Lundi 9 janvier. Au lendemain des mutineries qui ont gagné plusieurs villes, le président Alassane Ouattara se devait de réagir énergiquement. Trois limogeages ont été annoncés: ceux du chef d’état-major des armées, le général Soumaïla Bakayoko, du commandant suprême de la gendarmerie Gervais Kouakou Kouassi, et du chef de la police, Bredou M’Bia.
Le chef d’état-major des armées Soumaïla Bakayoko a été remplacé par le général de division Sékou Touré.
Le commandant suprême de la gendarmerie, le général Kouakou Kouassi est remplacé par le général de brigade Kouadio Kouakou.
Le directeur général de la police nationale Bredou M’Bia est remplacé par le commissaire divisionnaire Youssouf Kouyaté.
Le week end a été chaud à Abidjan. Une simple mutinerie de soldats s’est transformée en insurrection aux allures, parfois, de prise de pouvoir. Partie de Bouaké, à 300 km au Nord d’Abidjan, dans la nuit du jeudi au vendredi, la bourrasque était aux portes d’Abidjan, samedi matin. Le ministère de La Défense était aux mains des mutins. C’est dire si la grogne a épargné les symboles de la République. L’accord que le président Alassane Ouattara a présenté aux ivoiriens dans une brève allocution télévisée a été dénoncé par les mutins qui prendront en otage le ministre de La Défense. Retenu deux heures durant dans la maison du sous-préfet de Bouaké, en compagnie du Général Issiaka Traoré dit Wattao, le ministre Alain Richard Donwahi a mesuré l’ampleur de la grogne. Sa libération suivie d’une rentrée précipitée sur Abidjan montre à tout le moins que la République ne tient plus l’armée. C’est plutôt le sentiment inverse qui habite les observateurs. Les exigences pécuniaires formulées dans un rapport de force qui a tourné au désavantage des institutions démocratiques illustre la relative stabilité du pays. La Côte d’Ivoire doit définitivement trouver une solution durable à une armée mexicaine en partie née dans le maquis et nostalgique des butins et autres rançons prélevés le long des routes du Nord.
Le film des événements du samedi
-22 heures: le ministre de la Défense, Alain Richard Donwahi, a été relâché et a pu quitter Bouaké par avion. Les mutins l’avaient retenu en exigeant de savoir à quelle date « ils seront règlés » selon l’agence AFP.
-20 heures: Guillaume Soro annonce sa candidature à la présidence de l’assemblée nationale.
–19 heures: Les mutins pénètrent dans la résidence de la sous-préfecture de Bouaké et prennent en otage du ministre de la Défense, Alain Donwahi. C’était juste après le discours du président Alassane Ouattara. La prise en otage est née des divergences entre mutins. Des sources confirment que le ministre aurait été mis en lieu sûr. Les négociations des mutins sont conduites par Ouattara Issiaka de la Marine Nationale, porte-parole à ne pas confondre avec le célèbre Ouattara Issiaka dit Wattao, qui accompagnait le ministre de la Défense à Bouaké.
18 heures 30: En fin d’après midi du samedi 7 janvier, le président Alassane Ouattara de retour à l’investiture de son homologue ghanéen s’adresse à la Nation: « Je confirme mon accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à l’amélioration des conditions de vie et de travail des soldats », a annoncé Alassane Ouattara dans une brève déclaration retransmise à la télévision.
17 heures: Conseil des ministres extraordinaires au Palais présidentiel pour étudier la situation d’une mutinerie qui a éclaté dans la nuit du jeudi à vendredi à Bouaké et qui a gagné une dizaine de casernes et,depuis ce samedi, la ville d’Abidjan, capitale économique.
–-16h30: de retour à Accra où il a assisté à l’investiture du nouveau président ghanéen, le président Alassane Ouattara est accueilli par à sa descente d’avion par Soro Guillaume, président de l’Assemblée nationale et le premier ministre, Kablan Duncan.
16heures: les mutins prennent contrôle du ministère de la Défense à Abidjan.
14h30: le ministre de la Défense, Alain Donwahi, arrive à Bouaké en compagnie de Wattao.