Deux ans après sa constitution, le fonds Africa 50 continue d’engranger le soutien des États africains. La structure mise en place par la Banque Africaine de Développement pour combler le déficit de financement des infrastructures en Afrique estimé entre 30 à 40 milliards de dollars par an d’ici à 2025, vient de tenir ses Assemblées générales le 12 septembre à Dakar. L’occasion pour son CEO, le camerounais Alain Ebobissé, de décliner les grandes lignes de ce fonds et d’évoquer le niveau de mobilisation des financements ainsi que les projets retenus à court terme.
Deux ans après son lancement, que peut-on dire du fonds Africa 50?
Le fonds Africa 50 est maintenant en ordre de marche. Nous avons obtenu l’approbation de nos actionnaires sur notre stratégie de développement qui se focalise sur trois principaux aspects.
Premièrement, le developpement de projets pour constituer un pipeline de projets bancables prêts à recevoir des investissements.
Deuxièmement, l’investissement dans des projets développés par d’autres parties et qui ont encore besoin d’investissement.
Troisièmement, la levée des fonds notamment auprès des investisseurs institutionnels même si nous allons continuer à essayer de le faire auprès des Etats africains pour avoir tous les pays d’Afrique comme actionnaires.
Je rappelle que deux nouveaux Etats africains ont rejoint l’actionnariat d’africa 50 aujourd’hui, en marge de nos Assemblées de Dakar, ce qui fait passer le nombre de pays membres du fonds de 23 à 25. Il s’agit de la République de Guinée et la République Démocratique du Congo.
Concrètement, quel est niveau de mobilisation des fonds ?
La mobilisation de fonds a déjà commencé et il faut saluer l’engagement important des pays africains qui ont contribué à plus de 800 millions de dollars de capital engagé par africa 50. Par exemple, le Sénégal est un de nos actionnaires importants et c’est pourquoi nous sommes heureux de la présence du président Macky Sall qui a présidé la cérémonie d’ouverture de nos assemblées générales à Dakar. Nous avons également plusieurs pays africains membres. Notre vision est d’avoir tous les pays du continent dans l’actionnariat d’Africa50.
Quels sont les projets à court terme d’Africa 50?
A court terme, nous avons une série de projets sur lesquels nous travaillons en ce moment. Je dois noter qu’Africa 50 a déjà signé son premier projet qui concerne une centrale solaire de 100 mégawatt au Nigeria. Nous avons aussi entériné un accord de developpement conjoint pour une centrale de 300 mégawatt en Egypte et un contrat avec la Société Nationale d’Electricité (Senelec ) au Sénégal pour la construction d’une centrale de 120 mégawatt .
Mais, il existe également d’autres projets dans le pipeline avec d’autres pays actionnaires notamment le Cameroun où nous sommes entrain de travailler sur les approbations finales sur une centrale de plus de 400 mégawatt qui coutera plus d’un milliard de dollars. Nous avons un certain nombre de projets dans le pipeline et nous allons continuer à travailler sur ces dossiers afin de les finaliser.
Comment tous ces projets sont-ils suivis sur le plan opérationnel ?
Nous allons adopter avec Africa 50 la même démarche que celle des fonds d’investissement. En plus d cette approche, nous bénéficions du soutien des actionnaires publics avec l’objectif de créer un fort impact de developpement. Cela veut dire que nous allons avoir des techniques de suivi et de montage de projets similaires à ce qui se fait de mieux dans le monde pour les fonds d’investissement en infrastructure privé .
Personnellement, je dispose d’une forte expérience dans le domaine car j’étais le patron mondial du developpement en infrastructure au sein du groupe de la Banque Mondiale au niveau de la SFI. Je peux donc dire que j’ai une bonne connaissance de la manière dont ces projets sont suivis. Nous allons donc adopter les meilleures techniques au monde afin de faire d’Africa50 le fonds de référence des grands projets d’infrastructures.