Coup de tonnerre. Le procureur anti-corruption du Ghana, Martin Alamisi Burnes Kaiser Amidu, a transmis sa lettre de démissionné au président du Ghana, le lundi 16 novembre 2020
En effet, le procureur anti-corruption, accuse ouvertement le chef de l’Etat Ghanéen Nana Akufo-Addo « d’ingérence politique » dans la bonne marche de son travail en empiétant à ses prérogatives d’indépendance dévolues par la loi. Cette démission tombe qui plus est à trois semaines de la tenue de l’élection présidentielle.
Le procureur démissionnaire a affirmé avec grandiloquence qu’il restait convaincu « qu’il n’était plus en mesure d’exercer en toute indépendance » son travail, dans une lettre de démission adressée au président et rendue publique. Il s’est exclamé en ces termes : « Vous avez, à tort, pensé que je pourrais exercer ma fonction de procureur spécial anti-corruption comme votre caniche », écrit-il dans sa lettre.
M. Amidu accuse entre autres le président Nana Akufo Ado d’avoir tenté de lui faire enterrer un rapport explosif concernant une société offshore créée par le gouvernement pour gérer les redevances minières du pays, premier producteur d’or en Afrique. Il accuse également le chef de l’Etat d’essayer d’être « juge et partie » alors que le rapport pointe des pratiques négatives dans la lutte contre la corruption au sein de la présidence.
La démission de M. Amidu intervient en pleine période de campagne électorale en prélude à la tenue de l’élection présidentielle du 7 décembre prochain. L’actuel président Nana Akufo-Addo, candidat à sa réélection, affrontera l’ancien chef d’Etat John Mahama du parti de feu le président Rawlings dans un scrutin qui s’annonce très serré. La présidence Ghanéenne n’a pas encore réagi à ces accusations, nous avons tenté en vain de joindre le directeur de cabinet du chef de l’Etat. Cependant l’exécutif Ghanéen a récemment affirmé qu’il agissait de façon transparente dans les dossiers susmentionnés par le procureur anti-corruption dans son réquisitoire.
La nomination de M. Martin Amidu par le président Akufo-Addo en février 2018 avait retenti comme la fin de la récréation au Ghana. Un pays considéré un modèle de gouvernance politique et économique dans la région mais miné par une corruption endémique. Le procureur anti-corruption à la tâche ardue d’enquêter sur tous les faits de corruption liés au fonctionnement des activités publiques en produisant régulièrement un rapport en toute indépendance.
Le rapport sur la société offshore a finalement été publié il y a deux semaines et le gouvernement a annoncé qu’il retardait l’entrée en bourse de cette société au lendemain de la présidentielle. Cette société devait entrer à la Bourse de Londres en septembre et devrait permettre à posteriori de lever 500 millions de dollars (421 millions d’euros). Mais son introduction sur les marchés a été suspendue après que des organisations de la société civile aient dénoncé des risques de corruption.
Pour les autorités, ce projet de vente devrait aider financièrement le Ghana a faire face à la crise économique provoquée par la pandémie du coronavirus. En 2019, le Ghana a été classé 80e sur 180 dans l’index sur la perception de la corruption établi par l’ONG Transparency International. Selon une enquête de cette ONG, un tiers des usagers du service public ont affirmé avoir payé des pots-de-vin cette année-là.
Le baromètre de lutte contre la corruption au Ghana depuis la nomination de Martin Amidu avait connu une déclinaison selon plusieurs sources de la société civile nonobstant les injonctions actives et passives du politique ,le procureur est demeuré droit de ses bottes .Ne se sentant plus en même de mener de façon indépendante sa mission dans les circonstances mentionnées ci-dessus, le monsieur propre du Ghana n’est pas allé par quatre chemins pour abréger son mandat à travers une lettre de démission.