Par Cedric M., analyste de marché.
C’est ce lundi 08 Avril 2019, à la Maison de l’entreprise de Côte d’Ivoire, un emplacement hautement symbolique, que les associés de Southbridge Partner (Lionel Zinsou & Dr Donald Kaberuka) ont organisés le «coming out» officiel du bureau d’Abidjan de SOUTHBDRIDGE PARTNERS.
En effet, Southbridge a été créé selon Dr. Kaberuka par la vision de faire des «champions nationaux», des entreprises nationales capables d’absorber le trafic d’investissement disponible dans le monde. Southbridge se veut donc être au Sud, un «pont» entre les entrepreneurs, les Etats, les projets du Sud, afin de contribuer au développement du continent et à la coopération Sud-Sud.
La cérémonie a été parrainée par le Premier Ministre de la Côte d’Ivoire, représenté par le Ministre du Pétrole et de l’Energie, S.E. ABDOURAHMANE CISSE, mais aussi son homologue le Ministre des Transports, S.E. AMADOU KONE. Modérant le panel sur le développement de l’Afrique, Mr Charles Kié, DG de New African Capital Partners, a d’entré demandé aux panélistes, de faire l’inventaire des leviers obligatoires à l’émergence de l’Afrique et de donner la raison des faibles échanges intra-africains.
Prenant la parole, le ministre Cissé a remercié ses hôtes et traduit la fierté de l’état ivoirien d’accueillir un nouveau fleuron financier sur leur territoire. Il a ensuite rappelé que l’Etat de Côte Ivoire a enregistré une croissance moyenne de 7-8% ces cinq dernières années et a engagé des réformes visant à améliorer le climat des affaires. Le Doing Business a classé le pays parmi les 10 plus grands réformateurs au monde. Par ailleurs, le taux de pression fiscale en proportion du Produit Intérieur Bruit (PIB) s’est progressivement amélioré et atterri à environ 16% contre une norme communautaire d’au moins 20%, ce qui classe le pays parmi les plus motivés de la classe.
Le ministre ivoirien du Pétrole et de l’Energie a estimé que l’attractivité du pays pour les IDE est importante et que hormis la composante pétrole, la Côte d’Ivoire attire autant d’Investissement Direct Etrangers (IDE) que les leaders comme le Ghana ou le Nigéria. Le revenu par tête se serait aussi amélioré d’un tiers, ce qui renforce le côté social de l’action gouvernementale.
Attractivité de la Côte d’Ivoire et non réciprocité
Au niveau de la composante locale, le « local content », le gouvernement milite fortement pour que les entreprises locales puissent profiter des marchés d’envergure au moins à 30%. Le cas des projets d’Eranove sont un exemple où le gouvernement a exigé que les entreprises PME puissent sous-traiter au moins les marchés issues des projets d’Energie. Le ministre renchérit décalarant que son pays essaie d’améliorer aussi le taux de crédit à l’économie et reste ouvert à l’implantation d’entreprise et de financeurs de toutes les nationalités. Il a cependant déploré que dans la sous-région , la réciprocité de cet élan n’est pas toujours visible. Quant au ministre des transports, Il a rappelé avoir été Ministre de l’Intégration Régionale et que, observant les mouvements des populations aux frontières, il estime que l’intégration réelle doit être économique. Il a plaidé pour la naissance de plus de champions nationaux dans le pays et encouragé les entreprises à prendre leur part des marchés. Le ministre du Transport a déploré le désintérêt des entreprises nationales pour les projets d’envergure. Par exemple, explique-t-il, en ce qui concerne le projet de métro, dont il a la charge, il est observé qu’aucune entreprise ivoirienne ne s’est intéressée à compétir dans le dossier. Les seules entreprises qui ont osé venir se sont toutes fait tenir la main par un ‘partenaire’ étranger. Il estime donc que dans ces conditions, il est difficile de faire briller les champions nationaux.
Difficile de faire briller les champions nationaux …
L’ancien Premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, dans son adresse, a expliqué que le niveau actuel des échanges, entre12 et 15%, est compréhensible, même si on le trouve bas comparé à l’Europe (60%) ou à l’Asie (50%.) Le co-fondateur de Southbridge a estimé que l’Afrique vient de loin et que « les spécialisations laissées par le colonisateur n’ont pas permis d’échanger des biens entre nous ». En revanche, il explique que les flux non physique de capitaux et de services sont très présents en Afrique et surtout en Côte d’Ivoire. Ce sont ces flux qui permettent par exemple aux champions de la Côte d’ivoire d’acheter des banques ou des compagnies d’assurance partout en Afrique francophone comme anglophone. « La situation n’est donc pas aussi criarde qu’on le pense. Bien au contraire, m l’Afrique est sur la bonne lancée ».
La réciprocité dont le ministre se plaignait ne serait pas tout a fait justifié aux yeux de l’ancien patron du fonds PAI Partners. Cela, d’abord du fait que la Côte d’ivoire représente 40% de la richesse de la région et que, finalement, un entrepreneur ivoirien préfère rester sur place, sur la moitié de la richesse de la région. La tentation de courir vers l’autre moitié de la richesse, qui est disséminé dans 7 autres pays, est peu grande. Par ailleurs, les entreprises ivoiriennes sont bien implantées partout dans la région et on est aveuglé par les produits ivoiriens qui s’exportent très bien. Il faut plutôt dépasser les barrières culturelles, car les multinationales européennes ignorent nos barrières culturelles et exportent partout sur le continent.
En plus, l’Europe a dépassé les barrières culturelles en son sein, en s’intégrant de manière formidable bien qu’ayant beaucoup plus de langues et de différences culturelles que l’Afrique. Entre la Serbie, la Croatie et l’Europe continentale, il y a bien des différences de langues et de cultureles. Quant au développement de l’Afrique, il serait trop intensif en capital et peu en emploi. La construction des infrastructures y est très intensive en capital mais n’a pas trop de contenu en emploi. ‘Il faut donc investir dans des secteurs qui sont à la fois consommateurs de capitaux mais qui créent plus d’emplois », poursuit M. Zinsou.
L’éléphant tenté par l’entre-soi?
Mais, globalement l’ouverture de la Côte d’Ivoire profite d’abord au pays, qui collecte des taxes et améliore les indicateurs économiques. En revanche, la réciprocité est visible car les produits d’exportations de la Côte d’ivoire sont bien accueillis, et les entreprises ivoiriennes se réjouissent de leur expansion régionale. Même constat chez le Docteur Kaberuka qui estime qu’en matière d’IDE (Investissement Directe Etranger) l’Afrique est la zone où la rentabilité sur le capital et le crédit est la plus forte après l’Asie du Sud-est. Il félicite la Côte d’Ivoire qui a traversé une zone de turbulence mais qui, aujourd’hui, fait des progrès remarquables en matière de développement économique.
Pour l’ancien président de la Banque Africaine de Développement, l’Afrique doit pouvoir mettre en place des politiques macroéconomiques pour attirer les investissements et c’est ce qui a motivé la création de Southbridge Partner. Il suggère de briser les barrières non tarifaires qui empêchent l’éclosion d’une véritable union. En vue de mieux financer les infrastructures, sous sa présidence, à la Banque Africaine de Développement, Kaberuka avait initié un véhicule appelé AFRICA 50, en vue de dé-risquer les investissements en Infrastructures mais aussi pour attirer des investissements de types privés pour les infrastructures. C’est cette même dynamique qui motive la création de Southbridge qui fédère compétence financière et acteurs du secteur privé. L’économiste rwandais a poursuivi en présentant les membres du Conseil d’Administration et l’équipe dirigeante notamment :
Pour le Conseil d’Administration :
· PCA MTN Cameroun : Colin Ebarko Mukete
· PDG JANNGO : Fondatrice et PDG de Janngo
· PDG OCORIAN : Richard Arlove, Représentant le bureau Mauricien
· Associate Deans of Communications HARVARD : Thoko Moyo
Pour les dirigeants Abidjan:
· Dr Andrew Alli: Partner Group CEO
· Mr Serge Serge Thiémélé: Partner
· Mr Hamet AGUEMON: Partner
· Mr William EDIKO: Partner