaire française dans le pays ouest-africain. C’est absolument inconciliable avec notre présence, notamment avec des partenaires sahéliens et internationaux du Mali». Et le 16 septembre 2021, soit 24 heures après cette déclaration, Paris a annoncé la mort d’un célèbre djihadiste dans la localité de Menaka au Mali. En effet, annonce Florence Parly, à la tête du ministère des Armées françaises, le djihadiste Adna Abou walid Al-Saharoui a été éliminé par une frappe du drone MQ-9 Reaper.
Pourtant, les médias maliens et d’autres lanceurs d’alerte ont annoncé la mort de ce djihadiste depuis le 18 août dernier dans la zone de Menaka. Pourquoi la France attendra jusqu’à la veille de l’arrivée des Russes au Mali, soit un mois plus tard, pour confirmer la mort de ce terroriste redoutable s’il en est ? Cette crise ouverte entre la junte au pouvoir au Mali et Paris résulterait-il du résultat mitigé de l’intervention des forces françaises et internationales au Mali depuis 2013 ou, de la part des militaires, d’une volonté de vérouiller le pouvoir ? Quid alors de l’armée malienne, les FAMA, qui ont exécuté trois à quatre coup d’Etat depuis 2012 sans parvenir jusque-là à remettre pied à Kidal ?