Après que le Quai d’Orsay tout comme l’Union Européenne aient émis de sérieux doutes sur « la crédibilité des résultats » du scrutin présidentiel du 18 octobre 2020 qui donne, selon la commission électorale guinéenne, Alpha Condé vainqueur, Emmanuel Macron en rajoute une couche.
Dans un entretien à ‘Jeune Afrique’ paru ce vendredi 20 novembre, le président français s’est largement exprimé sur les relations franco-africaines. Emmanuel Macron est particulièrement sorti des « bons protocoles » diplomatiques pour réitérer avec des mots forts l’opposition de la France à un troisième mandat du président guinéen. Pour cela, il n’y va pas par quatre chemins.
« Je pense que la situation est grave en Guinée pour sa jeunesse, pour sa vitalité démocratique et pour son avancée », a déclaré le président français. Poursuivant, Emmanuel Macron a laissé entendre que le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. « D’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations », a justifié le président Français.
Cette posture intransigeante qui tranche avec les premières années de la gouvernance Condé dans ses rapports avec la France, sonne comme une rupture brutale avec « l’attentisme » ou la diplomatie « soft » dont la France a jusque-là fait preuve vis-à-vis de la Guinée.
Cela pourrait par ailleurs s’expliquer par les innombrables atteintes aux droits de l’homme dénoncées par les organisations internationales des droits humains qui ont recensé depuis dix ans, des centaines de tueries, des arrestations arbitraires, et un recul significatif de la démocratie.
Le Front national pour la défense de la constitution guinéenne (FNDC) et le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, ont salué l’intervention du président français et appelé à la prise de mesures concrètes. « Le FNDC demande également aux États de l’UE de prendre des sanctions ciblées contre des responsables politiques et des forces de défense et de sécurité impliqués dans les atrocités commises contre les populations civiles », a-t-il indiqué dans une déclaration.