La Coalition pour la Protection du Patrimoine Génétique Africain (COPAGEN) vient de dévoiler les résultats d’une enquête exclusive sur le coton OGM du Burkina Faso.
La coalition, issue d’une multitude d’associations citoyennes et paysannes d’Afrique de l’Ouest, a enquêté auprès de 203 producteurs de coton et analysé les comptes des campagnes 2015 et 2016, pour connaître les réelles conséquences de la semence transgénique.
Ainsi, les coûts de production ne diminuent pas avec le coton Bt de la firme américaine Monsanto. Même si les dépenses d’insecticide ont diminué, le coût de la semence Monsanto est 18 fois plus élevé que la conventionnelle.
À l’hectare, l’OGM coûte 7 % plus cher à produire, mais rapporté au kilo de coton mis en vente, le surcoût est de 32 %. Le poids de la graine OGM est également plus faible que celui de la conventionnelle, or la récolte (qui mêle fibres de coton et graines) est payée au poids aux producteurs : pour une même quantité de fibres, les paysans sont donc moins rémunérés.
Les rendements n’augmentent pas avec le coton Bt : le chiffre de 30 % de rendement supérieur était annoncé par les promoteurs du Bt, mais cette fable est elle aussi démentie par les producteurs ayant participé à l’enquête.
En moyenne, lors des récoltes 2015 et 2016, le rendement OGM était de 7 % inférieur au conventionnel. La semence OGM perd de son efficacité d’année en année, une forme de « dégénérescence variétale » qui impose aux paysans et à la filière de se réapprovisionner chaque année en semences modifiées plutôt que de réutiliser les graines issues de la production.
Contrairement aux dires de Monsanto, les revenus ne s’accroissent pas avec le coton Bt. La multinationale prédisait une augmentation de 64 % des profits des producteurs. Or, avec un surcoût de production de 7 % et un rendement par hectare inférieur de 7 %, alors que le prix de vente reste identique pour les deux types de coton, les revenus diminuent de 14 % en moyenne.
Le coton Bt ne contribue donc pas à l’amélioration des conditions de vie des paysans burkinabè. Officiellement, c’était pourtant le souhait de Monsanto, une firme dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur au PIB du Burkina Faso (14 milliards contre 10,7 milliards de dollars en 2015), et dont les profits continuent d’augmenter (2 milliards de dollars en 2015).
L’étude soulève d’autres points comme l’apparition d’une résistance de la chenille ciblée par l’insecticide, ce qui force les paysans à recourir aux traitements sur une culture pourtant censée pouvoir s’en passer. Elle fait également état d’une gestion des risques désordonnée, du manque de formation et d’informations des paysans et d’une réglementation incomplète, ce qui aggrave le bilan des autorités burkinabè et de la multinationale.