Bien qu’aucune démonstration de la situation de faillite de Bureau Veritas Gabon n’ait été faite, et alors que la maison mère a dégagé 416 millions € de bénéfices nets en 2017, les dirigeants ont décidé de fermer la filiale du Gabon. .
Ainsi, la cessation d’activité a été annoncée le 30 mai 2018 par l’administrateur général du Gabon et son patron, le responsable Afrique centrale. Dès le lendemain, les entretiens individuels de licenciement ont eu lieu au mépris, avancent les représentants du personnel, du droit du travail gabonais, puisqu’elle ne respecte pas la procédure prévue pour les licenciements économiques. Les pouvoirs publics ne sont toujours pas informés de la décision de Bureau Veritas Gabon.
Les tentatives de Financial Afrik de joindre les responsables de la filiale (qui ont depuis déserté le Gabon) et du siège en France sont restées vaines. Certains sont en vacances, d’autres ne souhaitent pas répondre. Les informations concordantes font état d’une « situation financière difficile », aggravée par la redirection des contrats vers la Côte d’Ivoire et le Cameroun. La direction aurait demandé explicitement aux collaborateurs de ne pas répondre aux appels d’offres depuis le début de l’année 2018.
Dans ce qui est décrit comme une sorte d’amputation volontaire, seuls deux services, évidemment générateurs de ressources importantes, et n’utilisant que trois employés, vont poursuivre leurs activités. Il s’agit du Service Verification Of Conformity (VOC), qui emploie une personne et travaille avec le Ministère chargé du Commerce et de l’Industrie. Et du Service Marine qui emploie deux personnes et intervient dans le domaine de la certification des navires.
Les salariés licenciés se sont constitué en collectif, avec un Comité pour les représenter, et 3 consultants (juriste, syndicaliste et actuaire). Ils ont obtenu le 6 juin une réunion pour initier les négociations avec leur employeur. Ce qui a permis de s’accorder sur une négociation collective, entre les conseils de chaque partie.
Dans ce cadre, Bureau Veritas a mandaté son conseil pour « négocier et recueillir l’adhésion des employés (…) à la proposition de la société ». Le mandataire a mis un mois et demi à venir sur le territoire gabonais.
Précisons que la première proposition de Bureau Veritas était inférieure au minimum légal prévu dans le cadre d’un licenciement économique. La proposition finale de l’employeur, envoyée directement par mail à chaque salarié, met fin unilatéralement aux échanges avec les mandataires des employés. Elle fixe un ultimatum de 8 jours, avec menace de passer à un plan de licenciement économique. Or, ces propositions, indiquent les salariés, ne sont, ni plus ni moins, que ce qui sera accordé par le plan de licenciement économique.
La fermeture de la filiale Bureau Veritas du Gabon n’est pas isolée. Elle suit celle de la Guinée Équatoriale. Le groupe d’origine française, certifiée ISO 14001 et OHSAS 1801, est un leader mondial des essais, de l’inspection et de la certification. Il présentait en 2017 un chiffre d’affaires de 4,7 Mds €.